Au moment d'évoquer sa longue carrière de 107 sélections pour l'Italie, Leonardo Ghiraldini préfère parler de la victoire de 2013 sur l'Irlande - et non des quatre Coupes du Monde de Rugby auxquelles il a participé - comme le point culminant de son temps avec le maillot des Azzurri.

Leonardo Ghiraldini se rappelle avec nostalgie de cette campagne des Six Nations, dans laquelle l'Italie a remporté deux matches pour terminer quatrième au classement, mais aussi avec le regret de ne pas avoir réussi à construire à partir de là.

Après avoir battu la France sur la première rencontre, l'équipe de Jacques Brunel était repartie de Twickenham sans encaisser d'essai contre l'Angleterre et avait gagné un point de bonus malgré la défaite avant de signer une victoire 22-15 sur l'Irlande à Rome.

« Contre l'Irlande en 2013, le dernier match des Six Nations, c'était pour moi la victoire la plus importante, encore plus que les victoires contre la France, car cela prouvait que l'Italie pouvait être compétitive sur le haut niveau », dit-il.

« Plus de la moitié de l'équipe nationale jouait pour Trévise à cette époque-là, moi y compris, et nous jouions très bien. Nous avons connu l'une des meilleures saisons depuis 10 ans. Nous avons apporté cette mentalité gagnante à l'équipe nationale. C'était aussi une très bonne équipe d'Irlande, mais nous avons joué avec confiance de la première à la dernière minute.

« Sergio Parisse a eu un carton jaune en seconde période et c'est parfois à ce moment-là que l'Italie peine à avancer... c'est un signe quand quelque chose de négatif comme ça se produit. Mais là, nous avons continué à nous battre et à jouer avec la bonne mentalité. »

Une occasion manquée

L'Italie a remporté plus de matches en 2013 que depuis et se trouve actuellement coincée sur un record de 27 rencontres perdues dans le Tournoi. Une statistique qui fait mal à un guerrier comme Ghiraldini.

« Nous avons raté une très bonne occasion d'avancer », regrette-t-il. « Les deux premières années sous Jacques Brunel ont été vraiment bonnes, mais nous n’avions pas de plan à long terme ; nous pensions à aujourd'hui et non au lendemain.

« Or, vous n'avez pas le droit de stagner dans le rugby ; vous devez essayer d'être meilleur chaque jour pour continuer à avancer. La dernière fois que nous avons gagné au Six Nations, c'était en 2015. C'est fou ! Nous devons faire plus. »

A l'automne de sa carrière

Leonardo Ghiraldini s'est remis d'une grave blessure au genou qu'il avait subie contre la France lors du dernier match des Six Nations en 2019 pour se qualifier pour une quatrième Coupe du Monde de Rugby au Japon.

Le joueur de 36 ans devait faire sa seule et dernière apparition lors du dernier match de poule contre les All Blacks mais, comme pour Sergio Parisse, un autre des huit centurions de d'Italie, le typhon Hagibis lui a refusé cette sortie par le haut.

Convaincu que sa brillante carrière ne pouvait pas se terminer de cette façon, Leonardo s'est démené pour faire partie de l'équipe pour la Coupe d'Automne des Nations 2020, quittant le banc à trois reprises pour porter son total à 107 sélections.

Le Parc y Scarlets de Llanelli a certes été désert début décembre, mais au moins le talonneur le plus capé de l'Italie a eu l'honneur de quitter le terrain après avoir tout donné encore dans les rucks et les mauls.

« J'ai travaillé très dur pour revenir. Tant de choses se sont produites ces dernières années avec mes blessures, le typhon et le Covid, mais j'ai toujours voulu revenir et jouer pour l'Italie », assure-t-il. « Je suis vraiment fier d'avoir joué pour mon pays pendant tant d'années. Même mon dernier match était comme mon premier. Chaque fois que je préparais mon sac pour partir avec la sélection nationale, j'étais fier et heureux.

« J'ai toujours tout donné pour ce maillot, sur et en dehors du terrain. Mon objectif était de faire partie d'une équipe qui gagne et de l'aider à obtenir des résultats. Mais ce n'est pas toujours facile avec l'Italie. Si vous jouez pour l'Angleterre et que vous ne jouez qu'à 80% de vos capacités, vous pouvez quand même gagner un match. Si vous jouez pour l’Irlande et même si vous ne faites pas le match parfait, vous pouvez toujours gagner un match.

« C'est pas comme ça pour l'Italie. Il faut jouer à 100% pour avoir une chance et même si vous jouez à 100%, vous perdez parfois encore par 30 points ! »

Pour l'avenir, aucun horizon n'est fermé

Après la Coupe d'Automne des Nations, Leonardo Ghiraldhini a signé pour Bordeaux-Begles qui, à ce moment-là, était dans le sommet du Top 14. Mais le Covid-19 a interrompu la saison et Ghiraldini n’a jamais pu jouer pour son nouveau club. Il réside toujours en France avec sa femme et ses deux enfants, à Toulouse, où il a été membre de l'équipe championne du Top 14 en 2019.

Titulaire d'un diplôme en économie et d'un MBA en gestion du sport, l'ancien capitaine italien de 36 ans pense qu'il a encore beaucoup à offrir dans le rugby ou en dehors.

« De toute évidence, je sais que je n'ai pas 20 ans et que je dois penser davantage à l'avenir », reconnaît-il. « Mais si une porte s'ouvre, je m'entraînerais chaque jour comme si je me préparais pour la Coupe du Monde. Je veux que le message soit clair : si on m'appelle, j'y vais à fond. »

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