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Players Matters - April 2024

AVRIL 2024

Protège-dents instrumentés

L'utilisation de protège-dents instrumentés (iMG) représente une nouvelle ère dans le domaine de la recherche sur les chocs à la tête dans le sport.  Avant ces appareils, nous comprenions les facteurs de risque de blessures à la tête en attendant que des événements tels que plaquages et rucks provoquent l'apparition de signes cliniques (c'est-à-dire de commotions cérébrales).  Cela se produit environ une fois tous les 500 plaquages et environ deux fois tous les trois matchs.  Cela signifiait que nous étudiions ce qui est, en fait, un événement assez rare.

Ce que les iMG permettent, c'est que chaque événement « compte ».  Chaque fois qu'il y a une accélération de la tête, que ce soit dans un plaquage, une course avec le ballon, un ruck, une mêlée, une touche ou un maul, l'iMG la mesure, et nous pouvons donc commencer à regarder quels facteurs sont responsables des facteurs plus élevés, lorsque l'accélération de la tête présente également des signes cliniques et que les joueurs sont commotionnés, et quelle est la « charge de tête » totale d'un joueur dans un match, une saison et même une carrière.  L'échantillon à analyser a augmenté, passant de deux événements tous les trois matchs à environ trois mille événements tous les trois matchs. Les bénéfices pour la santé des joueurs de ces appareils sont énormes.

La première application des appareils a été de les intégrer dans le processus d'Evaluation des blessures à la tête (HIA) dans notre sport.  Nous ne saurions trop insister sur le fait que cela n'avait pas pour but d'aider les médecins d'équipe et du match à diagnostiquer une commotion cérébrale – ce serait, à ce stade précoce, une portée excessive de la technologie.  Au lieu de cela, nous avons décidé que l'iMG pourrait devenir, en fait, une deuxième paire d'yeux, une technologie qui nous aiderait à identifier quand un joueur avait vécu un événement d'accélération de la tête très important sans présentation de signes cliniques, pour qu’ensuite ce joueur soit évalué par son médecin d'équipe.

Pour parvenir à cela, nous avons identifié des seuils d'accélération linéaire et angulaire maximale, en utilisant trois ans de données dans le rugby d'élite masculin et féminin.  Ces seuils, fixés à 75g pour les accélérations linéaires et à 4500 rad/s2 pour les accélérations angulaires dans le rugby masculin, correspondaient à ce que nous estimions se produire à un taux de 1 pour 1000 impacts, et à raison d'environ un par match.  En d'autres termes, lorsqu'un joueur subissait une accélération de la tête au-dessus de ces seuils, il venait de subir un 1 événement sur 1000, ce qui, selon nous, devrait être évalué par les médecins de match et de l'équipe à ce moment-là, et dans les jours qui ont suivi le match.

Cela a été réalisé pour la première fois lors des compétitions féminines WXV l'année dernière, puis dans le cadre du Tournoi des Six Nations masculin en février dernier, suivi peu après par le Super Rugby Pacific et Aupiki.  Il est juste de dire que le déploiement n'a pas été sans défis, mais nous sommes également très satisfaits de la façon dont cela a été réalisé et des bénéfices que cette utilisation apporte à nos initiatives en faveur de la santé des joueurs.

D'une part, rien que dans les Six Nations, nous avons maintenant plus de 15 000 accélérations de la tête avec lesquelles travailler.  Nous en sommes à cinq journées du Super Rugby Pacific, et cela nous a permis de collecter 30 000 accélérations de la tête supplémentaires.  Comme on pouvait s'y attendre, il s'agit d'une mine d'or de données que nous allons maintenant commencer à analyser en vue de comprendre les chocs à la tête, afin de les prévenir.

Mon équipe et moi-même avons suivi ces événements d’accélération et les résultats cliniques tout au long des compétition.  La figure ci-dessus montre les événements enregistrés lors d’un week-end du Tournoi des Six Nations, chaque impact étant identifié par son accélération linéaire maximale (PLA, axe X) et son accélération angulaire maximale (PAA, axe Y).

Les lignes pointillées indiquent les seuils mentionnés ci-dessus à 75g et 4500 rad/s2, au-dessus desquels le joueur a été sorti du terrain pour effectuer une évaluation HIA1.  Dans ce tournoi qui compte 15 matchs, cela s'est produit 13 fois, une fois toutes les 1200 accélérations de tête.  En Super Rugby Pacific, cela s'est produit 26 fois en 30 matchs, tous les 935 impacts.

 

Pour l'instant, comme nous l'avons mentionné, nous voulons éviter de plonger trop profondément dans les performances diagnostiques de l'iMG dans le cadre du processus HIA, car l'iMG n'est pas destiné à diagnostiquer une commotion cérébrale.  Cependant, nous sommes prudemment optimistes quant à la valeur réelle qu'il ajoute déjà au processus HIA.  Entre le Tournoi des Six Nations et le Super Rugby, nous avons identifié un certain nombre de commotions cérébrales chez des joueurs qui n’ont pas présenté de signes cliniques au moment de l'impact à la tête, et qui auraient pu, sans l'alerte signalée par l’iMG, continuer de jouer et ne jamais être diagnostiqués. 

Des joueurs ont également été sortis du jeu après une évaluation HIA1, effectuée uniquement sur la base d'une alerte iMG.  Nous pensons que cela est prudent et nécessaire.  Auparavant, nous aurions dû compter sur le fait que ces joueurs présentaient des symptômes après le match.  Dans tous les cas, notre capacité à identifier ces cas beaucoup plus tôt est un progrès en matière de santé des joueurs.

Comme nous l'avons mentionné, l'intégration de l’utilisation de ces protège-dents dans le cadre de nouvelles compétitions se poursuit à un rythme soutenu, avec le Tournoi des Six Nations féminin dans deux semaines et la Major League Rugby aux États-Unis, qui en est à sa cinquième journée.   Les premiers travaux d'analyse de ces dizaines de milliers d'impacts à la tête ont également commencé.

Je tiens également à souligner une leçon très importante que nous avons apprise lors du déploiement de l'iMG dans le cadre du processus HIA, car c'est quelque chose que nous devons constamment garder à l'esprit. Notre intention concerne évidemment la santé des joueurs, mais nous reconnaissons et respectons le fait qu'une initiative comme celle-ci aura un impact réel sur les joueurs, car l'alerte iMG est un signal pour faire sortir un joueur pour qu’il se fasse évalué, et donc peut-être pour le reste du match.  C'est pourquoi nous avons choisi que les seuils soient aussi élevés qu'ils le sont – s'ils sont plus bas, nous risquerions de perturber excessivement le match, d'aliéner les entraîneurs et les joueurs et d’entamer la confiance dans le domaine de la santé des joueurs.

Cela signifie également que nous devons respecter la voix des joueurs et des entraîneurs lorsqu'ils nous font part de leurs commentaires.  Ces personnes peuvent soutenir pleinement les outils et les interventions en matière de santé des joueurs, mais elles ont également une motivation dictée par la performance et la volonté d'avoir leurs meilleurs joueurs sur le terrain (entraîneurs) et de continuer à jouer (joueurs).  Par respect pour eux, nous ne pouvons pas être blasés ou excessifs dans notre utilisation de tels outils.

Le principe établissant qu’un joueur faisant l’objet d’une alerte iMG serait instantanément vu par le médecin de match (MDD), qui demanderait ensuite que ce joueur soit sorti pour un HIA1 est un exemple de cette approche.  Mais, pour des raisons techniques liées à la transmission du signal Bluetooth de l'iMG vers l'iPad du MDD, cela a parfois été retardé.  Cela a conduit, ce qui est compréhensible, à une certaine confusion et, finalement, à une méfiance à l'égard de l'iMG de la part des joueurs et des entraîneurs.

Nous avons entendu ces préoccupations et avons tenu un certain nombre de réunions très honnêtes, franches et, en fin de compte, constructives, qui ont débouché sur un changement dans le processus d'évaluation déclenché par une alerte iMG.  Au lieu qu’un joueur sorte pour effectuer une HIA1 à chaque alerte iMG, un compromis a été trouvé par le biais duquel ces joueurs seraient évalués par leur médecin sur le terrain, et si le joueur semblait normal, l'évaluation HIA1 pourrait être retardée jusqu'à la mi-temps ou la fin du match. Il s'agit là d'un changement qui a été convenu avec notre Groupe de travail indépendant sur les commotions cérébrales, et qui visait à alléger la pression sur les médecins de match et d'équipe, et en vue d’une meilleure conformité ainsi qu’une plus grande confiance dans le système.

Nous sommes toujours conscients que nos interventions en faveur de la santé dépendent d'une mise en œuvre efficace, ce qui nécessite que nos principales parties prenantes – entraîneurs, joueurs et médecins d'équipes – soient pleinement impliquées.  De précieuses leçons ont été apprises au cours des deux premiers mois de ce projet, et nous souhaitons en tirer beaucoup d'autres, car la récompense et les avantages potentiels sont trop importants pour que nous tolérions l'échec et le rejet de cet outil inestimable.

Services pour la Santé cérébrale

Nous sommes ravis d'annoncer le lancement des Services pour la Santé du cerveau de World Rugby en partenariat avec les associations de joueurs RPI (Rugby Players Ireland) et RUPA (Rugby Union Players Australia). Ce service novateur est maintenant disponible en Irlande et en Australie, offrant aux joueurs professionnels à la retraite un processus de dépistage complet conçu pour promouvoir la santé du cerveau et leur bien-être en général. 

Ces Services pour la Santé du cerveau comportent trois étapes distinctes :

Première étape. Questionnaire d'auto-évaluation : Les joueurs remplissent un questionnaire détaillé couvrant divers aspects de leur vie, y compris les antécédents médicaux, l’historique de leur participation sportive, les habitudes quotidiennes et pour le dépistage de problèmes d'anxiété et de dépression.

Deuxième étape. Évaluation cognitive : À la suite du questionnaire, les joueurs sont mis en rapport avec un praticien de la santé du cerveau formé dans leur pays qui les accompagnera dans le cadre d’une évaluation cognitive en ligne comprenant 11 tests pour évaluer la cognition et la fonction de mémoire.

Troisième étape. Rapport et recommandations : Une fois rempli, le rapport du joueur est envoyé à son médecin généraliste/de famille désigné pour un examen et des recommandations supplémentaires ou être orienté vers un spécialiste.

De plus, il est important de noter que les Services pour la Santé du cerveau servent d'outil éducatif, fournissant aux joueurs des informations précieuses sur leur santé globale au-delà de la simple cognition. En évaluant divers aspects de leur bien-être, ce service a pour objectif de permettre aux joueurs de prendre des mesures proactives pour optimiser la santé de leur cerveau et leur qualité de vie de manière globale.

Au cours des prochains mois, notre objectif est d'étendre la portée de ces services à d'autres pays et de promouvoir leur utilisation pour soutenir les joueurs retraités. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur ces Services pour la Santé du cerveau ou explorer la possibilité de les mettre en œuvre dans leur région, veuillez entrer en contact avec Deirdre Keating à l'adresse suivante : deirdre.keating@worldrugby.org

 

Symposium sur la Santé des joueurs

Nous avons récemment conclu une série de webinaires en ligne au début du mois d'avril, couvrant des sujets tels que la Forme du jeu, les Protège-dents à puce, la dialectique Sécurité v Spectacle, les Directives sur la chaleur et les Services pour la Santé du cerveau. Toutes les présentations et tous les enregistrements sont maintenant accessibles sur le site Web dédié à la Santé des joueurs, à l'adresse suivante :  https://www.world.rugby/the-game/player-welfare/conferences/player-welfare/pwls-2024

Merci pour la lecture

Prof Éanna Falvey