Sarah Abd Elbaki parle du rugby comme d’un « refuge », un sanctuaire qui l’éloigne de la crise syrienne, dans lequel elle a pu s’épanouir, grandir en confiance à la fois en tant que joueuse et en tant que personne.

Cela fait maintenant trois ans et demi que Sarah a touché un ballon de rugby pour la première fois. Et depuis ce moment-là, elle assure avoir réalisé plus de choses dans sa vie que jamais auparavant.

Sur le terrain, elle a été capitaine de l’équipe de Syrie, a été entraîneure adjointe de l’équipe nationale masculine et est devenue la première femme à arbitrer un match national de rugby à XV.

Ce n’est pas une surprise de savoir que Sarah Abd Elbaki aime partager sa passion avec les autres. Elle a pris en main le développement du rugby féminin en Syrie et, début mars 2021, est devenue l’une des douze femmes à recevoir une Bourse de leadership octroyée par World Rugby.

« Avant que je ne découvre le rugby, j’étais une toute autre personne », confie-t-elle à World Rugby. « Le rugby m’a poussée hors de ma zone de confort, il m’a rendue plus forte et il a fait de moi non seulement une meilleure joueuse ou une meilleure entraîneure, mais aussi une meilleure personne.

« Il a affecté ma vie personnelle à bien des égards. Je crois que c’est un sport qui change la vie et c’est pour ça que je veux pousser plus de femmes à pratiquer parce que j’aimerais que le rugby ait sur elles le même impact qu’il a eu sur moi.

« Le rugby m’a beaucoup aidée à traverser des moments difficiles de ma vie. Vous savez, ce que l’on vit en ce moment en Syrie… J’ai vécu ça de l’intérieur. C’étaient des moments difficiles. Très difficiles. J’ai très mal vécu tout ça.

« Rien n’allait autour de moi et le rugby a été mon refuge, un moyen d’échapper à tout ça. Lorsque je suis sur le terrain, j’oublie tout. »

Accompagner les femmes vers le rugby

N’ayant pas eu la chance d’avoir de modèles de femmes à regarder lorsqu’elle a découvert le rugby, Sarah Abd Elbaki veut devenir cette personne pour les femmes à travers la Syrie, mais aussi dans tout le Moyen-Orient et en Asie.

« J’aimerais être dans un endroit qui me permette d’accompagner plus de femmes vers le rugby », dit-elle. « Ça, c’est mon but ultime. Faire grandir le rugby féminin. J’aimerais que les femmes puissent avoir plus de chances, qu’elles puissent arriver à une sorte de parité même dans ce sport, qu’elles gagnent le droit de jouer sans que quiconque leur dise qu’elles ne sont pas assez douées. »


Sarah Abd Elbaki partage son temps entre la pratique, l’entraînement, l’arbitrage et le développement. Et elle le reconnaît : « ça ne va pas être facile » de tout faire tenir dans son agenda au cours des 12-18 prochains mois.

Elle avait déjà candidaté pour cette bourse en 2020 et elle sait trop bien ce que celle-ci peut lui apporter, que ce soit en termes de développement personnel, de son implication dans le programme et de compétences qu’elle peut acquérir pour faire carrière.

« C’est génial », dit-elle. « C’est ce que j’ai toujours voulu avoir pour m’apporter une connaissance rugbystique plus approfondie, pour travailler sur mes skills et me donner plus d’expérience. Et World Rugby m’a donnée cette chance d’y parvenir.

« Je veux travailler davantage sur moi-même, me former de manière professionnelle, apprendre encore plus. C’est pour toutes ces raisons que j’ai postulé à cette bourse, pour que je puisse m’investir pleinement pour faire grandir ce sport dans ma région, mais aussi en Asie et dans le reste du monde. »

« Les défis ? On y travaille… »

Sarah Abd Elbaki a déjà eu une certaine influence sur le rugby féminin en Syrie. Elle avoue d’ailleurs que le parcours de l’équipe féminine sur le dernier Arab Women’s Sevens en Egypte n’a fait que braquer les projecteurs sur la discipline. Sarah était alors capitaine et la Syrie avait terminé deuxième de ce tournoi à Alexandrie.

« Notre réussite a, en quelque sorte, mis le rugby à l’honneur, en particulier le rugby féminin », dit-elle. « C’est encore mieux maintenant car de plus en plus de femmes ont remarqué ce sport, veulent y jouer et veulent en savoir plus. Ça va de mieux en mieux, mais nous sommes loin d’être arrivées. »

Les défis auxquels Sarah fait référence sont notamment la couverture médiatique et le sponsoring, mais aussi le recrutement d’autres joueuses. « Les convaincre que le rugby n’est pas qu’un sport de mecs est compliqué », admet-elle.

« Mais on y travaille en organisant plus de tournois, en donnant plus d’entraînements, en formant plus de femmes à l’entraînement et à l’arbitrage. Parce que c’est dur, on doit y travailler encore plus… »

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