Mardi 8 mars, World Rugby célébrera à nouveau la Journée Internationale du Droit des Femmes avec le prolongement de son programme de bourses d'études pour les dirigeantes.

Conçue pour aider ses bénéficiaires à prendre place au sein d’un conseil d'administration, la bourse est également devenue un réseau mondial qui aide les femmes dirigeantes à progresser et à s'épanouir dans le rugby.

Les anciennes bénéficiaires ont occupé des postes de direction au niveau local, national et régional et les connaissances acquises en cours de route ont été transmises aux suivantes.

« Lorsque nous nous réunissons au niveau international, j'ai tendance à me tenir en retrait, un peu impressionnée », a récemment déclaré Annabel Kehoe, lauréate de 2021, à World Rugby.

« Il y a beaucoup de personnes qui font un travail fantastique dans leur pays ou leur région. »

Nahid Biyarjomandi est l'une de ces femmes. En janvier, la lauréate 2021, qui a également participé à la campagne « Try And Stop Us » de World Rugby il y a trois ans, a été nommée à l'unanimité présidente du Comité pour la parité hommes-femmes d'Asia Rugby.

Membre du conseil d'administration d'Iran Rugby, Biyarjomandi a été recommandée pour ce rôle par celle qui l'a précédée, Ada Milby, membre du Conseil de World Rugby qui a fait partie du tout premier programme de bourses d'études en 2018.

« Ça a été un honneur de constater la croissance du rugby féminin d'année en année en Asie et de voir de grandes étapes franchies avec des changements dans les statuts, un nombre record de présidentes de fédération et un solide réseau de femmes toutes passionnées par la croissance du rugby dans leurs communautés », a indiqué Milby.

« Je suis ravie de passer le flambeau à Nahid qui continuera à faire évoluer le Comité pour la parité hommes-femmes, en explorant d'autres moyens de lever les obstacles pour rendre le rugby plus accessible à tous. »

Ailleurs en Asie, la lauréate de 2021, Sarah Abd Elbaki, continue elle aussi de faire tomber les barrières pour les joueuses de rugby, les arbitres, les entraîneures et les administratrices en Syrie.

Viengsamai Souksavanh, qui a rejoint le programme un an plus tôt, est actuellement directrice générale de la Fédération laotienne de rugby et s'efforce de « rendre l'environnement plus favorable » aux femmes et aux jeunes filles qui souhaitent pratiquer ce sport dans le pays.

« UN MÉLANGE D'IDÉES ET DE PERSONNES MERVEILLEUSES »

En Afrique, Maha Zaoui - qui a reçu la bourse d'études en 2018 - a été nommée responsable du rugby féminin à Rugby Afrique deux ans plus tard et a profité de cette fonction pour aider à dénicher une nouvelle génération de dirigeantes.

Maha Zaoui et Rugby Afrique ont depuis lancé un nouveau programme de formation en gestion sportive en septembre dernier, un cursus en ligne conçu pour piloter des projets de développement du rugby féminin sur le terrain dans les nations participantes.

« L'idée est que si tout le monde travaille dans sa fédération, le rugby féminin en Afrique peut se développer conjointement », avait alors expliqué Maha Zaoui à World Rugby.

Peris Mukoko, qui fait partie du groupe de boursières de 2021, a été reconnaissante du soutien de Zaoui, qui a conseillé la Kenyane tout au long du processus de candidature alors qu'elle se consacrait à la parentalité.

Mukoko a été motivée par le travail et les réalisations des précédentes boursières, à tel point qu'elle a lancé une campagne pour devenir vice-présidente de la Fédération de rugby du Kenya.

Elle a affirmé : « Les réseaux aident effectivement parce que vous êtes en mesure de recevoir... si ce n'est pas un mentor, il y a quelqu'un qui vous encourage. Si ce n'est pas quelqu'un qui vous encourage, il y a quelqu'un qui travaille avec vous.

« Si ce n'est pas quelqu'un qui travaille avec vous, c'est quelqu'un qui est confronté aux mêmes défis que nous au Kenya et qui vous demande : "Mais comment pouvez-vous vous en sortir ?

« Ainsi, le réseau des femmes dirigeantes est en fait un mélange d'idées et de personnes merveilleuses dont je m'inspire aussi beaucoup. »

UN RÉSEAU MONDIAL

De telles histoires se répètent dans le monde entier. Lorsque les Fidji ont remporté une médaille de bronze historique aux Jeux olympiques de Tokyo en juillet dernier, une membre méconnue de l'équipe était une bénéficiaire de la bourse d'études 2019.

La manager de l'équipe, Vela Naucukidi, avait déclaré avec confiance à World Rugby avant de partir pour le Japon que le « but des Fidji est de monter sur le podium » et cela s'est effectivement produit puisque l'équipe est devenue la toute première équipe féminine médaillée aux Jeux.

Cinq ans plus tôt, aux Jeux de Rio, Marjorie Enya travaillait comme responsable des services pour le rugby à sept.

Enya a ensuite été l'une des premières bénéficiaires de la bourse d'études en 2018 et sa carrière dans l'administration est dès lors montée en flèche, devenant membre du conseil d'administration de la Confederação Brasileira de Rugby et représentante de Sudamérica Rugby au Conseil de World Rugby.

« J'ai vu ce que le rugby peut apporter aux femmes pour les femmes », confiait Enya à World Rugby en 2018. « J'ai vu le niveau de confiance, de solidarité, d'amitié et de loyauté, tout ce genre de choses. Je n'avais jamais rien vu de tel avant le rugby. »

En Europe, la récipiendaire de 2021, Rebecca Davies, est entrée dans l'histoire en étant cooptée au conseil de la Rugby Football Union. Cette femme de 51 ans est récemment revenue sur le terrain en tant qu'arbitre.

« J'ai décidé de me lancer un défi et de découvrir si je pouvais encore faire ce travail et aussi d'essayer de contribuer à répondre à l'appel désespéré de recruter plus d'officiels de match », raconte Davies.

« Ma récompense, ce sont les visages souriants des joueuses et des entraîneures qui sont entrées dans l'esprit du jeu et ont simplement laissé le rugby se dérouler... nous nous sommes amusés ! »

L'ancienne internationale canadienne et récipiendaire de la bourse 2018, le Dr Araba Chintoh, a quant à elle été nommée présidente du Groupe de pilotage pour la santé des joueuses de World Rugby en novembre dernier.

Le réseau fourni par la bourse d'études a été une grande source de soutien et d'inspiration pour Chintoh.

Elle a précisé : « Nous nous réunissons, tous les trimestres, lors de sessions Zoom, et nous partageons nos expériences, nous partageons nos projets personnels, et nous entendons parler de ce qui se passe dans le monde - nous nous trouvons littéralement aux quatre coins du monde.

« Cette communauté m'a donc confortée dans l'idée que si j'aide à prendre une décision sur quelque chose, cela aura un impact sur mon amie en Iran, au Laos ou en Autriche.

« La bourse m'a donné accès à une communauté mondiale dans le domaine du rugby, ainsi qu'à la capacité et à la légitimité nécessaire pour diriger. »

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