Annabel Kehoe a été quelque peu surprise par le nombre de personnes qui l'ont contactée depuis l'annonce de son départ de la British Columbia Rugby Union (BC Rugby) en juin.

Après avoir occupé pendant près de sept années le poste de directrice générale de l'organisation, Annabel Kehoe et son compagnon ont pris la décision de rentrer en Australie avec leur petite fille le mois dernier.

Annabel Kehoe, la première femme à occuper le poste de directrice générale en 133 ans d'histoire de BC Rugby, gardera un bon souvenir de son passage à la tête de l'organisation.

Avant le déclenchement de la pandémie de Covid-19, elle avait contribué à faire passer le nombre de membres de BC Rugby au-delà de 8 000 pour la première fois. Puis durant cette période, elle a élaboré la stratégie de « retour au rugby » qui a permis à ce sport de retrouver une certaine normalité au Canada.

« Ça a été vraiment très agréable. Beaucoup de gens nous ont contactés et nous ont témoigné des choses très gentilles, ce que je ne reçois pas habituellement dans mon travail car j'ai en général des différends à résoudre », confie Kehoe à World Rugby.

« J'ai toujours la tête dans le guidon parce qu'il y a encore tellement de choses que je veux faire, dans le peu de temps qu'il me reste ici, pour l'organisation.

« Je suis là encore pour trois mois et je veux laisser l'organisation dans la meilleure situation possible. »

Un résultat positif

L'amour du rugby a été inculqué à Annabel Kehoe et à ses sœurs dès leur plus jeune âge, car elles ont grandi en Australie avec un père passionné de sport.

Lorsque la Coupe du Monde de Rugby s'est déroulée dans le pays en 2003, Annabel, alors étudiante à court d'argent à l'époque, a trouvé un job au Suncorp Stadium afin de pouvoir regarder autant de matchs que possible.

« Je n'avais pas les moyens d'aller voir la Coupe du Monde de Rugby, alors c'est comme ça que j'ai vu les matchs, depuis le kiosque où je travaillais », raconte-t-elle.

Après avoir terminé ses études à l'université du Queensland, la carrière de Kehoe l'a amenée à parcourir le monde, d'abord à Londres, où elle a travaillé pour British Swimming, British Rowing et Women in Sport, puis au Canada.

Kehoe avait initialement déménagé en Amérique du Nord pour un emploi chez Rowing Canada Aviron, mais à la suite d'un déplacement pour assister à la finale 2015 de la World Rugby Pacific Nations Cup, elle a découvert la culture du rugby qui existait dans le pays.

« C'était la première fois que je prenais vraiment conscience de l'ampleur du rugby qui existait ici au Canada et plus particulièrement en Colombie-Britannique », affirme-t-elle.

Peu de temps après, Kehoe a repéré le poste de directeur général de BC Rugby dans une annonce et n'a pas hésité à postuler.

Elle reconnaît qu'il lui a fallu du temps pour s'adapter au fait d'être l'une des rares femmes dans la salle du conseil, surtout lorsque les débats et les réunions importantes se déroulaient en dehors des canaux officiels.

« Ces réunions d'après-réunion pouvaient avoir lieu jusqu'à 1 heure ou 2 heures du matin, alors j'ai compris que je devais tenir bon et je voulais m'assurer que j'étais toujours présente lors de ces débats supplémentaires », dit-elle.

« Mais, dans l'ensemble, j'ai eu la chance d'être soutenue par des mentors et des administrateurs fantastiques, hommes et femmes.

« Je pense que, localement, j'ai surtout été capable de m'accrocher et de faire le travail.

« Oui, j'étais jeune. Oui, j'étais une femme. Oui, j'avais un accent. Ce qui fait que pour certains, je portais en moi trois points faibles. Mais je savais ce que je faisais.

« J'ai pu fixer des objectifs très clairs sur ce que nous voulions réaliser au sein de BC Rugby, puis travailler avec le staff et la communauté pour atteindre ces objectifs. »

Un réseau de bourses d'études

C'est suite à sa réussite en présidant le groupe de travail national sur le retour au rugby au Canada que Kehoe a été convaincue de postuler pour la Bourse World Rugby à destination des dirigeantes.

En mars dernier, elle a été choisie comme l'une des 12 bénéficiaires de la bourse pour 2021 et le programme lui a apporté plus qu'un simple financement.

Il lui a donné accès à un réseau de femmes dirigeantes à travers le Canada, l'Amérique du Nord et le monde sur lequel elle peut s'appuyer pour obtenir des conseils et un appui.

« Lorsque nous nous réunissons au niveau international, j'ai tendance à rester en retrait, un peu impressionnée », indique Annabel Kehoe.

« Il y a beaucoup de gens qui font un travail fantastique dans leur pays ou dans leur région. »

Ses homologues canadiennes, le Dr Araba Chintoh et Meaghan Howat, ont toutes deux été une source d'encouragement privilégiée au cours des 12 derniers mois.

« Lorsque j'ai rencontré Roo (Chintoh) pour la première fois, elle m'a tout de suite impressionnée. Elle s'exprimait avec tant d'aisance et de passion, tout en restant calme et passionnée, et elle était si perspicace. Je l'admire tout simplement », raconte Kehoe.

« Meaghan et moi nous parlons assez régulièrement. Nous sommes toutes les deux de jeunes mères qui cherchent à comprendre comment tout ça fonctionne.

« D'un point de vue personnel et professionnel, c'était vraiment génial pour moi de discuter avec des mères qui sont si ambitieuses sur le plan professionnel et qui essaient de comprendre comment elles parviennent à concilier tout cela d'un point de vue pratique, car il n'y a toujours que 24 heures dans une journée.

« J'ai trouvé cela merveilleusement utile, ainsi que le niveau de débat que nous sommes en mesure d'avoir sur les différentes questions qui se posent non seulement pour le rugby, mais aussi pour le sport ici au Canada. »

Annabel Kehoe compte bien mettre à profit la bourse pour l'aider à développer les techniques nécessaires pour poursuivre son travail dans le domaine des stratégies et répondre à certaines des questions auxquelles le sport est confronté.

« C'est un outil tellement essentiel à avoir dans ma boîte à outils », ajoute-t-elle. « C'est vraiment un guide pratique. Ce sont les règles de conduite que vous souhaitez pour le sport.

« Je pense qu’un tel outil est fondamental pour tout bon dirigeant. Pour moi, c'est ça et être capable d'avoir des connaissances financières ; ce sont les fondamentaux. »

Kehoe n'a pas encore trouvé d'emploi en Australie, mais quoi qu'il arrive une fois qu'elle et sa famille seront rentrées à bon port, elle est déterminée à rester impliquée dans le rugby qu'elle aime.

« J'ai eu le privilège de travailler dans le rugby et je crois tout simplement en lui ; ça veut dire que je me sens en adéquation avec cette question.

« Je pense que les meilleurs leaders sont des leaders sincères, et donc en étant impliquée dans un sport que je pense vraiment être le meilleur sport d'équipe qui soit - pour n'importe qui - alors j'ai l'impression que ça fait une différence dans la vie des gens. »

LIRE AUSSI >>> COMMENT LE RUGBY A AIDÉ LA SÉNATRICE DE RHODE ISLAND TIARA MACK À DEVENIR UNE VÉRITABLE DIRIGEANTE