La bénéficiaire de la Bourse World Rugby à destination des dirigeantes, Peris Mukoko, n'est pas du genre à fuir les défis.

Membre de la toute première équipe nationale féminine du Kenya, elle a raccroché les crampons et choisi le sifflet au début de sa vingtaine, car l'arbitrage lui offrait des occasions plus régulières de se rapprocher du rugby qu'elle aime.

Elle a ensuite fait ses premiers pas en tant qu'officielle de match, étant sélectionnée par Rugby Afrique pour un stage de préparation d'un mois à Stellenbosch, en Afrique du Sud, en 2014, et s'initiant aux HSBC World Rugby Sevens Series à Dubaï en décembre de la même année.

Peris Mukoko a exercé les fonctions d'arbitre assistante lors de la Rugby Africa Gold Cup 2017 et a depuis transmis ses connaissances en tant que première femme à devenir formatrice d'officiels de match accréditée par World Rugby au Kenya.

En 2019, la place de Mukoko dans le rugby a été confirmée lorsqu'elle a intégré le conseil d'administration de la Kenya Rugby Union. De son propre aveu, être l'une des premières représentantes au conseil d'administration - au côté de Wangui Kibe – n’a pas été très simple au début, mais cette situation n’a fait que la pousser à aller de l'avant.

C'est pourquoi elle a décidé de postuler pour la bourse d'études, afin de se perfectionner et de mieux défendre les officielles de match en particulier et les femmes dans le rugby en général.

« J'ai choisi de postuler pour la bourse parce qu'elle allait me donner une occasion d'élever le niveau des officielles de matchs et du rugby féminin au Kenya et en Afrique de l'Est », explique-t-elle à World Rugby.

« C'est toujours mieux de montrer que le Kenya a aussi la capacité de mettre le rugby féminin sur la carte du point de vue du leadership. » 

UN RÉSEAU DE SOUTIEN POUR LES DIRIGEANTES

Le processus de candidature n'a pas été simple pour Peris Mukoko car elle venait de donner naissance à son premier enfant, sa fille Naya, lorsqu'elle a pris la décision de candidater.

Elle a été reconnaissante du soutien de Maha Zaoui, ancienne boursière et actuelle responsable du rugby féminin de Rugby Afrique, qui l'a guidée pendant cette période alors qu'elle faisait ses premiers pas dans la parentalité.

Mukoko doit commencer le mois prochain un cours en ligne d'analyse des politiques publiques à la London School of Economics (LSE), et la bourse a déjà un impact sur sa carrière au Kenya.

En effet, celle-ci lui permet de faire partie d'un réseau mondial de dirigeantes et, encouragée par les réalisations de ses pairs, Peris Mukoko a décidé de se présenter à l'élection de la vice-présidence de la Fédération de rugby du Kenya.

« Ce que les femmes ont fait me motive à me présenter à la vice-présidence de Kenya Rugby cette année », dit-elle.

« C'est grâce à ces réseaux et aux encouragements des femmes, au fait que des femmes soutiennent d'autres femmes et au vu de toutes les choses merveilleuses qu'elles font que je suis autant motivée.

« Les réseaux apportent réellement beaucoup d'aide parce que vous êtes capable d'obtenir ce que vous souhaitez... si ce n'est pas un mentor, c'est quelqu'un d'autre qui vous encourage. Et si ce n'est pas quelqu'un qui vous encourage, c'est quelqu'un qui travaille avec vous.

« Ainsi, le réseau des femmes dirigeantes est en fait un mélange d'idées et de personnes merveilleuses dont je m'inspire aussi beaucoup. »

EN CAMPAGNE

Ces deux mois seront très chargés pour Peris Mukoko, qui devra jongler entre sa vie de mère - Naya a maintenant 15 mois -, ses études à la LSE, sa campagne électorale et un emploi à temps plein.

L'élection à la KRU aura lieu en mars et d'ici là, Peris devra passer des heures à parler aux clubs et à leurs représentants dans tout le pays pour gagner leur vote.

Son programme est large, mais les femmes et le développement sont au cœur de celui-ci.

Peris Mukoko a l'intention de donner encore plus de possibilités aux femmes de faire partie du jeu, quelle que soit la manière dont elles souhaitent s'impliquer - en jouant, en arbitrant, en entraînant ou en administrant - tout en veillant à la mise en place de fondations solides pour l'avenir.

« Avant [le jour des élections], il y a pas mal à faire », dit-elle. « Il faut réussir à convaincre certains présidents et voir comment nous pouvons continuer à développer au mieux le rugby féminin, non seulement au Kenya mais aussi dans le monde entier. »

Cela fait presque trois ans que Peris Mukoko a été invitée à siéger pour la première fois au conseil d'administration de la KRU et, au cours de cette période, elle a appris à faire valoir son point de vue dans un environnement généralement dominé par les hommes.

« Je pense que peut-être, venant du rugby, j'ai toujours compris les plus grands défis qui existent, mais je continue à être une sorte de porte-voix », assure-t-elle.

« Il y a des défis à relever. Parfois, il faut faire preuve de diplomatie, mais en même temps, il faut aussi se faire entendre. Il ne s'agit pas de s'asseoir, de croiser les bras et de dire "ce qui doit arriver arrivera". »

Pour ce qui est de l'avenir, Peris Mukoko déclare que ce serait un « rêve » de voir certaines des officielles de match avec lesquelles elle travaille au Kenya arbitrer sur la scène internationale.

« Mon rêve est de voir l'une d'entre elles à la Coupe du Monde de Rugby », dit-elle.

Que cela se produise ou non, Mukoko est déterminée à faire tout ce qu'elle peut pour contribuer à faire en sorte que le rugby reste un « espace sûr » pour les femmes et leur donne l'occasion de se développer.

« C'est un sport pour tous. Il englobe et prend en compte différents âges, différentes ethnies et différents sexes.

« J'espère que lorsque ce moment viendra, nous pourrons regarder en arrière et dire qu'au moins nous avons fait un pas, que nous avons essayé, que nous continuons à avancer et que nous verrons la prochaine étape vers laquelle la route nous mènera. »

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