« Le rugby est plus qu'un sport... c'est une culture. » Voilà la réponse d'Abigail Mnikwa lorsqu'on lui demande ce qui a motivé son engagement dans ce sport au cours des 15 dernières années.

« Il y a un je-ne-sais-quoi qui vous attire et qui vous passionne. »

Ce constat est certainement vrai pour Abigail Mnikwa, qui s'est vu offrir l'opportunité de devenir la kiné de l'équipe nationale masculine U19 du Zimbabwe en 2006, alors que l'équipe se préparait pour le Championnat du Monde U19 à Dublin l'année suivante.

Bien qu'elle ait été une joueuse de tennis talentueuse dans sa jeunesse - elle a participé aux Jeux mondiaux universitaires – Abigail Mnikwa n'avait aucune expérience du rugby avant cette nomination.

Cependant, elle ne s'est jamais sentie dépaysée en tant que femme dans le rugby, découvrant au contraire une famille qui l'a soutenue dans son parcours réussi et diversifié au cours des quinze dernières années.

En tant que kinésithérapeute, Abigail Mnikwa a travaillé avec plusieurs équipes nationales du Zimbabwe entre 2006 et 2018, notamment avec l'équipe masculine senior. Elle est devenue à la fois éducatrice et formatrice médicale certifiée par World Rugby.

En 2010, elle a été élue secrétaire du Harare Provincial Rugby Board, ce qui l'a lancée dans l'administration du rugby. Un an plus tard, Mnikwa est devenue membre du comité de rugby féminin de la Zimbabwe Rugby Union (ZRU), qu'elle préside depuis 2016.

« Je ne pense pas que je serais là où je suis aujourd'hui si je n'avais pas la passion ou la motivation, et cela m'a ouvert tellement d'opportunités, à la fois en tant qu'administratrice et en tant que kiné », explique Abigail Mnikwa à World Rugby.

« J'ai toujours été à l'aise, j'ai toujours eu du soutien et c'est ça la beauté du rugby. Vous rencontrez les mêmes types de personnes partout où vous allez, vous devenez un groupe dans lequel chacun s'entraide mutuellement. »

DEVENIR UNE MEILLEURE RESPONSABLE

En mars, Abigail Mnikwa a été confirmée comme l'une des 12 récipiendaires de la bourse d'études pour le leadership réservées aux femmes pour 2021.

Elle a été acceptée dans ce programme à la deuxième demande, après avoir été convaincue de postuler en lisant les expériences des précédentes bénéficiaires.

Abigail Mnikwa décrit la nouvelle de sa réussite comme étant à la fois « bouleversante et pleine d'humilité ». La Zimbabwéenne a été extrêmement occupée et s'efforce de tirer le meilleur parti de cette nouvelle opportunité.

Déterminée à devenir une meilleure dirigeante tout en encourageant davantage de femmes à occuper des rôles de gouvernance au sein du rugby, Mnikwa a suivi une formation en ligne avec l'université de Yale et doit commencer un master en management d'entreprise en janvier.

« C'est fantastique de voir des femmes faire de grandes choses après avoir bénéficié de la bourse d'études », souligne-t-elle.

« J'espérais qu'en bénéficiant de cette bourse, je deviendrais une meilleure dirigeante au sein de notre fédération de rugby et que je pourrais transmettre ce que j'ai appris à d'autres femmes.

« A l'heure actuelle, il n'y a pas assez de femmes impliquées dans l'administration au sein de la communauté du rugby. J'espérais donc qu'en me voyant obtenir cette bourse, d'autres seraient motivées pour s'impliquer davantage dans le rugby sur le plan administratif. »

À cette fin, Mnikwa a utilisé une partie des fonds de sa bourse pour organiser un atelier de techniques de leadership pour les femmes au Zimbabwe au début du mois.

Elle a invité des dirigeantes et des entraîneures de tout le pays, ainsi que plusieurs joueuses qui, selon elle, ont le potentiel pour devenir des leaders, à participer à ce rendez-vous à Harare. Deux participantes ont parcouru environ 800 kilomètres pour y assister.

« Ça a été un véritable succès, car nous avons réussi à attirer des femmes non seulement de Harare, mais aussi de tout le pays », raconte Abigail Mnikwa.

« L'une des choses que j'ai faites a été d'obtenir des retours des différentes participantes à l'atelier, car j'avais besoin de savoir si cela valait la peine de continuer de la même manière, de savoir s'il y avait des domaines que nous devions améliorer.

« Et 99 % des participantes ont répondu qu'elles souhaitaient d'autres ateliers de ce type, s'il était possible de venir dans nos différentes régions pour que nous puissions recruter davantage de femmes.

« J'espère donc pouvoir venir dans nos différentes régions pour que nous puissions attirer plus de femmes et développer cet atelier encore plus. »

CONTRIBUER À LUTTER CONTRE LA PANDÉMIE AU ZIMBABWE

Abigail Mnikwa a dû reporter une visite prévue en Afrique du Sud en raison de la pandémie de Covid-19, mais elle espère pouvoir se rendre en Nouvelle-Zélande pour la Conférence mondiale de l'IWG sur les femmes et le sport et la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021.

Elle souhaite vivement en apprendre davantage sur le fonctionnement des structures de haut niveau de la Nouvelle-Zélande, consciente que le Zimbabwe a eu du mal à capitaliser sur son rugby scolaire pourtant en plein essor.

La visite sera également une conclusion parfaite à ce qui a été une période incroyablement chargée et épuisante pour elle.

À la suite de l'apparition de la pandémie, Abigail Mnikwa s'est portée volontaire dans un hôpital dédié au Covid-19 à Harare et, au cours des 18 derniers mois, elle a travaillé avec les patients des unités de soins intensifs et les patients très dépendants, ainsi qu'avec ceux souffrant d'un Covid long.

« J'avais beaucoup de projets prévus et tout d'un coup, tout a été annulé [à cause de la pandémie] », explique-t-elle.

« Or, je ne voulais pas rester assise à ne rien faire, alors je cherchais du travail bénévole et puis ce job est venu comme ça. »

Abigail Mnikwa concède avoir réussi à survivre avec quatre heures de sommeil alors qu'elle jonglait entre le travail à l'hôpital, les missions et ses responsabilités à la ZRU.

« Cela s'appelle devenir adulte », dit-elle en parlant de sa capacité à le faire. Personne ne peut contester à Abigail Mnikwa le fait d'être une dirigeante impliquée et inspirante.

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