Au moment de faire partie des Inarrêtables originelles de World Rugby il y a deux ans, Nahid Biyarjomandi avait déjà fait plus que ce que la plupart auraient espéré faire en une vie.

L'Iranienne a été choisie comme ambassadrice de la campagne de World Rugby « Essayez de Nous Arrêter ». Un événement qui a changé sa vie et qui l’oblige à endosser « une lourde responsabilité » pour aider à accroître la participation des femmes.

« Je pense que les plus grands changements dans ma vie se sont produits en moi après cette campagne », raconte-t-elle à World Rugby.

« J'avais l'impression d'être enfin reconnue pour tout ce que j’avais fait, et cela m'a donné de l'espoir de continuer sur cette voie. Ça m'a donné la force de croire davantage en mes capacités et d'essayer de transmettre ce nouveau pouvoir à d'autres filles.

« J’étais tellement fière de participer à cette campagne, surtout lorsque la nouvelle s’est propagée la première semaine, à l’intérieur comme à l'extérieur du pays. Je n'oublierai pas le bonheur de ma famille et de mes amis. »

Le travail paye toujours

Nahid Biyarjomandi a gagné en influence à partir du moment où elle a fondé le premier club de rugby féminin en Iran. Elle avait alors commencé avec seulement deux joueuses. Mais progressivement, le bouche à oreille a fait en sorte que la popularité du rugby féminin dépasse celle de son homologue masculin.

En 2016, elle a été nommée par la Fédération iranienne de rugby à la tête de son comité de développement, supervisant la participation des femmes et des hommes. Elle siège actuellement au conseil d'administration de la fédération.

Dans sa zone géographique, Nahid Biyarjomandi est également membre du comité exécutif d'Asia Rugby et vice-présidente du comité consultatif des femmes de l'instance dirigeante.

Malgré son agenda chargé, la jeune femme de 33 ans a relevé deux défis très différents mais tout aussi chronophages cette année.

D’une part en mars 2021, Nahid a été l'une des 12 récipiendaires de la bourse de leadership de World Rugby. Et d’autre part, trois mois plus tard, elle donnait naissance à son premier enfant, Lia.

« C'était la troisième année que je postulais pour cette bourse, et je pense que j'étais encore plus heureuse après quelques années infructueuses. En général, je n'aime pas réussir sans effort et je pense qu'Asia Rugby m'a soutenu au bon moment », sourit-elle.

« Je ne peux pas dire que ma grossesse n'a eu aucun effet pour décrocher la bourse, mais ça m’apportera de bonnes choses à l'avenir. Heureusement, mon mari me soutient beaucoup et je n'ai pas de soucis particulier. »

Donner plus d’autonomie aux femmes

Par le passé, Nahid Biyarjomandi avait déjà le sentiment de faire partie de la « famille du rugby », et elle espère aujourd’hui mettre à profit sa bourse non seulement pour s'instruire, mais aussi pour échanger des idées avec des personnes qu'elle n'aurait pas eu l'occasion de rencontrer autrement.

« Ce qui m'intéresse le plus à propos de cette bourse, c'est que les programmes ne se limitent pas à un domaine spécifique », dit-elle.

« Grâce à ce programme, qu'il s'agisse d'éducation ou de participation, nous pouvons entrer dans un nouveau monde et découvrir de nouvelles opportunités avec des personnes de cultures différentes du monde entier.

« Je cherche à gagner en autonomie en tant que femme pour pouvoir mener plus de femmes et de filles sur cette voie à l'avenir. Certes, chacun a son propre objectif, mais le rugby est ce qui nous a tous réunis. »

Nahid compte se consacrer à deux aspects bien précis. « L'un concerne les compétences en leadership dans le sport, tant au niveau national qu'international, et l'autre est le développement des compétences individuelles nécessaires pour la première partie », explique-t-elle.

« Je pense que dans de nombreux cas, les expériences des autres peuvent être utilisées pour montrer un chemin, partager les succès et les défis auxquels nous avons été confrontés, ainsi que les solutions pour nous entraider. »

L’esprit de famille

La pandémie de Covid-19 en cours a incité Nahid Biyarjomandi a faire preuve de souplesse car la plupart des visites d'étude ou des conférences ont été soit reportées, soit annulées. Cependant, elle a réussi à trouver des points positifs dans la conduite de son travail en ligne.

« Je dois juste essayer de trouver une nouvelle voie en fonction de cette nouvelle situation et je suis sûre que de bonnes choses vont arriver », assure-t-elle.

« Par exemple, l'un des effets du coronavirus a été d'avoir des réunions virtuelles avec des personnes à qui je n'aurais sans doute jamais pensé à parler ou à rencontrer, ou même d'assister à des cours virtuels ou à des cours plus difficiles à suivre en présentiel. »

L'Iran occupe une position assez unique en ce sens que la popularité du rugby féminin garantit que les joueuses ne rencontrent pas le genre de défis auxquels leurs homologues d'autres pays sont confrontées.

« Ici, ça arrive rarement que les sponsors se tournent vers les sports masculins, mais ça commence à changer depuis quelques années. En règle générale, il n’y a que quelques familles qui considèrent que le rugby n’est qu’un sport de garçons », remarque Nahid.

Quoiqu’il en soit, tous les joueurs de rugby en Iran restent amateurs et Nahid Biyarjomandi souhaiterait permettre au rugby de se professionnaliser.

Elle aimerait également voir les équipes nationales, les entraîneurs et les officiels de match de son pays acquérir une plus grande visibilité internationale, une fois que les restrictions liées aux Covid-19 le permettront, afin de préserver la réputation du rugby.

Son mari est lui-même joueur dans l'équipe nationale et le jeune couple pense déjà à initier Lia dès son plus jeune âge.

« J'aimerais qu’elle puisse jouer un jour », s’esclaffe Nahid. « Mais, si elle-même n'est pas intéressée, nous essaierons simplement de l'aider à devenir une Inarrêtable à sa manière, comme je l’ai appris grâce au rugby. »

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