Hana Schlangerová admet qu'elle a été secouée – « mais de manière positive ! » - de découvrir qu'elle avait été acceptée cette année pour la bourse de leadership octroyée aux dirigeantes par World Rugby.

Hana Schlangerová a entendu parler du programme pour la première fois lors d'une conférence en 2018 et a été convaincue par ses pairs de postuler. Elle assure qu’elle l’a fait en espérant obtenir une bourse, mais pas persuadée qu’elle pourrait en décrocher une. Mais elle est maintenant déterminée à saisir cette opportunité pour développer ses compétences et aider le rugby féminin à s’épanouir en Tchéquie.

« Pour être honnête, je ne comprends toujours pas comment et pourquoi je l'ai eu », explique Hana Schlangerová à World Rugby. « Surtout maintenant que j'ai rencontré toutes les autres personnes, toutes les autres femmes investies dans le rugby qui l'ont eue, et quand je vois ce qu'elles font et jusqu'où elles sont allées !

« Je ne connais pas la moitié de ce qu’elles font et je suis loin d’avoir réalisé tout ce qu’elles ont fait. C'est tout simplement incroyable. Je suis toujours surprise et secouée - je veux dire de manière positive. »

Le rugby, c’était différent

Hana est modeste car elle a accompli beaucoup de choses dans le rugby depuis qu’elle a accepté une invitation il y a près de 20 ans à rejoindre l’une des deux équipes féminines qui existaient à Prague à l’époque.

Dès sa petite enfance, elle a baigné dans le rugby, lorsqu’elle jouait au ballon avec son frère. Des années plus tard, elle faisait le taxi pour l’emmener aux entraînements. Elle a même été jusqu’à jouer un peu au touch rugby quand elle l’attendait.

Elle-même s’est mise à jouer lorsqu’elle est arrivée à l’université. Mais une fois lancée, Hana ne s’est plus arrêtée. Basketteuse dans sa jeunesse, sa taille et son athlétisme lui ont permis de devenir rapidement une internationale à sept. « J'ai beaucoup appris du rugby », confie-t-elle.

« Pas seulement sur moi-même, mais aussi sur la façon de s'entendre avec les autres. Je pratiquais un sport d'équipe avant, mais le rugby c’était différent. Vous n'avez pas besoin uniquement de personnes [de grande taille] dans l'équipe, vous avez besoin de tous les membres de l'équipe. »

Schlangerová a représenté la Tchéquie dans un test-match féminin en 2015, même si elle a eu une plus grande influence lorsqu’elle a décidé d’arrêter de jouer.

Elle siège en effet au conseil d’administration et au comité technique de la fédération tchèque de rugby, et est également présidente du comité de rugby féminin de l’organisme.

En tant qu’entraîneure, elle a conduit les féminines à remporter deux titres consécutifs du Rugby Europe Women’s Trophy et à une 44e place mondiale au classement mondial de World Rugby.

« Ce qu’elle a fait pour le rugby féminin en Tchéquie est tout simplement incroyable », précisait la capitaine Petra Kriklanova l’an dernier à World Rugby. « Je lui ai dit plusieurs fois mais elle n’écoute pas ! »

Elargir l’horizon

Schlangerová s'est depuis mise en retrait des entraînements de l'équipe nationale afin de se concentrer sur son rôle à temps partiel à la fédération, à la bourse World Rugby et à l'éducation de ses trois jeunes enfants.

Mais elle tient à intégrer autant d'informations que possible sur le programme et de celles qui y participent à ses côtés, afin qu'elle puisse avoir un impact encore plus grand chez elle, en Tchéquie.

« C'est une excellente occasion d'apprendre », assure-t-elle. « Pas seulement grâce à l'argent que j'ai [ou] grâce aux cours que je peux maintenant suivre. Mais aussi en rencontrant des gens, en parlant avec des spécialistes, en écoutant simplement les gens qui sont déjà impliqués - c'est tellement inspirant.

« Ce que j’espère pouvoir faire, c’est apprendre beaucoup pour qu’ensuite je puisse redonner au rugby parce que c’est ce que j’aime faire et j’espère pouvoir rendre la pareille. »

Hana Schlangerová affirme que son horizon s’est élargi au contact des autres femmes dirigeantes qui, comme elle, ont obtenu une bourse. Si la crise du Covid le permet, elle espère se rendre dans d'autres pays européens, notamment en Irlande, aux Pays-Bas et en Espagne, pour apprendre comment ces pays ont boosté la participation des femmes.

« Rencontrer des gens du monde entier, pas seulement en Europe, cela a vraiment élargi ma vision du rugby », sourit Hana. « Grâce à ce réseau, je sais ce qui se passe dans différentes parties du monde et c'est tout simplement incroyable de suivre les filles, ce qu'elles font en Asie ou en Amérique du Sud.

« On ne s'attend pas vraiment, du point de vue européen, à ce que le rugby féminin y soit important. Maintenant, je le constate clairement. Il y a des femmes formidables qui dirigent leur fédération ; c’est très inspirant. »

Capitaliser sur le potentiel

Les compétitions nationales devraient reprendre en Tchéquie en juin 2021 et Schlangerová espère que les effectifs n’auront pas trop été touchés par la pandémie.

Son ambition est que les prochaines générations de femmes et de filles tchèques aient la même chance de jouer au rugby qu’elle en a eu de jouer au basketball et au handball.

« Je ne suis probablement pas quelqu’un de très ambitieux pour ce qui est de faire de grands projets ou quoi que ce soit d'autre, mais j'aimerais vraiment pouvoir faire de mon mieux pour aider le rugby féminin à grandir ici en République tchèque.

« Je pense que nous avons un potentiel incroyable… par rapport aux autres fédérations, nous n'avons que quelques joueuses et nous pouvons encore faire de belles choses. Les joueuses sont vraiment formidables, alors j'aimerais pouvoir aider celles qui ont le potentiel pour atteindre leur meilleur niveau dans les équipes nationales.

« Et comme toutes les joueuses, toutes les filles et toutes les femmes impliquées dans le rugby, je souhaite faire du rugby féminin en République tchèque un sport reconnu pour le plaisir, l'engagement et l'encouragement qu'il peut procurer à chaque fille qui nous rejoindra. »

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