Lorsque Conan Osborne a marqué le dernier essai qui a qualifié la Jamaïque pour sa première Coupe du Monde de Rugby à Sept en 2018, le capitaine des Reggae Crocs ne pensait pas que son équipe pourrait aller encore plus loin.

Ce qui avait déjà été une année extraordinaire après leur participation aux Jeux du Commonwealth pour la première fois, a été couronné de succès en se rendant à San Francisco alors que personne ne les y attendait.

La Jamaïque a gagné sa place à la Coupe du Monde de Rugby à Sept 2018 en tant que championne du Rugby Americas North Sevens, un titre qu’elle n'a pas pu conserver l’année suivante dans les îles Caïmans.

La défaite contre le Canada en finale du RAN Sevens 2019 leur a fait manquer une qualification directe pour les Jeux olympiques. Mais les Jamaïcains restent en course pour décrocher le dernier billet des hommes pour Tokyo. Pour cela, ils devront remporter le tournoi de qualification olympique à Monaco les 19 et 20 juin.

« La Coupe du Monde de Rugby à Sept a été le summum, le rêve absolu », confie Conan Osborne à World Rugby.

« C’était la première fois que l’on participait à une Coupe du Monde ; c’était aussi la première fois que l’on jouait sur les Jeux du Commonwealth. Nous avons même été invités à participer en tant qu’équipe principale à la toute première saison du Challenger Series. Au début, on était sur des tournois comme Hongkong et autres où les gens s’étonnaient que la Jamaïque ait une équipe. Et aujourd’hui, les gens s’attendent à nous y voir. On arrive maintenant à battre des équipes que nous n’arrivions pas à battre avant.

« Sur le Challenger Series l'an dernier par exemple, nous avons battu l'Ouganda, qui a disputé de nombreux tournois sur invitation sur le World Series. Nous avons aussi battu l'Uruguay qui a ce genre d'invitations. Et puis nous avons battu le Portugal qui avait aussi sa place sur le World Series. On commence à cumuler quelques belles prises alors qu’on n’y serait jamais arrivé il y a encore quatre ou cinq ans !

« C'est maintenant à nous de passer à l'étape suivante, de réussir à battre d’autres équipes importantes du tier deux comme l’Allemagne ou le Japon, mais aussi des équipes régulières du World Series. Et le tournoi de repêchage va nous donner une bonne occasion d’y arriver.

« Nous n’avons plus l’avantage d’être une équipe inconnue. Les gens savent qui nous sommes maintenant, ce qui est une bonne et une mauvaise chose à la fois, je pense. Mais c’est vraiment excitant et je pense que les Jeux olympiques seront la prochaine barrière à faire tomber pour nous. »

Ayant vu l'impact positif que leur participation aux Jeux du Commonwealth et à la Coupe du Monde de Rugby à Sept avait eu sur l'équipe, Conan Osborne assure que la qualification olympique serait énorme pour le rugby dans ce pays des Caraïbes.

« Depuis notre qualification pour les derniers Jeux du Commonwealth (sur la Gold Coast en 2018) et d'autres compétitions financées par l'Association olympique jamaïcaine, nous sommes maintenant l'une des équipes majeures et nous pouvons bénéficier de financements. Nous sommes sur leur radar maintenant, ce qui n'était pas le cas auparavant, c'était juste axé sur l'athlétisme », explique-t-il.

« Cela montre ce que les qualifications pour les Jeux du Commonwealth et d'autres tournois ont fait pour le rugby jamaïcain. Je pense que les Jeux olympiques seraient le dernier palier à franchir que nous soyons reconnus comme sport majeur en Jamaïque. »

Même pas peur

Comme ça a été le cas pour toutes les équipes, le Covid-19 a perturbé la préparation des Reggae Crocs. Mais le contingent de joueurs basés à Londres et dirigés par Conan Osborne s'entraîne ensemble au Maidenhead RFC depuis février et ils sont restés en contact avec le reste de l'équipe grâce notamment à un groupe WhatsApp.

La Jamaïque est tombée avec la France, Hongkong, le Chili et l'Ouganda dans la Poule B à Monaco. Les deux meilleures équipes des deux poules se qualifieront pour les phases finales.

« Nous avons déjà rencontré toutes les équipes du repêchage, ce qui montre en soi le chemin qu’on a déjà parcouru », insiste le capitaine.

« Jusqu'en février dernier, nous n'avions jamais battu l'Ouganda auparavant, et ils nous battaient assez confortablement. Là, on les a battus deux essais à zéro. Empêcher une équipe de marquer dans un match de rugby à sept, c’est énorme.

« Nous n'avons perdu que de sept points contre Hongkong sur un des week-ends du Challenger Series, et c'est pourtant une équipe professionnelle à plein temps. Le Chili est une équipe solide aussi et nous avons joué la France à la Coupe du Monde où ils nous ont battus assez largement. Mais nous étions une équipe différente à l'époque, et nous étions presque impressionnés à l'idée de jouer une équipe du circuit mondial dans une Coupe du Monde. Nous en avons tiré de bonnes leçons. »

Sur un même pied d’égalité

La confiance d’Osborne vient également du fait que la plupart des autres équipes présentes à Monaco seront tout aussi fraîches que les Reggae Crocs.

« Normalement, des joueurs comme les Français ou les Irlandais viendraient après leur saison sur le World Series et seraient très difficiles à battre. Mais au lieu de cela, ils ont eu une préparation similaire à la nôtre. Je sais que l’Irlande a joué à St George’s Park l’autre semaine, mais j’ai le sentiment que le Covid nous a mis sur un même pied d’égalité. Ils ont dû faire face aux mêmes épreuves et aux mêmes contraintes, les empêchant de passer quatre à cinq heures par jour à jouer ensemble.

« Je ne vois aucune raison pour laquelle on ne pourrait pas s’en sortir. Être dans les deux premiers serait génial. Je pense que notre objectif minimum est de deux victoires, mais faire partie des deux premiers serait un objectif ambitieux pour nous. Pourtant, pour la première fois, je le vois comme un objectif ambitieux réalisable. »

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