Après huit semaines d'entraînement à Loughborough, l'entraîneur britannique Tony Roques a hâte de voir ses joueurs à l'épreuve lors du tournoi international de préparation des Jeux Olympiques de rugby à 7 de ce week-end.

La Grande-Bretagne affrontera l’Irlande et les États-Unis dans ce tournoi masculin de trois jours, tandis que la Team GB et les équipes nationales d’Irlande et de France participeront au tournoi féminin.

Le tournoi a lieu du 15 au 17 mai 2021 à St. George’s Park, le centre d’entraînement national de la English Football Association, et offrira un temps de jeu précieux et inestimable en vue des Jeux olympiques de Tokyo.

« Effectivement, c'est un tournoi sur trois jours en configuration JO avec deux matchs par jour, samedi, dimanche et lundi », précise Tony Roques, qui vivra à cette occasion son tout premier tournoi.

« Mettre les gars sous ce genre de pression et voir comment ils relèvent le défi, c’est ça qui est excitant. Nous avons organisé huit stages de préparation jusqu'à présent et il est temps maintenant de voir où nous en sommes, de voir dans quels secteurs nous sommes bons et sur quoi nous devons travailler, contre une opposition autre que nous-mêmes.

« Je vais certainement en apprendre beaucoup sur l'équipe et sur la façon dont nous travaillons avec le staff pendant le tournoi. Il y aura beaucoup d'apprentissage pour nous avant les Jeux olympiques. »

Deux fois vainqueur du Hongkong Sevens en tant que joueur avec l'Angleterre, Tony Roques était depuis longtemps retiré des terrains lorsque le premier tournoi olympique de rugby à sept a eu lieu à Rio en 2016. Désormais, c’est en tant qu’entraîneur qu’il va se rendre à Tokyo avec une réelle chance de médaille.

« Je suis vraiment impatient d'y être. Je crois sincèrement que ces Jeux olympiques seront différents de tous les autres. Avec ce qui s'est passé et ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, ça va être une énorme confrontation avec la réalité », dit-il.

Gérer l’après-Madrid pour les Eagles

À l’instar de Tony Roques, l’entraîneur américain du sept masculin Mike Friday, est ravi de voir un groupe de joueurs - et un groupe très différent de celui qui a terminé troisième lors d’un autre tournoi de préparation à Madrid en février - en compétition à l’étranger.

« Ça nous rappelle combien on aime et combien c’est appréciable de jouer du vrai rugby », relève-t-il. « Jouer contre soi-même est en fait très difficile car on ne voit qu'une seule façon de jouer et on finit par ne plus avoir de bonnes perceptions.

« C'est excitant pour des gens comme Carlin Isles, Stevie Tomasin et Madison Hughes, qui n'ont pas pu se rendre à Madrid, d’avoir maintenant la chance de voyager et de concourir. Ça nous a permis aussi de tester la prochaine génération avec Maceo Brown, Marcus Tupoula et Joe Schroeder, qui poussent tous fort et ont une autre occasion de montrer ce qu’ils valent.

Perry Baker s’était cassé la jambe à Madrid, mais est de nouveau opérationnel ; il poursuit sa rééducation aux États-Unis.

« Nous sommes allés à Madrid avec 16 joueurs en février et nous sommes revenus avec huit. C'était brutal, brutal pour plusieurs raisons », explique Mike Friday. « On croyait qu’on était en forme, mais en fait on n’a pas su tenir sur la durée. Et à Madrid, on s’est heurté à une équipe du Kenya qui, elle, était justement très résistante, tout comme l’équipe d’Argentine et on s’est retrouvé en manque.

« C’est pour cela que je n’ai pas voulu qu’on aille à Dubaï parce qu’on devait tous se remettre en condition et ça nous a pris six semaines. Maintenant, je pense que nous sommes beaucoup mieux. »

La nouvelle génération des Eagles se déploie

Mike Friday reconnaît que les défis posés par le Covid ont perturbé la bonne préparation de son équipe à Madrid. Si elle n’était pas à son meilleur niveau, désormais elle a su reprendre de la vigueur. « Nous avons eu six mois complètement off, nous avons repris avant Noël et nous avons dû faire attention au contact et à l'impact sur leur corps. Peut-être avons-nous été un peu trop prudents d’ailleurs.

« A Noël, nous avions remis les joueurs dans une forme raisonnable, mais nous avons eu encore trois semaines de congé et ils ont fini par avoir une semaine supplémentaire à cause de toute la logistique et du processus de reprise, ce qui fait que tout a finalement pris du retard et on a toujours été à la remorque.

« Nous avons laissé derrière nous des joueurs d’expérience parce qu’ils ne sont pas encore arrivés au niveau où on les attend pour jouer. Il est donc préférable pour eux de passer ces quatre semaines à la maison. »

Cette préparation en dents de scies a ouvert la porte à des recrues comme Malacchi Esdale et Harley Wheeler qui ont toutes les chances de figurer dans le groupe qui se rendra à Tokyo, tel qu’il sera annoncé au mois de juin.

« Malacchi est un transfuge du football et quelqu’un de relativement neuf dans le rugby. Il a joué 12 à 18 mois dans la MLR avec les Houston Sabercats et a bien intégré le rugby. Il a une bonne prise de vitesse, un bon équilibre et il est bon dans le jeu aérien », constate Mike Friday.

« Harley, lui, c’est une boule de bowling qui rebondit, il est partout et ne prend aucune précaution pour son corps. Il a fait une saison à Atlanta, il s’est très bien débrouillé sur le circuit universitaire et a décroché une sélection en série mondiale avant que le Covid ne frappe. »

France et Irlande se préparent au repêchage

Face à l’Irlande, les États-Unis et l'Angleterre vont affronter l'une des forces émergentes du HSBC World Rugby Sevens Series.

Comme la France, l’Irlande n’a pas encore confirmé sa place pour Tokyo et le tournoi de ce week-end donnera à l’entraîneur Anthony Eddy une bonne idée de l’état de forme de son équipe avant le tournoi de repêchage olympique à Monaco en juin.

Jordan Conroy, le meilleur marqueur d’essais du circuit mondial l’année dernière, est l’un des noms les plus remarquables de l’équipe masculine irlandaise menée par Billy Dardis.

Lucy Mulhall, quant à elle, mènera une équipe irlandaise prometteuse de 16 joueuses dans leur premier vrai tournoi de la saison. Les Irlandaises affronteront la Grande-Bretagne et la France qui cherche aussi à se qualifier.

Après avoir récemment figuré dans le Six Nations féminin avec l’Irlande, Stacey Flood, Amee-Leigh Murphy Crowe, Eve Higgins, Grace Moore, Brittany Hogan et Emily Lane seront au rendez-vous.

« Nous avons vraiment hâte de revenir à la compétition internationale et de matcher », estime Anthony Eddy. « Nous sommes très reconnaissants de l'opportunité qui nous est proposée et reconnaissants pour tout le travail qui a eu lieu en coulisses pour nous permettre de participer au tournoi. »

La Team GB en formation

Enfin, Scott Forrest, l’entraîneur de la Team GB à sept, veut axer le tournoi sur la performance et pas nécessairement sur les résultats. « On aura 22 joueurs avec nous cette semaine et nous espérons que les 22 joueurs auront du temps de jeu », dit-il.

« Je souhaite que les joueurs aient l’opportunité de montrer ce qu’ils ont produit à l’entraînement et voir comment ils peuvent gérer sous la pression. En ce qui me concerne, ça va me permettre de commencer à préparer quelques combinaisons intéressantes.

« Nous ne mettrons pas ce que nous pensons être nos meilleurs joueurs de sept sur le terrain à chaque match. L’accent est mis pour nous ce week-end sur la performance parce que notre objectif ultime est de remporter une médaille d'or le 31 juillet, pas de gagner tous les matchs de ce week-end.

« Ce week-end fait partie du parcours qui va nous amener jusque sur le podium olympique. Mais je ne m'attends pas à ce que nous soyons parfaits. »

Le tournoi se disputera à huis clos et sera diffusé sur englandrugby.com.

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