Le succès des moins de 20 ans ne se traduit pas automatiquement chez les seniors, mais le capitaine du Portugal Tomas Appleton trace néanmoins des parallèles entre les progrès réalisés par la France et ceux de sa propre équipe.

Les Bleus sont maintenant considérés comme de sérieux prétendants à la Coupe du Monde de Rugby 2023, non seulement parce qu'ils sont les organisateurs, mais aussi en raison des jeunes talentueux qui font avancer l'équipe.

Le Portugal évolue peut-être à un niveau inférieur, mais le pays a également montré une volonté d'investir sur sa jeunesse, avec une bonne proportion qui a terminé sur le podium lors de trois tournois consécutifs du World Rugby U20 Trophy. Cette stratégie joue désormais un rôle dans la candidature d'Os Lobos pour se qualifier pour seulement leur deuxième Coupe du Monde de Rugby.

« Nous savons tous que les Français ont eu une équipe championne du monde chez les U20, et ils ont amené beaucoup de leurs joueurs dans l'équipe senior. De notre côté, nous avons également eu de très bons résultats, notamment au World Rugby U20 Trophy », explique Tomás Appleton. « Nous construisons un groupe solide et, bien sûr, notre objectif principal est de nous qualifier à la Coupe du Monde de Rugby en 2023 en France. »

Comme la France, avec Romain Ntamack et Mathieu Jalibert, le Portugal compte aussi deux joueurs issus des U20 pour le maillot numéro 10, Jorge Abecasis et Jerónimo Portela.

« Ce sont des joueurs extraordinaires et bien que tous les deux soient encore très jeunes, ils ont déjà évolué dans des environnements de rugby professionnel à l'étranger », rappelle Tomás Appleton.

« Jerónimo n’a pas eu de chance car à cause du Covid, il a été obligé de revenir d’Amérique du Sud alors qu’il commençait à se construire au niveau professionnel. Et Jorge, en 2017 ou 2018, est allé à l'académie de haute performance des Crusaders à Christchurch. Il y a gagné une très bonne compréhension du jeu et ça l’a rendu plus physique et plus rapide. »

Un précieux retour

À l’autre bout de l’échelle des âges se trouve Samuel Marques, le demi de mêlée portugais.

Joueur du Top 14 en France avec Pau, il a mis fin à ses huit années d'exil loin de l'équipe nationale pour être titulaire contre la Géorgie. Malgré la défaite, son apport à l’équipe a été très bénéfique.

En plus d'avoir contribué pour près de la moitié des points de son équipe dans le Rugby Europe Championship cette saison, le joueur de 32 ans a été une figure clé pour motiver et driver les jeunes autour de lui sur le terrain.

« Il a eu un grand impact sur l'équipe », reconnaît Tomás Appleton. « Il évolue dans le Top 14 en France et est habitué à un environnement plus compétitif que le reste des garçons ici. Il apporte beaucoup d'expérience avec lui. Notre équipe n'est pas si âgée et nous avons parfois besoin de joueurs comme lui pour prendre de bonnes décisions et pour calmer les choses. Et sur tout ça, il nous aide beaucoup. »

Tomás Appleton, maintenant âgé de 27 ans, était adolescent lorsque le Portugal a fait ses débuts en Coupe du Monde de Rugby en France en 2007. Il vise aujourd’hui la direction directe de son équipe dans les play-offs Europe.

« Je me souviens, il y avait un grand battage médiatique autour du rugby à cette époque (2007) », se rappelle-t-il. « J’avais la chance d’être en France à ce moment-là, sur un tournoi international des U15, et je suis allé voir le match du Portugal contre l'Italie à Paris. »

Deux places à prendre

Pour la Coupe du Monde de Rugby 2023, l'Europe a obtenu deux places de qualification directe. Celles-ci sont réservées aux deux meilleures équipes du Rugby Europe Championship 2021 et 2022 qui seront ainsi désignées Europe 1 et Europe 2.

Actuellement, le Portugal occupe la deuxième place du classement derrière la Géorgie et est sur la bonne voie pour affronter les champions du monde en titre, l'Afrique du Sud, l'Irlande, l'Écosse et l'Asie / Pacifique 1.

« La deuxième place est notre objectif principal, mais nous sommes aussi suffisamment réalistes pour savoir qu'il y a deux ans, nous jouions à un niveau inférieur, contre des équipes comme la Tchéquie et l'Ukraine », tempère le capitaine du Portugal, conscient que son équipe ne doit pas mettre la charrue avant les bœufs.

Le Portugal n’a en effet disputé que trois rencontres dans une campagne de qualification qui en compte dix. Et Os Lobos n’ont gagné qu'une seule fois. Néanmoins, il y a beaucoup de points positifs à tirer des défaites contre la Géorgie (29-16) et la Roumanie (28-27), mais aussi de la victoire 43 -28 contre l'Espagne.

« Pour le match contre la Géorgie, nous savions depuis le début que ce serait le match le plus difficile car ils sont, je pense, les favoris de ce groupe », rappelle Tomás Appleton, qui approche des cinquante sélections pour son pays.

« Nous ne devons pas oublier qu’en novembre on jouait dans une série contre le Brésil et que dans le même temps la Géorgie affrontait l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Irlande et les Fidji lors de la Coupe d’Automne des Nations ! Il y a donc une grande différence.

« Je pense qu’on n’a pas mal fait par moments et que à la pause on menait. Mais à la fin, leur force physique a fait la différence. C'était un peu dur de perdre le point de bonus défensif sur la dernière action.

« Au début du match contre la Roumanie, nous avions envie de bien faire et nous avons très bien commencé. Nous avions un peu d’avance au tableau d’affichage, mais nous avons eu des touches nulles et nous n’avons pas très bien géré le match. On a perdu à la dernière minute sur un essai en sortie de maul. Il y a des défaites plus difficiles à encaisser que d’autres, mais celle-ci nous a mis un coup sur la tête.

« Enfin, contre l'Espagne, c'était un peu différent. C'était quitte ou double et on savait qu’on devait impérativement faire quelque chose. Nous avons mis du temps à nous retrouver mais nous avons avancé dans le jeu, nos avants nous ont donné une bonne structure offensive pour marquer et les arrières ont très bien fait le reste.

« C'était vraiment bien de finir sur une bonne note. Maintenant, les matchs contre la Russie et la Belgique ou les Pays-Bas vont venir vite. Je pense que ce sera bien pour nous de jouer en juillet ; les joueurs du Portugal adorent jouer au soleil. »

A mi-chemin du paradis

Une fois ces rencontres disputées, le Portugal et le reste des équipes du Rugby Europe Championship seront à mi-chemin de leur campagne de qualification.

Ayant déjà assisté à la Coupe du Monde de Rugby en tant que spectateur, Tomás Appleton se doute de ce que ça fait d’y participer en tant que joueur et de pouvoir bénéficier de l’immense soutien offert par la grande diaspora portugaise en France.

« Il y a plus d'un million de Portugais à Paris », assure-t-il. « Jouer à une Coupe du Monde de Rugby en France serait incroyable. »

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Photo : Luis Cabelo