« Ça va être dur dès le départ », anticipe déjà la trois-quarts centre du XV de France féminin Carla Neisen lorsqu’on l’interroge sur la prochaine rencontre face à l’Angleterre en finale du Tournoi des Six Nations féminin samedi 24 avril au Twickenham Stoop. Elle-même est tout juste revenue de deux tournois à Dubaï avec l’équipe de France féminine de rugby à 7 pour participer à la victoire de la France contre l’Irlande le 17 avril.

Une rencontre qui avait pourtant débuté de façon laborieuse pour les Françaises, menées 3-0 au bout de 13 minutes, du fait de nombreuses de petites erreurs. « Si tu fais la même chose face aux Anglaises, ce n’est pas trois points que tu auras à rattraper, mais sept et tu devras toujours courir après le score. La moindre erreur peut se payer cash ; il faudra être irréprochable », prévient Laura Di Muzio, consultante en rugby féminin.

70% de victoires côté anglais

Avec un ratio de 70% de victoires anglaises dans leur histoire commune faite de 47 Crunch, l’entraîneur Samuel Cherouk reste lucide : « C'est une équipe qui nous bat très souvent », admet-il. « Mais est-ce que ça nous rajoute de la pression ? Non. C'est une autre compétition, c'est un modèle différent. On ne doit pas se mettre de la pression, même si le passé fait dire que cette équipe a toujours été meilleure que nous. Il faut qu'on se prépare à jouer un match très solide et très engagé. »

Le passé récent évoqué par Cherouk, ce sont ces sept victoires de rang du XV de la Rose sur les Françaises. Dont les deux dernières, coup sur coup à une semaine d’intervalle, en novembre 2020 (le 14, puis le 21). La première (33-10) à Grenoble, la seconde (25-23) à Twickenham sur le gong, grâce à une pénalité de Emily Scarratt.

« La défaite à Twickenham, même si elle a fait mal à la tête, nous a permis de nous remettre en question. On est en train de construire quelque chose avec le groupe. On sent qu'on avance », confie la talonneuse Agathe Sochat.

« Sur le match de Grenoble, ce qui nous a manqué ce sont nos chasses défensives qui ont été très moyennes, très peu connectées et c’est ce qui nous a coûté le match », se rappelle Samuel Cherouk. « A Twickenham, je pense qu'on a fait plutôt bien les choses. Les 10 dernières minutes sont souvent très difficiles, on manque de lucidité et de maîtrise à la grosse différence des Anglaises. C'est ce qui nous a manqué. Il faut qu'on soit bien meilleur sur la maîtrise du ballon et des temps faibles. 

« Il y a encore un écart entre nous, mais on se rapproche tout doucement. On le voit sur les matchs qu'elles ont fait. Elles maîtrisent à la perfection leurs sorties de camp, leurs zones de marque. C’est une équipe qui maîtrise mieux son rugby que nous. »

Un constat partagé par la deuxième-ligne Safi N’Diaye. « Les deux derniers matchs, ça s'est joué à pas grand-chose », dit-elle. « C'est une équipe contre laquelle il ne faut pas faire d'erreur dans son camp et contre laquelle il faut être vigilante jusqu’à la 80e minute, car en dix minutes, le score du match peut changer. On n'est pas loin. »

Le match sera âpre pour une bonne et simple raison : « elles veulent la même chose que nous et en plus elles sont chez elles », rappelle Samuel Cherouk.

La clé : un jeu propre et agressif

Pour autant, même si la France ne sera pas favorite sur cette rencontre, son statut n’est pas rédhibitoire et l’Angleterre n’est pas, comme le furent un temps les Black Ferns, une équipe invincible pour les Françaises.

« Il faudra être propre et agressive. Si on veut jouer, il faut les faire déjouer », révèle Agathe Sochat qui compte bien appliquer les trois principes de ce XV de France féminin : jouer, jouer, jouer.

« Les Anglaises ont un jeu très fort en conquête. Elles marquent beaucoup sur ballon porté. Il faut leur proposer du jeu alors qu'elles adorent réduire l'espace de jeu pour nous mettre dans leur forme de jeu d'avants, pénétrant et usant la défense. Il ne faut pas qu'on tombe dedans mais qu’on reste sur la lignée de nos matchs précédents. La grande idée est de produire du jeu. »

La dernière victoire de la France en Angleterre remonte à mars 2015 ; une victoire 21-15 à Twickenham. Sur les sept défaites qui ont suivi, quatre se sont soldées par un écart de moins de six points au score final. La victoire est à portée de main et les deux équipes ne voudront rien lâcher.

« On a une rivalité particulière avec les Anglaises car dès les catégories jeunes c'est la seule nation que l'on rencontre », ajoute Agathe Sochat. Cette fois aura une saveur particulière entre la première équipe mondiale et celle qui ambitionne de faire son retour dans le Top 3. Rendez-vous samedi 24 avril à 15h, heure de Paris.

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