Deux semaines après le raz-de-marée tricolore face au Pays de Galles – 53-0 avec un triplé de Caroline Boujard dans le premier quart d’heure – l’entame a été plus laborieuse contre l’Irlande samedi 17 avril lors de la troisième journée du Tournoi des Six Nations féminin. Au bout de 13 minutes, les Irlandaises menaient toujours 3-0.

« Il y a eu un enchaînement d’approximations avec notamment un en-avant sur le lancement », analyse Laura Di Muzio, consultante en rugby féminin pour World Rugby. « Mais je n’étais pas plus inquiète que ça. En revanche, c’est typiquement le genre d’erreurs que tu dois gommer pour la finale. Si tu fais la même chose face aux Anglaises, ce n’est pas trois points que tu auras à rattraper, mais sept et tu devras toujours courir après le score. La moindre erreur peut se payer cash ; il faudra être irréprochable. »

Les Françaises se sont en réalité vite remises de ce faux départ en enchaînant huit minutes de folie au cours desquelles trois essais ont été marqués – un de Caroline Boujard, un deuxième par Emilie Boulard et un essai de pénalité qui a entraîné un carton jaune sur Aoife McDermott. Avec un essai de Safi N’Diaye et un autre de Cyrielle Banet, les filles menaient 38-8 à la pause, puis 56-15 à la toute fin de la rencontre malgré un essai de consolation de l’Irlandaise Emma Hooban.

« Ce qu’il faudra faire pour s’imposer contre l’Angleterre, c’est peut-être gommer les précipitations sur l’offensive », poursuit Laura Di Muzio. « On observe une volonté de jouer, d’avancer, de créer des espaces, de passer les bras, de faire des offloads… Mais il faut prendre le temps pour ne pas sentir sous pression, construire ce match. En défense en revanche, on installe le rouleau compresseur. »

Mad et Mimi

Deux joueuses ont particulièrement retenu son attention depuis le début du Tournoi. D’abord la jeune arrière Emilie Boulard, 21 ans, qui n’a découvert le rugby… qu’à 18 ans. Précieuse pour l’équipe, elle ne compte que deux sélections et fait déjà parler d’elle. Contre l’Irlande, elle a inscrit un essai, a fait une passe décisive pour le premier de Boujard, a multiplié les courses et se présente comme une alternative plus que crédible face au cadre à ce poste Jessy Trémoulière, ce qui promet à un an de la Coupe du Monde de Rugby féminin en Nouvelle-Zélande.

Le parcours de « Mimi » est passé par les moins de 20 ans (Tournoi 2019) puis au 7 où on a pu la croiser sur le tournoi de Elche (Espagne) avant d’enchaîner à Dubaï quelques semaines plus tard avec France 7 Développement. Retenue sur le stage pour préparer la qualification pour les JO de Tokyo, elle a vite rebasculé sur le XV en vue du Tournoi.

« Elle a des qualités physiques extraordinaires. Elle a une capacité à accélérer que l’on voit rarement chez une joueuse. Elle a aussi cette espère d’insouciance qui lui permet de jouer rapidement, de mettre le feu, de sortir des schémas stéréotypés. Elle est instinctive, mais propre dans son jeu », explique Laura Di Muzio.

L’autre joueuse qui s’est là aussi littéralement révélée, c’est la deuxième-ligne Madoussou Fall (5 sélections), 23 ans depuis un mois, soit dix de moins que sa partenaire Safi N’Diaye. Avec six ballons portés et huit plaquages réussis (un 100%) – le geste qu’elle préfère dans le rugby – « Mad », fan de Serena Williams, a cumulé 137 minutes de jeu depuis le début du Tournoi, soit le troisième plus long temps de jeu derrière Emilie Boulard (160) et Caroline Boujard (146).

« Ce sont deux joueuses qui font un bien fou à cette équipe. Elles amènent leur jeunesse, leurs qualités physiques, leur combativité et leur vitesse », indique Laura. « Cette équipe a réussi à créer une belle alchimie entre ces joueuses qui arrivent et qui compensent leur manque d’expérience par cette envie d’avancer, et puis les autres qui prennent plus le temps de construire. »

Photo : France Rugby

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