Jasmine Joyce ne prend rien pour acquis et se trouve dans le même bateau que d’autres pour tenter de gagner sa place dans l'équipe de Grande-Bretagne, la Team GB, pour les Jeux Olympiques de Tokyo.

Bien qu’elle soit l’une des quatre joueuses du groupe élargi à 19 à avoir joué à Rio il y a cinq ans, elle insiste sur le fait que « personne n’est garanti » d’intégrer la sélection aujourd’hui.

« Ça va simplement nous pousser à devenir encore meilleures et à être la meilleure joueuse possible dans six mois », dit-elle dans un entretien à World Rugby.

La Galloise Jasmine Joyce en impose au HSBC Paris Sevens
La pépite du Pays de Galles Jasmine Joyce illumine le Paris Sevens pour la première fois sur le circuit de son équipe.

Cependant, Jasmine Joyce reste confiante dans sa quête de décrocher une deuxième sélection olympique. « Ce serait vraiment génial », assure-t-elle.

« J'essaie de ne pas trop y penser et de simplement profiter du moment d'être une joueuse de rugby à plein temps. Mais évidemment, c'est toujours là dans un coin de la tête. Comment être sûre d’être retenue ? Aller aux JO pour la deuxième fois, ce serait dingue. Jouer au rugby depuis mes sept ans et avoir l'opportunité de participer à deux éditions des JO serait quelque chose auquel on ne pense même pas à cet âge-là ! »

Y aller pour l’or

Jasmine Joyce confie que pour ces quatre joueuses de la Team GB qui ont survécu à Rio, la défaite en finale de bronze contre le Canada devrait être une source de motivation supplémentaire pour cette fois-ci.

« Il y a un goût d’inachevé », reconnaît-elle. « C'est difficile de finir quatrième, vraiment difficile. Je pense que c'est probablement l'une des positions les plus difficiles que vous puissiez obtenir parce que vous êtes si près d’avoir une médaille. Mais, encore une fois, sans penser aussi loin, nous allons là-bas pour gagner l’or, pas le bronze… l’or est ce que nous voulons. »

À la fin du mois de février, elle figurait parmi les 40 joueurs et joueuses sélectionnés pour les programmes du rugby à 7 britannique en vue de préparer les JO de Tokyo. Un programme qui a pu être mis en place grâce à un partenariat commercial avec la Loterie nationale du Royaume-Uni.

Son agenda au cours des dernières semaines a été partagé entre des stages de préparation avec la Team GB à Loughborough, avec l’équipe du Pays de Galles dans la banlieue de Cardiff, et un déplacement en France, où elle a joué 80 minutes lors de la défaite des Galloises dans le Six Nations.

Son implication dans l'équipe de préparation pour les JO s'est accompagnée d'un contrat professionnel à court terme, le premier pour Jasmine qui a également représenté le Pays de Galles à la Coupe du Monde de Rugby 2017 et aux Jeux du Commonwealth 2018.

Moins d’un mois après être devenue professionnelle, elle affirme qu’elle mesure déjà les avantages de son nouveau statut. « Ça fait une énorme différence », confirme-t-elle.

« Même les préparateurs physiques disent que je suis plus souple, plus mobile et des trucs comme ça parce que nous avons eu la possibilité de récupérer ; nous avons des temps de pause où nous pouvons récupérer.

« Je suis dans une position vraiment privilégiée maintenant qui me permet de parler du rugby comme de mon métier ; c’est exactement ce que je souhaitais depuis un bon moment. »

Un agenda surchargé

Avant de signer son contrat pro à 7, Joyce avait marché sur la même corde raide que la plupart de ses coéquipières du Pays de Galles et des Bristol Bears, jonglant avec ses nombreux engagements de sportive d'élite, mais amateur.

Pendant la majeure partie de sa carrière de joueuse, sa journée de travail, en tant que coach sportif, commençait à 5h et s’étendait jusqu’à 14h avant qu’elle puisse se rendre elle-même en salle de sport. Les lundis, mardis et jeudis, cette routine était suivie de plusieurs heures d'entraînement au rugby.

Pendant la pandémie, elle a pris la décision de se former pour devenir enseignante dans le primaire à l'Université du Pays de Galles Trinity Saint David à Swansea. La majeure partie de son année a été consacrée à l’intégration, si bien que Jasmine était à l'école entre 7h30 et 16h avant de se diriger vers une formation jusqu'à quatre fois par semaine, à Bristol ou à Cardiff.

Enfin, les deux soirs par semaine où elle pouvait s’entraîner avec les Bears, elle ne rentrait pas chez elle à Swansea - à au moins 90 minutes de route de Bristol - avant 23h.

« Ça devenait vraiment difficile de trouver un équilibre entre le travail à plein temps, les activités sociales et la formation », explique-t-elle, alors qu’elle prévoit de terminer son diplôme d'enseignement en septembre. « En fait, les heures que nous consacrons à l'entraînement, c'est comme s'entraîner comme un joueur de rugby à plein temps, un sportif à plein temps.

« Donc, faire cela en parallèle à son travail à plein temps, c’est-à-dire 37 heures par semaine, c’est vraiment difficile et épuisant. J’ai vraiment de la chance en ce moment d’être embauchée par la Team GB… moi et [sa coéquipière du Pays de Galles] Hannah Jones on a de la chance de pouvoir dire que nous sommes des sportives à plein temps.

« Parfois, les gens ne comprennent peut-être pas le travail que l’on fait, tout ce qu’il faut pour être une sportive à plein temps avec tout ce que ça comporte de bien manger, bien récupérer, bien analyser les matchs. De toute évidence, la famille et les amis le comprennent.

« Mais, je pense que le monde extérieur ne prend pas la mesure de tout ce que nous devons traverser pour jouer pour le Pays de Galles - et aucune d’entre nous ne renoncerait à jouer pour le Pays de Galles. »

Jouer à l'instinct

La trois-quarts aile des Bristol Bears pense que, sans contrat professionnel, l'équipe du Pays de Galles aura du mal à suivre le rythme de ses rivales de l'hémisphère nord. Le début du Tournoi 2021 des Six Nations a d’ailleurs rappelé l’équipe de Warren Abrahams à la dure réalité après deux défaites face à la France puis à l’Irlande.

Mais Jasmine s’avoue impressionnée par les idées et l’approche qu’Abrahams et son staff d’entraîneurs ont apportées à l’équipe lors de leur début du Six Nations féminin ensemble.

« Il est vraiment un livre ouvert dans le sens où si vous voyez un truc qui se passe, faites-le plutôt que de laisser passer une occasion. Il suffit de jouer au rugby la tête haute et je pense que c’est ce vers quoi nous voulons tendre. »

Jouer à l’instinct a certainement eu du bon pour Joyce lorsqu’elle jouait à Bristol puisque plusieurs de ses spectaculaires essais sont devenus des musts sur les réseaux sociaux.

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