L'équipe du Brésil va vouloir offrir à l'une de ses figures emblématiques un tournoi dont elle se souviendra. Beatriz « Baby » Futuro a en effet choisi de faire ses adieux en tant que joueuse à l'occasion du Sudamericano Femenino de Rugby qui se déroule ce week-end à Montevideo, en Uruguay.

Huit équipes s'affronteront pour un trophée qui a été remporté 17 fois sur 18 par As Yaras, la force dominante de la région. Baby Futuro, 34 ans, a disputé 13 de ces 17 tournois. Elle a également participé à trois Coupes du Monde de Rugby à Sept, à Dubaï en 2009, à Moscou en 2013 et à San Francisco en 2018.

Ado, elle a fait ses débuts dans le tout premier tournoi à sept d'Amérique du Sud au Venezuela en 2004. Et depuis, elle n'a raté que quatre tournois parce qu'elle se trouvait à ces moments-là à l'étranger ou bien parce qu'elle était blessée. Le Brésil n'a jamais perdu face à une opposition régionale avec elle sur le terrain.

« J'adorerais avoir plus d'élasticité dans mon genou pour me rendre aux Jeux olympiques, mais je préfère partir à mes conditions », concède Beatriz Futuro à World Rugby, depuis Montevideo.

« Je suis à l'aise et très reconnaissante envers tout ce que le rugby m'a apporté, pour tout ce que j'ai apprécié, appris, partagé. J'ai eu une très bonne carrière et je prends ma retraite pleine de joie. »

Beatriz Futuro est la sœur cadette de l'ancien international Cris. Elle a participé aux Jeux panaméricains de 2015 et a été incontournable aux Jeux olympiques de Rio l'année suivante, après quoi elle a été nommée personnalité sportive olympique par le Comité olympique brésilien. Elle est maintenant membre du comité des athlètes.

Un mois de préparation au Portugal

Pour le Sudamericano Femenino de Rugby, le Brésil jouera contre le Paraguay, le Chili et l'Uruguay dans la Poule A. L'Argentine, finaliste il y a un an, fait partie de la Poule B avec la Colombie, le Pérou et le Costa Rica.

L'année dernière, les Colombiennes sont devenues la première équipe sud-américaine à battre le Brésil lors de la finale de bronze des Jeux panaméricains, match auquel Beatriz n'a pas participé. En 2015, elles ont également remporté le seul Sudamericano qui a compté aussi pour la qualification olympique, alors qu'As Yaras ne participait pas.

Se préparant maintenant pour Tokyo 2020, pour lequel elles se sont qualifiées l'année dernière, les Brésiliennes, sous la direction de leur nouvel entraîneur, l'Anglais Will Broderick, un résident de longue date dans le pays, ont passé un mois au Portugal où elles ont joué contre l'équipe locale et l'Espagne et où elles ont gagné les neuf rencontres.

« C'était une excellente préparation », raconte Beatriz. « Mais avec le Covid-19 et les Jeux reportés à l'année prochaine, j'ai réalisé que les jeunes joueuses se trouvaient dans une meilleure situation que moi. Je suis heureuse de pouvoir décider du moment où je peux prendre ma retraite. »

Aussi doux-amer que ce tournoi sera pour elle et malgré la bonne préparation de son équipe, l'Argentine et la Colombie représenteront à nouveau une réelle menace.

De gros adversaires

L'équipe d'Argentine qui, avec la Colombie, rêve toujours de se rendre à Tokyo l'année prochaine via le dernier tournoi de qualification, a été la première à arriver à Montevideo et à se préparer à l'intérieur de la bulle sanitaire. Quelques cas positifs de coronavirus n'ont pas fait dérailler leur préparation et les joueuses espèrent être prêtes samedi.

« Nos espoirs pour le tournoi sont comme toujours très élevés », assure la nouvelle capitaine de l'Argentine, Gimena Matus. « Pour nous, c'est un privilège de pouvoir jouer dans ce tournoi et de pouvoir représenter notre pays.

« C'est une très bonne expérience d'être ici et de pouvoir partager cela avec mes coéquipières après une période difficile où nous avons dû nous entraîner seules via Zoom. Heureusement, nous sommes maintenant concentrées sur le tournoi, après avoir travaillé très dur. Nous sommes très en forme. »

Toutes les équipes, à l'exception du Brésil, se rendront rapidement compte de leur situation après un an sans compétition. María Eugenia Cruces, la capitaine de l'Uruguay, biochimiste qui a été en première ligne pendant la pandémie, espère une meilleure place que leur huitième position décrochée en 2019.

« Ce fut une année très difficile au cours de laquelle nous n'avons pas pu nous mesurer à d'autres équipes et du coup on ne sait pas trop à quoi nous attendre », reconnaît-elle. « Ce dont nous sommes sûres, c'est que nous nous sommes beaucoup préparées, nous avons travaillé sans relâche depuis janvier et nous avons de grandes attentes. L'Uruguay, qui a terminé troisième de la compétition à quatre reprises, a au moins eu le luxe de jouer au rugby en préparation du tournoi. »

L'Uruguay est le pays qui semble avoir le mieux géré la pandémie de Covid-19 en Amérique du Sud et a déjà accueilli le Sudamericano 4 Naciones masculin.

Les huit équipes participantes se trouvent dans une bulle sanitaire très hermétique. Elles seront à nouveau testées 48 heures avant le début du tournoi, après avoir passé au moins sept jours dans le pays.

L'ensemble du tournoi sera retransmis gratuitement dans le monde entier sur l'application officielle de Sudamérica Rugby (disponible sur Google Play et Apple Store). Le tournoi débutera samedi à 10h (-3 GMT), et une heure plus tôt dimanche.

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