Au début, l'Amérique du Sud regardait avec crainte l'évolution de la pandémie de Covid-19 dans le monde, en priant qu'elle ne l'atteigne pas autant qu'en Asie et en Europe. Mais aujourd'hui, le continent est l'un des plus touchés au monde avec son voisin d'Amérique du Nord.

« Le Chili plus durement secoué qu’après un tremblement de terre », a titré un site d'information local. On y compte plus de 3 000 décès et plus de 300 000 cas, ce qui fait de ce pays de 18 millions d'habitants l'un des plus forts taux de contagion par le Covid-19 au monde, proportionnellement à sa population.

En Uruguay en revanche, la situation n'est pas aussi dramatique. Seuls un millier de cas ont été officiellement recensés ainsi qu'une trentaine de personnes décédées, si bien que les vols avec l'Espagne ont repris début juillet. Dans ce petit pays de 3,4 millions d'habitants, on déplore 8 morts par million d'habitants contre 308 pour le Brésil et 34 pour l'Argentine.

L'Uruguay s'en sort mieux

María Eugenia Cruces, la capitaine de l'équipe féminine d'Uruguay est biochimiste de formation et travaille pour l'Institut Pasteur. « Je passe ma journée habillée en astronaute ; c'est chaud, mais ça va », sourit-elle. Le système de santé uruguayen – très concentré vu la superficie du pays – a très vite pu analyser chaque cas qui se présentait en testant sans relâche selon les conseil de l'OMS.

« A l'Institut, nous avons développé une méthode de diagnostic pour aider le secteur public. Ils ont fait appel à des volontaires et je me suis proposée », raconte-t-elle, faisant un parallèle avec le rugby, sport qu'elle a choisi pour sa solidarité et le travail en équipe.

« Ce que je fais n'est qu'un grain de sable vu la situation actuelle, mais j'utilise les armes dont je dispose. Je suis au courant des dernières informations et c'est parfois le manque d'infos justement qui entraîne la peur. Mais voir et comprendre les choses aide à relativiser et mieux se préparer. »

Le rugby en Uruguay est dans une bien meilleure position qu'ailleurs dans cette partie du monde et reprend même le chemin des terrains, si bien que des matches amicaux pourraient être disputés fin juillet. Les U19 et les équipes nationales sont d'ailleurs déjà de retour à l'entraînement.

« La plupart des clubs ont repris il y a quatre ou six semaines, mais en évitant les contacts et les plaquages », confirme le Docteur Marcelo Santurio, directeur médical à la Unión de Rugby del Uruguay. « L'accent est mis sur la préparation individuelle. Ils pratiquent les passes, les lancers en touche et parfois les mêlées. »

"C'est une situation très sérieuse de celles qui vous font réaliser combien l'être humain est fragile..."

Francisco Urroz, Chili

Chaque club possède un référent Covid. Chaque joueur doit remplir un formulaire avant de s'entraîner, prendre sa température, porter le masque avant de se rendre à l'entraînement, se servir de sa propre bouteille et ne pas utiliser les vestiaires.

La fragilité de l'être humain

Francisco Urroz devrait bientôt avoir terminé ses études de médecine. La pandémie qui a mis sur pause la pratique du rugby permet au capitaine de l'équipe du Chili de se concentrer sur ses études, même s'il n'a pu reprendre encore le chemin de l'université. Au moins prête-t-il main-forte à un hôpital de Santiago.

« On a eu l'opportunité d'y travailler deux semaines et de passer deux semaines en quarantaine ensuite pour ne pas exposer les autres », explique-t-il. « L'hôpital fait partie du système public et accueille des patients sans ressource généralement en très mauvais état étant donné que les urgences sont débordées. C'est une situation très sérieuse de celles qui vous font réaliser combien l'être humain est fragile... »