La blessure est ce que l'on redoute le plus quand on est joueur car elle est capable de vous garder éloigné des terrains pour des semaines, des mois ou bien plus. Mais il y a pire : la maladie. Pourtant, le rugby recèle tout un tas d'histoires inspirantes et incroyablement positives où la maladie a sérieusement impacté le développement de certains joueurs et joueuses tout en les rendant plus fort dans leur volonté de revenir...

Jillion Potter

Jillion Potter, l'avant des Eagles des USA, a bien eu peur de devoir mettre un terme à sa carrière lorsqu'on lui a diagnostiqué une tumeur sous la mâchoire et la langue en 2014. Au départ, son docteur avait tenté de la rassurer en lui disant que ce n'était qu'une tumeur bénigne, ce qui lui avait permis de représenter son pays à la Coupe du Monde de Rugby 2014 en France.

Mais la tumeur a continué à grossir pendant que Jillion était à Marcoussis et le diagnostic a été confirmé : Sarcome synovial de stade 3, une forme rare de cancer qui se développe sur les tissus mous, habituellement autour des joints et des tendons.

« Une fois qu'on savait ce que c'était et qu'on avait une vue plus claire, on savait quoi faire pour le traitement », a raconté Jillion en 2016. Pendant une année elle est restée éloignée des terrains, subissant des séances de chimiothérapie et de radiothérapie. « Pendant tout le temps, je n'ai jamais arrêté de penser au rugby et comment je voulais y revenir. »

Lorsqu'elle a fait son retour, Jillion a été nommée capitaine des USA sur le Emirates Airline Dubai Sevens en décembre 2015. Neuf mois plus tard, elle disputait les six rencontres de son équipe aux JO de Rio avant de repartir avec la 5e place.

Début 2017, Jillion a fait une rechute, mais a réussi à vaincre le sarcome une nouvelle fois. En 2018, elle était arbitre adjointe sur la Coupe du Monde de Rugby à 7 à San Francisco et l'une des récipiendaires de la Bourse de Leadership World Rugby.

Schalk Burger

En 2013, la légende des Springboks Schalk Burger a attrapé une méningite après une intervention destinée à lui extraire un kyste à la colonne vertébrale. Le futur champion du monde souffrait tellement que sa famille se préparait au pire. « Je luttais pour rester en vie », confiait-il en 2015.

« Je luttais littéralement à chaque battement de mon cœur. Et chaque battement me faisait l'effet d'un coup de poignard dans le cerveau. A un moment, j'ai pensé tout arrêter et finalement j'ai repris confiance. »

Schalk n'a jamais abdiqué face à la douleur et a trouvé la force de se remettre pleinement. Il est revenu sur les terrains fin 2013 avec la Western Province en Currie Cup, puis avec les Barbarians. Ses performances avec les Stormers en 2014 lui ont valu un appel dans le squad des Springboks avec qui il a battu le Pays de Galles, l’Écosse, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Angleterre. En avril 2015, Schalk a reçu le Laureus World Comeback of the Year Award et quelques mois plus tard il terminait troisième de la Coupe du Monde de Rugby en Angleterre.

Jonah Lomu

Jonah Lomu le racontait lui-même : sa vie a changé le 18 juin 1995. C'est lors d'un dimanche ensoleillé à Cape Town que son incroyable talent a été confirmé – comme s'il était besoin de le confirmer à cette époque – lorsqu'il a passé quatre essais contre l'Angleterre en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby 1995.

« Ce match a tout changé pour moi », se souvenait-il en 2014. Cependant, en vérité, la vie de Lomu avait déjà changé avant le tournoi, lorsqu'on lui avait diagnostiqué un syndrome néphrotique, une maladie rénale rare.

Seuls Lomu et son docteur, John Mayhew, connaissaient l'exacte étendue de la maladie qu'ils avaient pris soin de cacher à tous et notamment au coach des All Blacks, John Hart. Les performances de Jonah sur le terrain n'en ont été que plus remarquables.
Intronisé au World Rugby Hall of Fame après ses 63 sélections et ses 37 essais pour la Nouvelle-Zélande, Lomu a excellé au XV comme au 7 où il remporté la Coupe du Monde de Rugby en 2001 et la médaille d'or aux Jeux du Commonwealth en 1998.

Son dernier test était en 2002 avant qu'il ne soit obligé de raccrocher. Il a subi une greffe de rein en 2004 et a été autorisé à revenir sur les terrains avec les Cardiff Blues et North Harbour entre 2005 et 2006. Mais en 2011, son corps a rejeté la greffe et quatre ans plus tard, alors qu'il en attendait un nouveau rein, son cœur s'est arrêté de battre à l'âge de 40 ans.

Laura Kapo

Laura Kapo admet facilement qu'elle a été « un peu sonnée » lorsqu'on lui a dit qu'on avait trouvé un sarcome dans sa jambe, en septembre 2015. Mais malgré cela, la joueuse de Richmond n'a pas voulu manquer le moindre entraînement du soir avec son équipe. « J'avais toujours ma tenue dans la voiture et j'étais toujours prête à faire quelque chose. Pour moi, c'était la meilleure des distractions », a-t-elle raconté en 2019.

Tout juste quatre mois après son diagnostic, Laura a contribué à la victoire de Richmond en finale du Premiership féminin, entrant en jeu en seconde période lors de la victoire 28-17 contre les Saracens au Twickenham Stoop.

Laura a continué à jouer grâce à un programme d'entraînement adapté jusqu'à l'été dernier. Elle a été nommée dans la catégorie Joueuse de l'Année aux National Rugby Awards en 2019.

Christian Leali'ifano

Le demi d'ouverture des Wallabies Christian Leali'ifano s'est vu diagnostiqué une leucémie en août 2016, juste un mois après avoir disputé une série de trois tests avec l'Australie contre l'Angleterre. Immédiatement après, Christian Leali'ifano s'est retrouvé à l'hôpital pour suivre un traitement et, au cours des mois qui ont suivi, le playmaker des Brumbies a subi une greffe de moelle osseuse et une chimiothérapie. A ce moment-là, Christian se sentait tellement faible qu'il ne pouvait porter son bébé dans les bras.

Malgré tout, le natif de Nouvelle-Zélande n'a jamais abandonné l'espoir de revenir et moins d'un an plus tard il était de retour sur un terrain de rugby. On l'a vu notamment lors du quart de finale du Super Rugby le 21 juillet 2017 sur la défaite contre les Hurricanes.

Il a accepté une pige en Pro 14 avec l'Ulster pour se remettre en forme avant de revenir chez les Brumbies la saison suivante. En 2018 et 2019, il se sentait tellement bien qu'il a été appelé dans le squad de l'Australie pour la Coupe du Monde de Rugby 2019. Au Japon, il a disputé quatre matches, dont la défaite en quart contre l'Angleterre.

Clément Castets

Le jeune pilier tricolore était appelé à un brillant avenir alors qu'il était capitaine des Bleuets en 2016 lors du Championnat du Monde des U20 en Angleterre. Mais quelques mois plus tard, on lui remarque un cavernome, une malformation vasculaire située essentiellement dans le cerveau.

En octobre 2016, Clément est obligé de tout arrêter, mais revient avec Toulouse lors de la saison 2017-2018. Victime d'une hémorragie cérébrale en janvier 2018, il subit une intervention chirurgicale qui met sa carrière en suspens. Pourtant, sept mois plus tard, le pilier rejoue pour le Stade Toulousain et signe même un contrat de trois ans. En mars 2020, il est appelé par Fabien Galthié, nouveau sélectionneur des Bleus, pour préparer le clash du Six Nations contre l’Écosse.