Le Beauvais RC, tout juste promu en Fédérale 1, a repris l’entraînement le 1er juillet dernier au stade Marcel-Communeau. C'est là, au cœur de l'Oise, département qui recenserait plus de 200 000 sportifs licenciés, que le rugby a élu son domicile. Là qu'est organisé chaque année un tournoi ouvert aux écoles de rugby de la région en hommage à celui qui fut l'un des pionniers de l'Ovalie.

L'homme des premières fois

Né le 11 septembre 1885, il fait partie des pionniers du rugby français qui disputent le tout premier match international de l'équipe de France le 1er janvier 1906 au Parc des Princes. Contre les All Blacks, la marche est déjà haute et la France s'incline 8-38 devant 3 000 spectateurs. Capitaine du Stade Français en 1907, il participera également quatre ans plus tard au premier Tournoi des V Nations en 1910, en tant que capitaine. Sa troisième « première fois » sera celle où la France remporte une rencontre internationale, contre l’Écosse le 2 janvier 1911 (16-15) à Colombes.

Ingénieur de formation, il aura été sélectionné en tout 21 fois jusqu'en 1913 et aura été le capitaine sur 13 rencontres. Son dernier match sera une nouvelle défaite (8-11), contre le pays de Galles dans le cadre du Tournoi des V Nations, une fois encore au Parc des Princes, mais cette fois-ci devant 20 000 spectateurs.

Aligné à l'aile, en deuxième ou troisième-ligne, Communeau – premier joueur français à avoir passé le cap des 20 sélections - était largement considéré comme le meilleur attaquant à cette époque-là, voire même le précurseur du french flair.

Des anneaux bleu et rouge avant le coq

Mises à part ces premières fois, Marcel Communeau est également passé à la postérité pour avoir imposé le désormais célèbre coq gaulois sur le maillot des joueurs du XV de France, qu'ils soient masculins ou féminins. L'emblème de l'équipe de France aujourd'hui bien connu n'allait alors pas de soi, si bien que sur les maillots du premier match de 1906 contre les All Blacks, c'étaient des anneaux bleu et rouge de l'Union des sociétés françaises des sports athlétiques (USFSA) qui avaient été cousus.

Ce n'est que bien plus tard, au lendemain de la première victoire de la France en 1911, que Marcel Communeau monte au front – on est alors dans la période d'avant-guerre et les signes patriotiques sont privilégiés - pour réclamer un emblème sur le maillot des rugbymen, comme le portent d'ailleurs déjà les footballers depuis 1909 après une décision de... l' USFSA.

Le coq, un emblème logique et patriotique

L'enjeu est alors, même sur les terrains de sport, d'affirmer sa dimension nationale. Quoi de plus normal donc que de reprendre l'emblème de la France ? Car depuis l'Antiquité, le coq apparaît sur les monnaies gauloises. La légende raconte qu'il devient rapidement le symbole de la Gaule et des Gaulois à la faveur d'un jeu de mot : le terme latin « Gallus » désigne à la fois « coq » et « gaulois ».

Même si Napoléon estime que « le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France », le gallinacée revient à la charge par une ordonnance du 30 juillet 1830 qui l'impose désormais sur les boutons d'habit et doit surmonter les drapeaux de la garde nationale.

L'USFSA, qui donnera naissance à la Fédération Française de Rugby, ne peut faire autrement que d'accéder à la demande de Marcel Communeau par décision du 21 janvier 1911. Depuis, chaque joueur et chaque joueuse le porte fièrement sur son cœur.

Mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale, Communeau obtiendra la Croix de Guerre en 1918 puis la Légion d'honneur en 1932. Il reprendra en main la manufacture de textile familiale à Beauvais où il décédera le 26 juin 1971 à 85 ans. En 2015, il fera son entrée au World Rugby Hall of Fame.