Inge Visser a observé l'éclosion du rugby féminin australien au fil des huit dernières années et aujourd'hui, la Hollandaise est prête à jouer un rôle important dans la prochaine étape de son développement.

Inge Visser faisait partie du squad de rugby à 7 des Pays-Bas qui a surpris l'Australie en demi-finale du World Rugby Women’s Sevens Challenge Cup à Twickenham en 2012. Autant cette victoire 14-12 reste le meilleur souvenir à la fois pour Inge Visser et le programme à sept féminin des Pays-Bas – qui, du reste, est devenu le premier au monde à professionnaliser ses joueuses – autant cette défaite a marqué un nouveau tournant chez les Australiennes.

L'Australie, dont le programme à sept féminin a été lancé il y a huit ans, a plus tard gagné l'or aux JO de Rio en 2016 au moment où le rugby faisait son retour dans le programme olympique.

« Battre l'Australie à Twickenham en 2012 a été énorme », se rappelle Inge Visser à World Rugby. « Mais je crois qu'après ça, ça a changé du tout au tout en Australie et c'est vraiment bien. C'est à ce moment-là que des filles comme Sharni Williams ont commencé à jouer. »

Inge Visser avait déjà une histoire commune avec l'Australie lorsqu'a eu lieu le match de 2012 à Londres. Entre 2008 et 2009, elle avait en effet bourlingué aux quatre coins de l'île-continent et avait joué au rugby ici et là, dont pendant trois mois avec les Warringah Rats à Sydney.

Et après avoir représenté les Pays-Bas à la Coupe du Monde de Rugby à 7 en Russie en 2013, elle a pris la décision de retourner dans l'hémisphère sud.

Impliquer tout le monde

Depuis qu'elle est revenue en Nouvelle-Galles-du-Sud, Inge Visser a beaucoup contribué à développer le rugby féminin que ce soit à sept et à XV.

Elle a joué pour NSW Rugby dans la première saison du Super W en 2018 – le championnat national à XV – et est l'actuelle entraîneur de la UNE Lions Rugby dans le Aon Uni Sevens Series. Aidée par Tui Ormsby, elle supervise un groupe qui comprend Alicia Lucas et Rhiannon Byers.

En plus de ses engagements dans le haut niveau, elle a contribué à monter des académies en milieu rural afin d'identifier de futurs talents, comme à Bathurst et Cowra.

« Partout où je suis passée, j'ai essayé de développer le rugby », raconte-t-elle. « J'ai commencé à Central West Rugby puis à NSW Country pour monter quelques équipes féminines, puis je suis allée sur la Central Coast où j'ai commencé un championnat féminin avec une équipe féminine. J'ai commencé à entraîné et j'ai co-créé la Central Coast Rugby Sevens Academy avec David Gee et j'ai aidé à mettre sur pied une équipe féminine de rugby à 7 à Avoca Beach.

« Lorsque vous commencez à jouer au rugby, vous essayez d'impliquer le plus de monde possible et comme ça vous n'êtes pas tout seul à l'entraînement. »

Déjà lorsqu'elle jouait, Inge Visser avait été détectée par Hugh Carpenter, le manager du recrutement et des talents à Rugby Australia. Il voyait en elle l'entraîneur qu'elle allait devenir.

Inge a été retenue parmi sept femmes pour participer à la première Women’s Sport Leadership Academy en partenariat avec le Comité international Olympique (CIO) qui comprend des représentantes du cyclisme, du tennis, du triathlon, de la lutte et du rugby.

« J'ai beaucoup de chance d'avoir été choisie », confie-t-elle. « Pour être honnête, je ne savais pas trop en quoi ça consistait. Je savais qu'on allait suivre une formation pendant un an et demi, qu'on devait aller à Londres et qu'il y aurait d'autres filles d'autres sports. Et dès que je suis arrivée, je savais que j'étais au bon endroit. »

Renforcer son réseau

Inge Visser réfléchit encore à la manière dont elle va utiliser sa Bourse et pour cela, elle reste en contact avec son mentor, l'entraîneur assistant des Wallaroos, Peter Breen.

Récemment fiancée avec son compagnon australien, elle voit son avenir dans l'hémisphère sud, même si elle insiste que jamais elle n'oubliera ses racines du nord. C'est en effet dans son pays natal qu'elle a pour la première fois fait la connaissance avec le ballon ovale, lors d'une fête autour du rugby à Ameland, une île des Pays-Bas située dans la mer du Nord, là où elle a grandi.

Depuis, elle a renforcé les liens entre les Pays-Bas et l'Australie, accueillant de jeunes joueuses de son pays pour les plonger dans l'expérience australienne en espérant que ça aide à développer le rugby féminin nordique.

« Je ne pense pas qu'il faille cantonner la Bourse à l'Australie ; j'en vois plutôt une utilisation plus globale », assure-t-elle. « Encore aujourd'hui je suis toujours en relation avec les Pays-Bas. Ces dernières années j'ai accueilli pas mal de joueuses pour venir ici et je les ai intégrées dans des équipes. Des garçons aussi sont venus, depuis mon ancien club aux Pays-Bas. »

Inge Visser est résolument positive lorsqu'elle en vient à évoquer l'avenir en Australie comme aux Pays-Bas.

« Ça a déjà apporté pas mal de bonnes choses d'avoir fait ça parce que dans le groupe de filles que j'ai fait venir, il y en a une paire qui jouent toujours dans le Super W et une autre a été repérée par les Aussie Sevens », sourit-elle.

« Jakiya Whitfield par exemple est une ancienne de Bathurst. Elle a commencé avec nous, dans le programme que j'ai mis en place avec Nancy Haslope à la Western Region Academy of Sport.

« Je pense qu'avec ce programme on peut renforcer notre réseau et travailler tous encore plus étroitement. Faire venir toutes ces joueuses en Australie et partager cette expérience avec elles, c'est ce que j'avais fait avant, en fait. Si vous avez la chance d'aller à l'autre bout du monde, vous pouvez vous faire de bons contacts, rencontrer d'autres équipes, observer et apprendre. Et avec un peu de chance, on va en avoir d'autres qui vont pouvoir venir. Ça me rendrait tellement heureuse ! »