Quelle croissance allait connaître le rugby féminin à Hongkong il y a 20 ans lorsque Samantha Feausi s'est pour la première fois saisie d'un ballon ? Personne n'aurait pu le prédire avec exactitude.

A 14 ans, elle s'est entraînée une première fois avec sept autres joueuses. Depuis, le nombre a considérablement augmenté jusqu'à atteindre des sommets aujourd'hui.

A en croire celle qui est devenue depuis responsable du développement du rugby féminin à la fédération de rugby de Hongkong, on compte pas moins de 4 500 licenciées sur le territoire ce qui, selon les statistiques de World Rugby, constitue un tiers du total des licenciés en rugby à Hongkong.

C'est dans ce cadre que l'ancienne capitaine des équipes nationales de rugby à XV et à 7 a organisé dernièrement sa première conférence sur le rugby féminin à Hongkong.

« Les effectifs dans nos équipes et dans les rangs de nos joueuses augmentent chaque année et nous avons pensé qu'il était bon d'organiser une conférence tout simplement pour accompagner le rugby amateur », explique-t-elle. « Nous avons parlé de nutrition, de psychologie dans le sport, de prévention des blessures. »

Message important

Une centaine d'entraîneurs, joueuses et parents ont assisté aux deux journées de conférence à la Maison olympique pour entendre des intervenants évoluant dans le monde du rugby et des médias à Hongkong.

Un message important à faire passer était d'arriver à mettre au point un coaching spécifique pour les femmes et les filles, ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui.

« Je constate que beaucoup d'entraîneurs ici, beaucoup de personnes qui évoluent dans le rugby tendent à reproduire chez les filles ce qu'ils font pour les garçons ou bien se contentent d'appliquer la même méthode aux filles, alors que ça ne fonctionne pas », relève Feausi.

« La première fois que je suis entrée au contact avec le rugby, j'avais 14 ans. J'ai participé à un entraînement de grandes avec un club appelé Valley et nous n'étions que sept ou huit sur l'ensemble de la saison. Et malgré tout, ça marchait.

« Ça, c'était à la fin des années 90. Mais depuis, le rugby féminin a vraiment progressé ici et ça s'est poursuivi jusqu'à atteindre des sommets.

« Vingt ans plus tard, nous avons 4 500 licenciées, nous avons des équipes filles chez les jeunes, ce que nous n'avions pas avant, nous avons des équipes minis, ce que nous n'avions pas avant non plus. Nous avons une équipe senior qui a représenté Hongkong à la dernière Coupe du Monde de Rugby féminin en 2017, ce qui était un aboutissement pour nous. Nous avons maintenant une équipe féminine de rugby à 7 pro à temps complet. Alors, de voir le chemin qu'on a parcouru en 20 ans, c'est formidable ! »

Samantha Feausi, qui a pris sa retraite il y a trois ans avant que Hongkong ne participe à sa toute première Coupe du Monde de Rugby Féminin en 2017 en Irlande, peine à expliquer les vraies raisons de cette croissance.

« Pour être honnête, je pense que ça a rapport avec l'engouement général pour le rugby ; nous nous en sommes servis pour monter en puissance », estime-t-elle.

« Ça a été long à démarrer. Je pense que 10-15 ans, c'est long, mais depuis cinq ans, ça s'accélère à tel point qu'aujourd'hui, ça nous met de la pression sur nos équipements et sur nos ressources !

« On doit maintenant travailler dans beaucoup de domaines pour avoir notamment plus de femmes entraîneurs, plus de filles officiels de match, plus de filles dans des rôles de leader. On se donne deux ans pour monter en puissance dans ces secteurs-là. »

Pour aider Samantha Feausi à arriver à ses fins, World Rugby lui a octroyé dernièrement une bourse de développement pour le leadership féminin. Elle a d'ailleurs été l'une des premières récipiendaires en mars 2018.

Partage d'idées

Depuis, elle s'est rendue au Botswana en mai pour une conférence africaine sur le rugby féminin ; une expérience qui lui a donné encore plus de confiance pour organiser un événement similaire chez elle.

« J'ai obtenu cette bourse, certes pour moi-même, mais aussi pour que ça serve au développement du rugby féminin à Hongkong », insiste-t-elle.

« J'ai assisté à une conférence en mai et ça m'a ouvert les yeux sur d'autres choses dont je ne me rendais pas compte. Je me suis inspiré de ça pour organiser ma propre conférence que j'espère voir se reproduire deux fois par an. Je pense que ça marche, qu'il y a une demande pour ça et que ça permet aux gens de parler encore plus du rugby féminin. »

En clair, que toutes ces actions continuent à la croissance du rugby féminin à Hongkong.

« Nous pouvons continuer à faire grandir le rugby amateur et à accueillir encore plus de filles », dit-elle. « Je souhaite profiter de la bourse pour partager plus d'idées, m'inspirer d'autres modèles. Je crois que le rugby féminin peut profiter du partage des bonnes pratiques. »

Quitte à se fixer un nouvel objectif dans 20 ans ?

« J'espère que nos effectifs vont au moins doubler ! », sourit-elle.

Crédit photos : HKRU