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Histoire

Histoire du rugby aux Jeux Olympiques

L'essentiel du rugby olympique:

•    Le rugby à XV a été disputé dans quatre éditions des Jeux Olympiques : 1900, 1908, 1920 et 1924
•    Les pays qui ont été champions olympiques de rugby : la France (1900), l'Australie (1908), les USA (1920 et 1924)
•    Les pays qui ont été médaillés lors de tournois olympiques : la France (trois médailles : une d'or et deux d'argent), les USA (deux médailles d'or), l'Angleterre (une médaille d'argent et une de bronze), l'Australie (une médaille d'or), l'Allemagne (une médaille d'argent en 1900) et la Roumanie (une médaille de bronze en 1924).
•    Le Baron Pierre de Coubertin, créateur des JO de l'ère moderne, a joué, arbitré et a fait la promotion du « football rugby », comme il était appelé à cette époque.

Le créateur des Jeux de l'ère modern et du rugby

Pierre de Coubertin admirait la philosophie du rugby, ses valeurs morales, ses capacités intellectuelles et physiques pour jouer. Ses biographes évoquent la boxe, le saut de haie, le rameur et les courses de chevaux comme étant autant de centres d'intérêt sportifs. Ils n'ont en revanche souligné aucun penchant concernant le « football rugby » malgré son célèbre essai « Notes sur le football » écrit en 1896.
« Ce qui est admirable dans le football (rugby), c'est le perpétuel mélange entre individualisme et discipline, la nécessité de chaque homme à penser, anticiper, prendre une décision et en même temps se soumettre à l'un des leurs, aux pensées et décisions de ceux qui sont capitaines. Et même lorsque le sifflet de l'arbitre stoppe un joueur pour une faute commise par un membre de son équipe qu'il n'a pas vu, cela met à l'épreuve la personnalité du capitaine et sa patience. Pour tout cela, le football est vraiment le reflet de la vie, une leçon d'expériences dans le monde réel, un outil pédagogique de premier ordre. »
Le Baron avait 25 ans lorsqu'il a visité l'école de Rugby pour la première fois en 1888. A cette époque, De Coubertin avait déjà lu les travaux de Thomas Arnold, le grand maître du rugby, et le roman de Thomas Hugues, « Tom Brown's schooldays ». Les essais de Thomas Arnold et la vie du jeune Tom Brown ont eu beaucoup d'effets sur le jeune aristocrate dans sa recherche de modèles éducatifs pour son pays traumatisé par la défaite lors du conflit prussien.
Au retour de sa première visite en Angleterre, De Coubertin devint un fervent défenseur de l'éducation physique en général et du football rugby en particulier. Il réussit d'ailleurs à faire accepter ce sport dans plusieurs établissements parisiens, assurant ainsi des bases solides dans le pays pour l'avenir. Il joua lui-même avec des amis au Bois de Boulogne et, bien qu'il n'existe aucune information sur ses prouesses rugbystiques, sa connaissance du jeu était grandement respectée par ses pairs qui le nommèrent arbitre en 1892 pour le match Stade Français – Racing Club de France – match fondateur du championnat français.

Pierre de Coubertin devint ensuite l'un des plus fidèles serviteurs du sport en France. Il joua un rôle significatif dans la création de l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques (USFSA) et dans le développement du rugby en France. Il fut intronisé au tableau d'honneur de World Rugby en 2007.

Le rugby à l'heure olympique 


1900 : les JO de Paris

Le fait qu'en Grèce personne ne jouait au rugby explique sans doute son absence totale lors de la première édition des Jeux Olympiques de l'ère moderne en 1896. Il fallu attendre la deuxième édition quatre ans plus tard pour que le Baron réussisse à rassembler trois équipes pour la toute première compétition de rugby à Pari : une sélection parisienne (représentant la France), le FC Frankfurt (représentant l'Allemagne) et une sélection des Midlands (pour représenter le Royaume-Uni).

La France, menée par le capitaine Frantz Reichel (l'un des amis de Pierre de Coubertin) fut le premier champion olympique en rugby de l'histoire en battant le FC Frankfurt 27-17 et le club anglais des Moseley Wanderers 27-8. Mais le match entre l'Allemagne et la Grande Bretagne n'eut pas lieu. Les Anglais étaient arrivés la veille du match contre la France (un samedi), et durent repartir au pays immédiatement après la rencontre.

C'est pourquoi il y a encore aujourd'hui un flou : le rugby était-il considéré comme une discipline olympique officielle en 1900 ou non ? Sachant qu'en même temps se déroulait l'exposition universelle à Paris... A l'inverse d'autres sports qui ont été rayés de la liste des disciplines officielles olympiques après coup, le rugby remplissait déjà tous les critères pour y être éligible : son caractère international (avec trois équipes : France, Allemagne et Grande-Bretagne), disputé par des amateurs, sans l'intervention d'équipements mécaniques et n'impliquant aucun handicap quel qu'il soit.

1908 : les JO de Londres

Sans surprise, les USA ne retinrent pas le rugby comme discipline olympique lors des JO de Saint-Louis en 1904. Mais les JO de Londres quatre ans après lui firent une place de choix dans le programme officiel. Un programme qui limitait le nombre d'équipes à quatre avec tous les matches devant être joués dans le même stade le même jour, soit le 19 octobre 1908. La médaille olympique revenait à l'équipe vainqueur.

A en croire la version officielle des JO de 1908, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud déclinèrent l'invitation alors que l'Irlande, le pays de Galles et l’Écosse l'ignorèrent. Il ne resta donc plus que l'Angleterre, la France et l'Australie pour jouer ensemble. Il était prévu que l'Angleterre rencontre la France, le vainqueur devant rencontrer l'Australie. Mais une semaine avant l'échéance, la France se rétracta au motif qu'elle ne pouvait monter une équipe représentative. Les deux équipes restantes, l'Australie – composée de Wallabies en tournée – et l'Angleterre – représentée par le club champion du pays, Cornwall, disputèrent le seul match des JO de 1908. Les Wallabies démolirent Cornwall 32-3 dans un match à sens unique.

Lors du dîner d'après-match organisé par la fédération de rugby de Londres, auquel tous les médaillés olympiques assistèrent, le capitaine des Wallabies, le Dr Herbert Moran, répliquant au toast porté par Sir G. Rowland Hill, le président de la fédération anglaise de rugby, déclara qu'ils avaient été enchantés de l'accueil mais qu'ils regrettaient profondément ne pas avoir pu rencontrer une équipe vraiment représentative du Royaume-Uni lors de ces Jeux Olympiques. Lorsqu'ils avaient décidé d'y participer, ils pensaient bien pouvoir battre ou être battus par les meilleures équipes du monde.
 
1920 : les JO d'Anvers

Absent du programme des JO de 1912, le rugby refit son apparition après la Grande Guerre en 1920 à Anvers (Belgique). Les fédérations locales refusèrent d'y prendre part, arguant que septembre était bien trop tôt pour la saison pour permettre aux Britanniques de se mesurer à armes égales avec les autres équipes. La Roumanie et la Tchécoslovaquie se retirèrent au dernier moment, ce qui laissa les USA (composée d'étudiants californiens) et la France face à face.
L'entraîneur des USA, l'ancien ailier des Wallabies Daniel Carroll – en ce temps-là étudiant à Stanford en Californie – surprit les Français par la vigueur du jeu des Américains et la précision de leur travail en défense. Ils remportèrent la victoire 8-0, ce qui fit de Daniel Carroll le première double médaillé d'or olympique de la discipline.  

1924 : les JO de Paris

La compétition olympique de rugby débuta le premier jour des JO, le 4 mai, par un match France (en ce temps-là aguerris au Tournoi des V Nations) Roumanie (nouveaux arrivants sur la scène internationale du rugby comme des JO). Sans surprise les Tricolores l'emportèrent par une large victoire 61-3 – voire 59-3 selon certaines sources – marquant un record de 13 essais pendant la rencontre. Une telle victoire donna à l'équipe et à son public un sentiment d'invulnérabilité, exacerbé par une campagne médiatique intense.
Le dimanche suivant, le 11 mai, l'équipe des USA défit à son tour la Roumanie à Colombes bien que les Roumains ne se laissèrent pas faire cette fois et tentèrent de limiter la casse par 39-0 face aux Américains qui inscrivirent huit essais. Cette nouvelle défaite élimina la Roumanie des JO non sans avoir remporté la médaille de bronze, la toute première médaille olympique de son histoire.
La finale olympique se déroula à Colombes, le 18 mai, devant une foule partisane de 50 000 personnes. Une fois encore les Américains surprirent leurs hôtes et la foule par leur rythme, leurs capacités et leurs plaquages. Ils l'emportèrent 17-3 avec cinq essais.


1928: les JO d'Amsterdam

En 1925, le Baron Pierre de Coubertin quitta son poste à la présidence du comité international olympique (CIO) laissant le Comte Baillet-Latour prendre la suite. Mais celui-ci ne partageait pas le même enthousiasme que son prédécesseur pour le rugby. En 1925, le congrès olympique, où Baillet-Latour fut élu deuxième président du CIO, déclara son désamour envers les sports d'équipe. Et malgré la protestation des étudiants hollandais qui militaient pour le maintien du rugby dans le programme officiel des 9e JO à Amsterdam, celui-ci fut tout simplement effacé de la liste des disciplines olympiques.

Le rugby n'a plus jamais rejoint la liste officielle. Son lointain cousin d'Amérique, le football américain, fit une démonstration lors des JO de 1932 à Los Angeles. Ce fut la dernière fois qu'un ballon ovale figura aux Jeux Olympiques. Il y eut bien un dernier tournoi pré-olympique entre la France, l'Allemagne, l'Italie et la Roumanie, mais juste avant les JO de Berlin en 1936.

Les années 1990

Le rugby s'est étendu dans le monde entier et n'a jamais pu recoller aux Jeux Olympiques jusqu'au début des années 90 où des réunions informelles ont commencé à avoir lieu pour tenter de réunir les deux mouvements. Ces réunions furent notamment menées par le secrétaire de World Rugby Keith Rowlands et le secrétaire du comité olympique britannique Dick Palmer. Lorsqu'en 1994 le Gallois Vernon Pugh fut élu président de World Rugby, la marche pour intégrer le rugby aux JO recommença de plus belle.

Pugh arriva d'abord à convaincre le conseil de World Rugby d'intégrer le mouvement olympique – au début, en temps que fédération on participante – assurant qu'une telle démarche ne pouvait être que bénéfique pour le rugby. Il offrit aux membres de World Rugby la possibilité que les fédérations intègrent aussi les comités nationaux olympiques.

Beaucoup de fédérations européennes, parmi lesquelles la France, l'Italie ou la Roumanie, étaient déjà membres de leur comité national olympique depuis fort longtemps. Et ce que prédit Vernon Pugh se réalisa. L'intégration des fédérations dans les comités olympiques eut un effet positif. La demande d'un retour du rugby aux JO se fit plus pressante d'autant que dans le même temps des pays d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques rejoignaient World Rugby. La pression fut particulièrement forte en Amérique du Nord du fait que les USA furent sacrés par deux fois champions olympiques.
Un pas significatif fut franchi lors d'une cérémonie qui eut lieu à Cardiff en novembre 1994 lorsque World Rugby fut officiellement reconnu comme fédération membre du CIO. A cette occasion, le président du CIO Juan-Antonio Samaranch souligna avec force que l'histoire et les valeurs du rugby étaient finalement en parfaite cohérence avec la philosophie et les traditions de l'olympisme. Cette cérémonie historique permit à World Rugby d'assister désormais aux réunions annuelles du CIO et de voir sa demande de réintégrer les JO étudiée.

 
Le XXIe siècle

Le développement exponentiel et rapide du rugby au cours des cent dernières années, avec l'intégration de toujours plus de membres au sein de World Rugby, accompagné par l'intérêt croissant du public pour le rugby à X comme pour le rugby à 7, ne peut être nié.

Cette croissance rapide a joué à plein dans la reconnaissance et le soutien du rugby au sein du mouvement olympique. Le point culminant fut sa recommandation officielle pour intégrer le programme des JO intervenue en 2001 lors d'une session du CIO. Il fut alors question que le rugby à 7 puisse intégrer les JO de Pékin en 2008.

World Rugby avait proposé l'intégration du rugby à XV ou du rugby à 7. Mais se basant sur l'incroyable engouement lors des Jeux du Commonwealth et des Asian Games, le comité olympique a finalement choisi la deuxième option, considérée comme une version plus jeune et plus rapide du rugby, pouvant vite trouver sa place dans un environnement multi-sport. Malheureusement, la recommandation n'est pas allée au bout. Mais ceci n'a pas empêché World Rugby de poursuivre dans sa quête d'enfin décrocher une place durable.

L'Irlandais Syd Millar, qui avait succédé à Vernon Pugh à la présidence de World Rugby, poursuivit la campagne pour une intégration aux JO avec vigueur. En 2005, il fut alors question de laisser une place au rugby lors des JO de Londres en 2012. Mais là encore le CIO décida de surseoir à la décision arguant qu'il ne souhaitait pas inclure de nouveaux sports, bien que le rugby figura dans une short-list des sports potentiels.

Il revint donc au Français Bernard Lapasset, nouveau président de World Rugby, de formuler une énième demande, cette fois prioritaire. Suivant une campagne concertée par World Rugby, les fédérations membres, les associations locales et l'ensemble de la famille du rugby, le rugby réintégra la short-list des nouveaux sports. Et c'est lors du 121e congrès olympique à Copenhague en octobre 2009 que l'immense majorité des membres du CIO votèrent l'admission du rugby à 7 dans le programme officiel des JO de 2016 et 2020 : 81 votes pour, 8 contre.

Cela sous-entendait alors que les meilleurs joueurs au monde de rugby à 7 masculin et féminin auraient l'opportunité de s'affronter et de décrocher une médaille olympique, le Graal pour tout sportif.

Aujourd'hui, le rugby à 7 est devenu extrêmement populaire dans le monde entier et est pratiqué dans plusieurs événements sportifs internationaux tels que les Jeux Pan Américains, les Asian Games, les Jeux du Commonwealth, les World Games, les Universiade et, depuis 2015, les All African Games. World Rugby croit fermement que le rugby à 7 va renforcer les valeurs de l'olympisme en attirant une audience mondiale très engagée, aussi bien jeune que plus âgée.

Les aspirations de la grande famille du rugby d'enfin réaliser le rêve du fondateur des Jeux Olympiques de l'ère moderne sont en train de prendre forme.