LONDRES, le 15 septembre - Dans le deuxième volet de notre rubrique Flashback, World Rugby TV donne la parole aux protagonistes de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 1991 entre l’Angleterre et l’Australie.

En coulisses

« Pendant les jours précédant la finale, j’étais salement malade. Je pense que c’était dû au stress et à la pression. On est davantage exposé quand on est capitaine. On est toujours conscient de ce qui se trame : est-ce que les gars sont motivés, est-ce qu’ils sont dans le bon état d’esprit, est-ce qu’il y a des zones d’ombre… » – Nick Farr-Jones, Australie.

« On n'avait rien laissé au hasard. Si quoi que ce soit avait dû mal se passer, on savait comment réagir. On avait un plan B. » – Tim Horan, Australie.

L’Angleterre avait atteint la finale en grande partie grâce à la puissance de son pack, à la précision du buteur Jon Webb et à la faculté de Rob Andrew à orienter le jeu où il fallait. Mais en finale, les Anglais ont voulu battre les flamboyants Australiens à leur propre jeu.

La controverse

« Pour une raison que j’ignore, on s’est laissé influencer par le discours des Australiens. Bob Dwyer avait dit des choses du genre: ‘Ce serait terrible pour le rugby si l’Angleterre devenait championne du monde, son jeu est barbant et on se croirait 20 ans en arrière’. Will Carling et moi nous sommes disputés à ce sujet pendant des années. On a bel et bien changé de tactique et on a eu tort. » – Rob Andrew, Angleterre

« Quiconque a joué au rugby sait qu’un trois-quarts ne peut pas décider de changer de tactique sans la bénédiction des avants. On ne voulait pas s’engager dans une bataille tactique basée sur les coups de pied. L’idée était d’essayer de jouer en faisant vivre le ballon. » – Will Carling, Angleterre.

« On ne change pas son style de jeu ou sa tactique du jour au lendemain. On a le style ou on ne l’a pas. » – David Campese, Australie.

This video was not ingested to the CMS via Brightcove and is therefore not supported.
Australia break England hearts at Twickenham
Australia's Nick Farr-Jones, David Campese and Tim Horan, and England's Will Carling, Rob Andrew and Rory Underwood look back to the final of Rugby World Cup 1991 where Australia beat England in the final.

Alors que l’Australie tentait de résister à la marée blanche, seul un en-avant volontaire de David Campese a empêché le XV de la Rose d’aller en terre promise.

Le match

« On les a fait souffrir. On avait ouvert beaucoup de brèches et il ne nous manquait qu’une passe supplémentaire pour aller à dame. » – Rob Andrew, Angleterre.

« J’ai levé la tête et j’ai vu Rory Underwood, Guscott et Winterbottom face à moi. Winterbottom avait le ballon et il fallait que je prenne une décision. Je savais qu’il n’avait pas les réflexes ni la dextérité d’un trois-quarts, qu’il lui faudrait du temps pour contrôler le ballon alors je suis allé sur lui. Qu’est-ce que vous auriez fait à ma place ? » – David Campese, Australie.

« Sans que je sache pourquoi, l’Angleterre s’est recroquevillée et ça nous arrangeait bien. Si elle avait continué à pousser, on aurait eu du mal à s’en sortir. » – Tim Horan, Australie.

« Quand on enfile le maillot des Wallabies, on a envie de claquer cinq ou six essais, de partir de 50 mètres en faisant passer le ballon entre toutes les mains. Mais ce jour-là, on a marqué un pauvre essai sur un maul de cinq mètres, l’essai le plus banal qui existe. » – Nick Farr-Jones, Australie.

« Ils n’ont eu qu’une seule occasion : une touche et hop, un essai. Un réalisme impitoyable, une exécution sans faille. Ils nous ont pris au dépourvu. On a eu beaucoup de temps forts mais on n’a pas su les concrétiser. On n’a pas été assez précis et c’est ça qui a fait la différence. » – Will Carling, Angleterre.

Grâce à l’essai de Tony Daly, l’hémisphère sud conserverait donc la Coupe Webb Ellis jusqu’à l’édition suivante en Afrique du Sud.

Le mot de la fin

« C’est le seul match de ma carrière que j’aimerais rejouer. Et je pense que je ne suis pas le seul. » – Rob Andrew, Angleterre.

« J’aurais adoré remporter une Coupe du Monde, plus que tout au monde. Mais en toute honnêteté, je pense que l’Australie était au-dessus. » – Will Carling, Angleterre.

« Des années après, les gens ne se souviennent pas comment on a gagné. Ils savent juste qu’on a été champions. J’aurais probablement nourri des regrets jusqu’à la fin de mes jours si on avait perdu ce jour-là. » – Nick Farr-Jones, Australie.

RNS sw/rr/sc