Pour Jo Yapp, l'opportunité de devenir la première entraîneure à plein temps des Wallaroos et de diriger une équipe talentueuse dans la perspective de la Coupe du Monde Rugby Féminin 2025 était trop belle pour la laisser passer.

Jo Yapp, l'ancienne capitaine de l'équipe d'Angleterre devenue une entraîneure très appréciée, avait été informée du poste vacant en Australie suite à la disparition de son équipe féminine en Angleterre, les Worcester Warriors Women, qu'elle avait contribué à faire monter en puissance.

Immédiatement après le départ « déchirant » de Worcester de l'Allianz Premiership Women's Rugby, un événement qui l'a complètement surprise, Yapp a consacré son temps à veiller à ce que ses joueuses puissent rebondir dans d'autres clubs.

Mais au fur et à mesure que le temps passait et qu'elle passait les entretiens avec Rugby Australia, son enthousiasme à l'idée de devenir la première femme à la tête des Wallaroos s'est renforcé.

« Plus j'en apprenais sur le sujet et plus je faisais des recherches pour mes entretiens, plus j'étais emballée parce que je me disais qu'il s'agissait d'un rôle vraiment passionnant et d'une véritable opportunité de développer quelque chose que j'aime vraiment faire », explique Jo Yapp dans un entretien exclusif à World Rugby.

« Le potentiel des joueuses qui sont là [est élevé], il y a évidemment des athlètes très talentueuses mais aussi... elles cherchent vraiment à faire avancer le programme.

« Et ce n'est pas seulement d'un point de vue financier, bien qu'ils cherchent à augmenter les investissements, mais ils cherchent aussi à développer le programme et à créer un programme de haute performance pour les joueuses, ce qu'elles veulent vraiment.

« Évidemment, c'est quelque chose que j'aime beaucoup faire, alors je me suis dit : 'Oui, c'est un projet dans lequel je veux m'impliquer'. »

Combler le fossé avec les autres nations

Jo Yapp se rendra en Australie courant janvier pour prendre ses nouvelles fonctions et envisage d'avoir des entretiens individuels avec les joueuses, ainsi que d'aller rendre visite aux clubs et aux entraîneurs du Super W en janvier et février.

Son premier match à la tête des Wallaroos aura lieu un peu plus tard dans l'année, lorsque son équipe participera aux World Rugby Pacific Four Series 2024.

Les Wallaroos ont terminé troisièmes du tournoi de la saison dernière, une performance qui leur a permis de participer à la toute première édition du WXV 1, au cours de laquelle les Australiennes ont battu la France et le Pays de Galles pour terminer devant ces deux équipes ainsi que la Nouvelle-Zélande, pays hôte, au classement.

Jo Yapp espérera s'appuyer sur ces résultats prometteurs pour tenter d'améliorer la position de l'Australie dans le classement World Rugby féminin présenté par Capgemini et rivaliser de manière plus régulière avec l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande, la France et le Canada devant elles.

Depuis la mise en place du classement en février 2016, les Wallaroos ont toujours occupé une position entre la cinquième et la septième place, passant la majorité des trois dernières années - et chaque semaine des huit derniers mois - à une place en dehors du top quatre.

« En fin de compte, l'objectif global est de combler le fossé », confirme Jo Yapp. « Bien sûr, il y a l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande et la France, puis le Canada, et les Wallaroos sont cinquièmes depuis un certain temps.

« Nous devons combler le fossé et essayer d'être régulièrement dans les quatre premiers, mais c'est qu'il y a un fossé, là. Ce sont les équipes qui sont professionnelles ou qui suivent des programmes de haute performance depuis bien plus longtemps.

« C'est donc bien l'opportunité qui s'offre à nous : essayer de combler ce fossé. »

Jo Yapp confie qu'elle ne saura pas exactement comment relever ce défi tant qu'elle n'aura pas atterri en Australie et qu'elle n'aura pas pu « voir les choses en action ».

« Pour l'instant, la priorité pour moi est d'apprendre à connaître individuellement les joueurs qui font partie du programme », ajoute-t-elle. « Ensuite, j'irai jeter un coup d'œil dans les clubs pour voir ce qu'il y a de mieux, apprendre à connaître le jeu et les entraîneurs.

« Nous avons besoin d'une approche vraiment collaborative pour tirer le meilleur parti de chacune et chacun. »

L'attrait de la Coupe du Monde Rugby Féminin

Même si Jo Yapp ne prendra officiellement ses fonctions que la semaine prochaine, elle a été en contact avec Jaime Fernandez, responsable national de la haute performance féminine en Australie, et avec l'ancien staff d'entraîneurs, qui était dirigé par Jay Tregonning, pour tenter de comprendre le défi qui l'attend à l'autre bout du monde.

« Ils ont été brillants en me donnant un aperçu de la situation », raconte Yapp. « Je suis au téléphone pratiquement tous les jours en ce moment parce que plus j'apprends à connaître et à comprendre le programme, mieux c'est pour moi lorsque j'arriverai sur le terrain. »

Rugby Australia et elle espèrent qu'elle se lancera rapidement dans le bain, d'autant plus qu'il reste moins de deux ans avant le coup d'envoi de la Coupe du Monde Rugby Féminin 2025 à Sunderland, en Angleterre.

Pour quelqu'un qui a participé à deux finales de la Coupe du Monde Rugby féminin, en tant que capitaine de l'Angleterre lors de la défaite contre la Nouvelle-Zélande à Edmonton en 2006, la chance d'entraîner lors du tournoi majeur était un énorme appel.

D'autant plus qu'elle n'a pas connu de Coupe du Monde de Rugby en Angleterre en tant que joueuse. « C'est vraiment excitant », assure Yapp.

« La dernière fois que la Coupe du monde s'est déroulée en Angleterre (en 2010), je venais juste de terminer [de jouer] et j'ai en quelque sorte raté l'occasion.

« Je pense que la prochaine Coupe du monde sera encore plus importante que la précédente. Vous savez, elle a été très réussie en Nouvelle-Zélande et je pense que l'Angleterre s'est fixé des objectifs très forts pour remplir Twickenham et d'autres choses de ce genre.

« C'est donc très excitant, pour quiconque est impliqué dans ce projet et dans le rugby féminin, c'est une énorme opportunité. »