« Retentissante » est probablement la meilleure façon de décrire la victoire des Red Roses dans le match décisif du WXV 1 contre la Nouvelle-Zélande à Auckland samedi 4 novembre 2023.

Le résultat 33-12 leur a permis de terminer championnes de la toute première édition du WXV 1. Pour couronner le tout, la capitaine Marlie Packer a été élue Joueuse World Rugby de l'Année, en partenariat avec Mastercard, lors de la cérémonie qui a suivi la rencontre.

La marge de victoire a permis à l'Angleterre de porter à 5,62 points son avance en tête du classement mondial féminin World Rugby présenté par Capgemini.

Mais comment ont-elles fait ? L'Angleterre est arrivée en Nouvelle-Zélande avec une nouvelle équipe, un entraîneur par intérim et beaucoup d'attentes, après avoir réalisé le grand chelem du Tournoi des Six Nations féminin plus tôt dans l'année, ainsi que deux belles victoires contre le Canada en match de préparation.

Leur premier match du WXV 1 a opposé les Anglaises à l'Australie dans une reprise du quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby de l'année dernière, que l'Angleterre avait remporté 41-5, et qui a donné lieu à un match remarquablement similaire.

La victoire 42-7 au Sky Stadium était remarquable et pas seulement parce qu’il s’agissait de quasiment le même score qu’un an auraparavant. Ce n'est un secret pour personne que les Red Roses allaient beaucoup miser sur leur touche et leur groupé pénétrant pour marquer, mais les variantes dont elles ont fait preuve dans les phases de conquête ont été impressionnantes.

Hannah Botterman, Ella Wyrwas, Jess Breach, Megan Jones et Packer elle-même, avec un doublé, ont marqué des essais.

Si l'on ajoute à cela une soirée parfaite de Holly Aitchison au poste de buteuse, on peut dire que le tournoi commençait de la meilleure façon qui soit. Pourtant, le sélectionneur Louis Deacon et Packer ne manquaient pas de souligner que cette équipe d'Angleterre était loin d'être au point.

« Nous avons commencé une nouvelle aventure avec un tout nouveau staff, ce qui fait que nous apprenons tout le temps. Ce qui est bien, c'est que notre équipe est bien équilibrée, nous ne nous appuyons pas uniquement sur les phases statiques et le maul.

« Nous avons ça dans notre jeu et par moments nous pouvons en montrer un peu plus, mais ce qui compte, c'est de trouver cet équilibre », expliquait Deacon, alors que l'équipe se dirigeait vers Dunedin et un nouveau rendez-vous avec le Canada.

Atkin-Davies fait avancer l'Angleterre

Lors de ce match, l'Angleterre a une nouvelle fois démontré ses capacités offensives sur l'ensemble du terrain, même si elle s'est appuyée sur une touche puissante et fiable.

Lark Atkin-Davies a bénéficié de la domination en conquête, inscrivant un nombre record de quatre essais. Mais c'est en fin de rencontre que les Red Roses se sont vraiment lâchées, Ellie Kildunne jouant un rôle majeur dans deux essais stupéfiants venus de loin et marqués par Breach et Claudia MacDonald.

Atkin-Davies a reçu le titre de Joueuse du match à l'issue de la victoire 45-12, mais la talonneuse des Red Roses n'a pas manqué de féliciter ses coéquipières.

« Je dois rendre hommage à mes avants », a-t-elle déclaré. « La conquête est un élément important de l'identité de cette équipe. Tout le monde doit jouer son rôle et être à la hauteur.

« Heureusement, c'est moi qui passe la ligne à la fin, mais on a besoin de tous les avants pour arriver à ça. »

Le décor était donc planté pour une revanche très attendue contre la Nouvelle-Zélande le week-end suivant à Auckland. Le match déciderait du vainqueur du WXV 1 2023, mais Packer était catégorique sur le fait que la terrible défaite de son équipe en finale de la Coupe du Monde Rugby 2021 contre les Black Ferns ne nourrissait pas leur motivation.

« Nous sommes un groupe totalement différent », confiait-elle.

« Nous avons incontestablement grandi depuis l'année dernière - pas seulement les joueuses, mais aussi le staff. Nous avons toutes hâte d'être à la semaine prochaine, après avoir fait nos preuves lors des deux premiers matchs. »

Helena Rowland, qui avait manqué la finale de l'année dernière à cause d'une blessure, faisait écho à ses sentiments. « Il y a eu beaucoup de nouveautés, de nouveaux entraîneurs, de nouvelles idées », ajoutait-elle.

« Ce qui a été très rafraîchissant pour nous toutes et je pense que tout le monde a bien accueilli ce changement. » 

« C'est une période très stimulante »

Ce qui motivait les Red Roses a visiblement fonctionné, car elles ont pris le meilleur départ possible dans le match final.

La Nouvelle-Zélande devait gagner avec un point de bonus pour remporter le titre, mais l'équation se compliquait immédiatement lorsque l'Angleterre entrait directement dans les 22 et gagnait une mêlée à cinq mètres. Une énorme poussée permettait à Alex Matthews de plonger au-dessus, puis Atkin-Davies inscrivait un autre essai sur pénaltouche peu après.

Sarah Bern aplatissait à son tour à la 23e minute, donnant aux Red Roses une avance de 19-0.

L'inévitable retour des Black Ferns s'est produit de part et d'autre de la mi-temps, puisqu'elles ont marqué deux fois pour réduire l'écart à 19-12. Les Red Roses n'ont pas paniqué pour autant, gardant la possession du ballon et remportant quelques pénalités capitales qui leur ont permis de se retrouver en excellente position sur le terrain.

Packer a souligné qu'il avait fallu faire preuve de sang-froid, et c'est le message qu'elle avait transmis à son équipe.

« On a parlé de ce qu'il fallait faire, mais on savait que ce qu'on faisait était bien », a-t-elle indiqué à l'issue de la rencontre. « Il fallait juste qu'on passe à la vitesse supérieure. »

Dès lors, les Red Roses ont patiemment appliqué leurs plans de jeu, inscrivant deux magnifiques essais signés Morwenna Talling et Zoe Aldcroft qui ont permis de sécuriser le score et de le porter à 33-12 au final.

Deacon a toutefois rendu hommage à ses adversaires, déclarant que les Black Ferns « sont une équipe exceptionnelle ».

« Elles nous ont vraiment mis à l'épreuve », a-t-il ajouté. « Je pense que si l'on veut se mesurer à elles, il faut que tous les aspects du rugby fonctionnent. Et c'est ce qui est agréable. »

L'autre point positif, c'est que cette équipe des Red Roses a l'impression de n'en être qu'au début de son parcours. Pour Packer, c'est la culture de son équipe qui a permis de soulever le trophée.

« Il n’y a pas de question d'individualités dans le groupe. Ce qui compte, c'est que nous soyons unies, que nous fassions des performances comme nous l'avons fait dans ce tournoi et que nous les confirmions à chaque fois », a-t-elle déclaré.

« Comme vous le savez, c'est une période très stimulante pour les Red Roses et très compétitive. »