Le rugby à sept a permis de placer Madagascar sur la planète rugby. Après une première participation remarquée lors de la Coupe du Monde de Rugby à Sept en 2022 au Cap, Madagascar a ensuite participé aux World Rugby Sevens Challenger Series fin avril 2023. Deux rendez-vous qui n’ont pas donné les meilleurs résultats aux Ladies Makis (9e place aux Challenger Series), mais qui ont eu le mérite de montrer que le rugby féminin pouvait performer au plus haut niveau.

Le staff des Makis Dames à XV, emmené par l’entraîneur chef Alain Randriamihaja, n’en a pas perdu une miette. Et rêve désormais de porter le XV malgache féminin au plus haut niveau mondial. Le cap est déjà fixé : la Coupe du Monde de Rugby 2025 en Angleterre. Et pour cela, il va falloir déjà remporter la Rugby Africa Women’s Cup Division 1 2023 à partir de ce week-end pour espérer figurer dans le WXV 2 puis tout faire pour finir parmi les meilleurs car au moins les cinq équipes non qualifiées les mieux classées à la fin du WXV 2024 se qualifieront pour le tournoi mondial.

« Ce tournoi, c’est la porte pour nous, c’est une étape obligée, et on a espoir de sortir vainqueur », insiste le manager qui reprend étape par étape. Car qui sortira vainqueur de la Rugby Africa Women’s Cup intégrera le WXV 2 qui se déroulera les week-ends des 14, 21 et 28 octobre 2023 au Cap. L’équipe arrivée deuxième sera versée dans le WXV 3.

« Le rugby à sept a montré la voie et c’est maintenant le moment pour le XV de chercher à se qualifier pour la Coupe du Monde », affirme Berthin Joseph Rafalimanana, le manager. La première étape de cette grande aventure se jouera donc ces prochains jours, au stade Makis d’Andohatapenaka.

TROIS ADVERSAIRES CORIACES

Pour déterminer le représentant de l’Afrique dans le WXV 2, trois rencontres sont prévues dans la Rugby Africa Women’s Cup Division 1 contre le Kenya (25e mondial), puis le Cameroun (29e mondial) et enfin l’Afrique du Sud (13e mondial). Trois gros adversaires pour la jeune équipe de Madagascar, classée 28e au classement mondial féminin World Rugby présenté par Capgemini.

Car si le rugby féminin se développe sur l’île depuis le début des années 90, il faut remonter à seulement quatre ans en arrière pour avoir la date du premier test international pour ce jeune pays sur la planète rugby. Le 9 août 2019, les Ladies Makis s’inclinaient face au Kenya dans cette toute première rencontre qui comptait déjà dans le processus de qualification pour la Coupe du Monde de Rugby (l’édition 2021, jouée en 2022 en Nouvelle-Zélande).  

Six autres rencontres internationales ont suivi. Après un nul contre le Kenya en 2021, Madagascar est actuellement sur une série de quatre victoires, dont deux contre le Kenya. Défaites une fois par l’Afrique du Sud (0-73 le 13 août 2019 pour leur deuxième test de leur histoire) jamais encore les Malgaches n’ont joué contre le Cameroun. « C’est une nation qui vient de monter et qu’on ne connait pas. Mais si cette équipe arrive à entrer dans ce carré, peut-être qu’il y aura une surprise avec elles », confie Berthin Rafalimanana.

LES MAKIS, UN EMBLEME QUI CARACTERISE LEUR JEU

Pour se préparer au mieux, le staff a réuni son groupe pour un stage bloqué depuis le 15 mai à raison de deux entraînements à haute intensité chaque jour pour travailler les phases statiques, les lancements de jeu, la mêlée… Mais pas de plan de jeu spécifique, à en croire les confidences.

« On n'a pas de stratégies exactes contre les trois adversaires », confirme Berthin, lui-même ancien entraîneur de l’équipe nationale pendant 40 ans et expert sur le jeu malgache.

« Le propre du jeu malgache », dit-il « c’est de se baser sur l’improvisation. L’improvisation, c’est ça la caractéristique du jeu malgache. Notre vrai style, c'est le jeu déployé. Mais comme tous les adversaires connaissent maintenant notre style, on travaille des petites combinaisons de passes. On cherche à faire des surprises aux adversaires. On se base sur la patience et la contre-attaque, sur le côté défensif. 

« Vous savez, les Malgaches sont des gens qui ont la vie dure ici. On est endurant et on est un peu sprinter aussi. Vous connaissez les Makis ? C’est notre appellation et c’est ce qui nous caractérise : l’agressivité, la combativité et l’intelligence. C’est notre ADN. »

LES ATOUTS DES MAKIS DAMES

Pour les aider dans leur quête à la fois d’une reconnaissance internationale et d’une chance de titiller les sommets du rugby mondial, le staff a accueilli dimanche 14 mai une recrue de choix en la personne de Jeanne Sorin Marie Louise. Expatriée en France, la Malgache de naissance évolue avec le Racing 92 et a souhaité apporter toute son expérience à son équipe nationale.

« Le contact s’est fait sur un clic », raconte Berthin Rafalimanana. « C’est sur Facebook qu’on l’a su. Elle nous a contacté et était d’accord pour payer son voyage et ses dépenses. Car c’est ça notre problème vis-à-vis des expatriés car on n’a pas les moyens de les faire venir. Et là, c’est elle qui nous a confirmé qu’elle pouvait venir.

« Tout se passe très bien ; c’est comme si on avait toujours joué ensemble. Elle est polyvalente, mais je pense qu’on va surtout la faire jouer troisième-ligne. Elle va jouer au moins sur deux matchs. Il faut qu’elle s’adapte à notre jeu et à notre climat. En ce moment, on attend l’hiver mais il fait encore très chaud. »

L’autre plus dans l’équipe, pour épauler le placide Randriamihaja, l’ancienne capitaine Natiora Tsinjo Raharinirina jusqu’à la fin de la saison dernière, a été appelée comme assistante. Son expérience du haut niveau en tant que joueuse à sept et à XV depuis 2010 est précieuse.

A en croire, le staff, le groupe est prêt. « D’habitude, pendant chaque préparation, il y a toujours des blessées », précise le manager. « Mais dans cette équipe-là, pour l’instant nous n’avons aucune blessure ! C’est un bon signe pour nous. »

Enfin, le troisième atout de l’équipe sera sans conteste son public. « Après l’Afrique du Sud, c’est nous qui avons le plus grand public », tient à préciser le manager. « Un simple match local du championnat le week-end, on arrive à avoir 10 000 personnes. Donc pour les filles, on aura du monde ! »