Qui se souvient de Derek Bevan ? C'est lui qui tenait le sifflet lors de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 1991 en Angleterre. Il l'a d'ailleurs tenu pendant quatre Coupes du Monde de Rugby. Aujourd'hui retiré des terrains pour se concentrer sur sa tâche d'arbitre vidéo, il fut l'un des meilleurs arbitres de sa génération, le plus célèbre des arbitres gallois depuis Clive Norling. Et tout ça grâce à une prestation en particulier, celle qui a fondé sa réputation : cette finale entre l'Angleterre et l'Australie le 2 novembre 1991 à Twickenham.
Un essai de Tony Daly et huit points acquis par la botte de Michael Linagh pour l'Australie face à deux pénalités de Jon Webb, et voilà l'Australie sacrée championne du monde de rugby malgré le plus faible écart de points en finale d'une Coupe du Monde, 12-6. Ce soir là, l'Australie devenait la deuxième équipe, après la Nouvelle-Zélande quatre ans auparavant, à lever la Coupe Webb-Ellis.
Confession
Mais à dix minutes de la fin du match, les choses auraient pu être différentes si Bevan avait accordé un essai de pénalité aux Anglais contre les Wallabies. Que se serait-il produit si la passe de Peter Winterbottom avait finalement atterri dans les mains de Rory Underwood au lieu d'être balayée par David Campese ? Une chose est sûre, Underwood était bien placé pour marquer.
« J'entendais les gens réclamer un essai de pénalité », raconte Derek Bevan. « J'ai regardé, mais on ne voyait pas bien. Dans mon esprit, il n'y avait aucun doute : il n'y avait pas d'essai de pénalité à accorder. »
« Steve Jones, qui était journaliste spécialisé dans le rugby au Times a écrit un très bon article ensuite comme quoi il était impossible pour moi de pouvoir accorder un essai de pénalité. Et plus je regarde cette séquence, plus je suis convaincu que mon choix sur le coup était le bon. »
Le plus dur c'est d'attendre le coup d'envoi
Cette finale restera gravée à jamais dans sa mémoire. « La finale, c'est un match tous les quatre ans et une seule personne peut le faire », dit-il. « C'est incroyable de penser que vous êtes là, sur le terrain, et des millions de personnes à travers le monde vous regardent. Le plus dur c'est d'attendre le coup d'envoi. Vous pensez à mille choses à la fois. »
« Lorsque le match est lancé, vous devez être à 100% de votre concentration. Un tout petit incident peut changer le cours d'un match, surtout s'il s'agit de jeu dangereux ou de quelque chose de sournois que les trois arbitres de terrain ne peuvent pas voir. »
Âgé maintenant de 68 ans, Derek Bevan a arbitré une demi-finale à chacune des Coupes du Monde de Rugby suivantes, avant de prendre sa retraite en 2000. Il a également arbitré un certain nombre de matchs cruciaux tels que la finale de la H Cup en 1997.