Pour être un buteur de haut niveau, il faut avoir des nerfs d'acier ainsi qu'une technique digne de confiance. Samuel Marques a prouvé qu'il possédait les deux lorsqu'il a tapé la pénalité de dernière minute qui a permis à son équipe de se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 en tant que vainqueur du Tournoi de Qualification Final.

Le demi de mêlée a été très régulier dans l'attribution des points pour son pays grâce à la précision de ses coups de pied depuis qu'il a réintégré l'équipe nationale en 2021 après une interruption de huit ans. Mais aucun tir n'a été plus important que celui qu'il a réussi contre les États-Unis vendredi 18 novembre à Dubaï alors que le compteur était dans le rouge.

Le mot de la fin

Jusqu'à ce que Marques, 32 ans, intervienne pour égaliser à 16-16, le Portugal était confronté à la perspective de voir une autre Coupe du Monde de Rugby lui échapper.

Certains de ses coéquipiers n'osaient pas regarder alors qu'il se préparait à botter, et d'autres ne pouvaient pas quitter des yeux ce moment décisif pour leur carrière. Raffaele Storti, dont les exploits en matière d'essais ont été tout aussi déterminants pour la qualification du Portugal pour la France l'année prochaine, a éprouvé un mélange de ces deux sentiments, mais il a su trouver les mots justes.

« Je ne pouvais pas m'arrêter une seconde de regarder. J'étais tellement excité et nerveux à la fois. Je suis allé voir Sam pour lui dire que tout le Portugal comptait sur lui », a révélé l'ailier.

« Ce n'était sans doute pas la chose la plus intelligente à dire, car il avait déjà assez de pression comme ça à gérer, mais ça m'a échappé, je l'ai dit sans même y penser.

« Heureusement, c'est un joueur qui a beaucoup d'expérience et qui sait bien gérer la pression. »

La qualification pour une deuxième Coupe du Monde de Rugby semblait improbable lorsque les États-Unis, menant de trois points, étaient à cinq mètres de la ligne du Portugal à cinq minutes de la fin.

À ce moment-là, Kapeli Pifeleti avait contrebalancé un premier essai de Storti et le capitaine américain AJ MacGinty avait inscrit trois pénalités contre deux pour Marques pour mener 16-13.

Mais le Portugal, et Marques en particulier, a gardé son sang-froid pour prendre place dans la poule C aux côtés du Pays de Galles, de l'Australie, des Fidji et de la Géorgie lors du tournoi de l'année prochaine.

« Personnellement, je suis très excité par la Coupe du monde, surtout parce que nous aurons l'occasion de nous mesurer aux meilleures équipes du monde, avec une forte visibilité. Ça nous permettra de montrer toutes nos qualités, individuellement et collectivement, ce qui, j'en suis sûr, surprendra beaucoup de fans de rugby », a ajouté Raffaele Storti.

« Avoir enfin l'opportunité de se mesurer à ces "géants" dans de si grands stades, avec un public plein de fans portugais, c'est tout ce pour quoi nous nous sommes battus. Nous aurons l'occasion de montrer toutes nos qualités et, espérons-le, d'apporter un peu de joie à nos supporters avec des victoires. »

Objectif clé

Raffaele Storti, qui a marqué 13 essais en 18 tests, insiste sur le fait que le Portugal ne se rendra pas en France pour faire de la figuration, mais bien pour obtenir une qualification automatique pour la Coupe du Monde de Rugby 2027 - en terminant dans les trois premiers de la poule - comme objectif.

« Nous sommes clairement les outsiders de la poule puisque nous ne sommes même pas une équipe entièrement professionnelle. Mais on n'y pense pas, on va penser match par match, se préparer pour chaque match comme si c'était une finale et donner le meilleur de nous-mêmes.

« Nous avons déjà prouvé que nous étions une équipe compétitive, capable de jouer un rugby positif contre des équipes de haut niveau.

« Par exemple, notre match nul contre la Géorgie à Tbilissi dans le Tournoi des Six Nations B (Rugby Europe Championship) en 2022 ou la courte défaite contre le Japon en 2021.

« Nous n'allons pas à la Coupe du Monde de Rugby juste pour nous amuser, nous avons des objectifs et la troisième place est le principal. »

La qualification pour leur première Coupe du Monde de Rugby depuis 2007, et seulement la deuxième de leur histoire, a été longuement célébrée avant qu'ils ne rentrent au Portugal pour un accueil en héros.

« C'était inoubliable, je n'ai jamais vu l'équipe aussi heureuse », a raconté Storti.

« À Dubaï, nous avons fait la fête tous ensemble, staff et joueurs, et c'était vraiment drôle. Il était clair que nous étions devenus plus qu'une équipe au fil des années, mais de très bons amis. »

Une nouvelle ère

Lorsque Raffaele Storti est arrivé dans l'équipe nationale portugaise senior en 2019 en tant que pur produit de l'équipe U20 du pays, Os Lobos se trouvait encore dans le tier trois de Rugby Europe.

Ce n'est que l'année suivante qu'ils ont été promus au Rugby Europe Championship et ont commencé à redevenir une force sous la direction de Patrice Lagisquet.

La nomination de Lagisquet a été un coup de maître et Storti attribue à l'ancien ailier du XV de France le mérite d'avoir défini une direction claire pour l'équipe et d'avoir obtenu l'adhésion de toutes les personnes concernées.

« Avant l'arrivée de Patrice, l'équipe nationale n'était pas compétitive et il n'y avait pas d'objectif suffisamment ambitieux pour faire oublier aux joueurs leurs autres tâches.

« Comme le rugby est amateur au Portugal, les joueurs avaient d'autres emplois et d'autres priorités. De plus, certains joueurs professionnels jouant à l'étranger ne voulaient pas risquer de se blesser ou d'être exclus de leur club, et ont donc choisi de ne pas représenter le Portugal.

« Cependant, avec l'arrivée du nouveau staff et la promotion du Portugal dans le Tournoi des Six Nations B, un nouvel objectif et un nouvel espoir sont apparus : la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2023.

« Lorsque Patrice est arrivé, il a non seulement apporté beaucoup de compétences et d'expérience au groupe, mais aussi des règles et des exigences différentes pour les joueurs.

« À mon avis, c'est cette ambition collective, ainsi que la nouvelle expertise apportée par le nouveau staff (Lagisquet, Hervé Durquety, João Mirra, Luis Pissarra) qui ont été les clés de notre succès. »