La Nouvelle-Zélande va relancer l'une des plus grandes rivalités de l'histoire de la Coupe du Monde de Rugby lorsqu'elle rencontrera l'Angleterre en finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021 à l'Eden Park samedi 12 novembre.

En battant la France de justesse dans la deuxième demi-finale, les Black Ferns ont réussi à obtenir une cinquième finale de la Coupe du Monde de Rugby contre les Red Roses, après que l'Angleterre ait battu le Canada.

Ainsi, la Coupe du Monde de Rugby 2021 sera disputée par les deux premières nations au classement mondial féminin World Rugby présenté par Capgemini, tandis que le Canada et la France se rencontreront dans la finale de bronze.

Mais qu'avons-nous appris des deux demi-finales à l'Eden Park ?

La profondeur des Black Ferns

Le directeur du rugby des Black Ferns, Wayne Smith, a reconnu que la victoire 25-24 de son équipe sur la France à l'Eden Park n'avait pas été pas très agréable à suivre tant le suspens était énorme jusqu’au bout.

Onze ans après avoir fait partie du staff qui avait en quelque sorte subi la victoire d'un point des All Blacks contre la France en finale de la Coupe du Monde de Rugby 2011 dans le même stade, il est compréhensible que Smith ait eu un sentiment de déjà-vu.

Mais, alors qu'il n'a pas caché les fautes commises par son équipe en première période samedi 5 novembre et a laissé entendre que les Black Ferns ont « encore du chemin à faire » pour arriver au niveau de l'Angleterre si elles veulent remporter une sixième Coupe du Monde de Rugby, les Néo-Zélandaises ont déjà accompli quelque chose de beaucoup plus visible pour le moment. Elles ont captivé l'attention du public néo-zélandais.

Jusqu'à présent, 107 600 fans ont déjà assisté aux matchs de la Coupe du Monde de Rugby 2021, et ce chiffre devrait augmenter de manière significative samedi prochain après que les demi-finales ont déclenché une forte hausse des ventes de billets.

« Je ne pense pas que les gens réalisent à quel point ça fait une différence pour nous sur le terrain, de savoir que nos familles, notre pays nous soutiennent et sont fiers de nous », a déclaré Ruahei Demant, co-capitaine des Black Ferns.

« Les gens viennent soutenir les filles et le rugby féminin comme jamais auparavant, encore et encore. »

Les supporters des Black Ferns qui ont la chance d'avoir des billets pour samedi devraient se rendre à l'Eden Park en sachant que leur équipe sera encore meilleure après l'examen que la France leur a fait passer.

Aucune équipe de la Coupe du Monde de Rugby 2021 n'a en effet réussi à étouffer l'attaque des Black Ferns comme l'ont fait les Bleues pendant une grande partie de leur demi-finale.

Ce qui leur plaira, ainsi qu'à Smith, c'est la manière dont l'équipe a surmonté les difficultés qu'elle a rencontrées à l'Eden Park.

Au cœur de cet effort se trouvait la paire de centres Theresa Fitzpatrick et Stacey Fluhler. Très expérimentées sur la scène du rugby à sept, elles n'en étaient samedi qu'à leur cinquième test ensemble.

Toutes deux ont eu un impact énorme des deux côtés du ballon, apportant un calme en attaque et en défense tout en contribuant à un essai chacune et, fait révélateur, elles sont restées associées pendant les 80 minutes.

L'Angleterre posera à nouveau un défi différent en finale, mais Fitzpatrick, Fluhler et la Nouvelle-Zélande seront sûres de pouvoir le relever.

La force d'Abby Dow

L'après-midi où il avait sélectionné son groupe pour la Coupe du Monde de Rugby 2021, le sélectionneur de l'Angleterre Simon Middleton avait insisté sur le fait qu'il aurait été plus risqué de ne pas sélectionner Abby Dow que de l'emmener en Nouvelle-Zélande.

À ce moment-là, fin septembre, Dow n'avait pas joué depuis plus de cinq mois, depuis sa fracture à la jambe contre le Pays de Galles en avril, et il n'était pas non plus garanti qu'elle soit apte à affronter les Fidji lors du match d'ouverture de la Coupe du Monde de Rugby 2021 du XV de la Rose.

Middleton a cependant estimé que l'ailière des Wasps possédait une capacité de finition exceptionnelle et pouvait à elle seule faire basculer le match.

C'est pourquoi l'Angleterre a tant investi dans son rétablissement, et en a récolté les fruits en deuxième mi-temps contre le Canada, lorsque Dow a marqué un superbe essai qui leur a assuré la victoire.

Elle avait déjà marqué un bel essai en première période, mais son deuxième essai de la rencontre - et son quatrième de la Coupe du Monde de Rugby 2021 - était particulièrement remarquable.

Il est également arrivé à point nommé, à la fin d'une attaque canadienne soutenue au cours de laquelle la défense anglaise a subi plus de 10 phases de pression avant de gagner la possession du ballon.

De là, Zoe Harrison a servi Claudia MacDonald - une autre joueuse qui craignait que son rêve de Coupe du Monde 2021 soit brisé plus tôt dans l'année - sur l'aile gauche et elle a battu trois défenseuses en lançant la contre-attaque.

Dow était placée dans l’axe, mais était toujours dans sa propre moitié de terrain et avait encore beaucoup à faire lorsqu'elle a réceptionné le ballon.

Le fait qu'elle ait distancé ses deux défenseuses, Alysha Corrigan et Paige Farries, pour marquer alors qu'Ellie Kildunne avait du mal à suivre en soutien, ne fait que souligner son importance pour les Red Roses avant la finale du week-end prochain.

« Pour être honnête, je ne peux pas dire assez de bien d'Abby et de notre équipe médicale qui nous a dit de leur donner six mois pour qu'elle soit prête pour cette Coupe du Monde de Rugby et c'est exactement ce qu'ils ont fait », a déclaré Middleton après coup.

« L'équipe a passé des nuits entières avec elle et Abby s'est engagée à fond dans sa rééducation, ce qui explique ses performances d'aujourd'hui. De plus, elle et Claudia ont uni leurs efforts pour obtenir l'essai gagnant, avec la saison qu'elles ont eue, on ne peut pas décrire ce genre de choses. L'essai d'Abby était incroyable et c'est l'un de ces moments dans le sport qui est magique, que nous ayons gagné ou non aujourd'hui, parce que son parcours était incroyable. »

Une FINALE DE BRONZE À NE PAS MANQUER

Tous ceux qui ont un billet pour samedi à l'Eden Park seraient bien avisés de s'y rendre suffisamment tôt pour assister à la finale de bronze.

Au moment d'entamer une Coupe du Monde de Rugby, aucune équipe ne part avec l'objectif de jouer la troisième place, mais ce match offre au Canada et à la France la possibilité de terminer le tournoi en beauté.

La rencontre entre la troisième et la quatrième équipe au classement mondial devrait être aussi passionnante que tout ce qui a précédé la Coupe du Monde de Rugby 2021.

Aucune Coupe du Monde de Rugby de l'histoire - masculine ou féminine - n'a donné lieu à deux demi-finales aussi serrées que celles jouées à Auckland le week-end dernier, et la France ou le Canada auraient pu se retrouver en finale ce week-end si les moments cruciaux s'étaient déroulés différemment.

Bien sûr, la pénalité manquée de Drouin est le moment qui restera dans les mémoires, mais Ruby Tui a marqué son essai pour une question de millimètres. Si Renee Holmes avait mis une fraction de plus, ou de moins, sur son coup de pied de renvoi, l'ailière n'aurait peut-être pas marqué.

De même, le Canada était à quelques centimètres de la ligne d'en-but de l'Angleterre au début de la deuxième mi-temps lorsqu'il a perdu la possession et que MacDonald et Dow ont conjugué leurs efforts pour remonter tout le terrain. Si les Canadiennes avaient marqué à ce moment-là, elles auraient été à une transformation de prendre l'avantage.

C'est sur de telles marges que se décide le sport, et aucune des deux équipes ne voudra subir le même sort pour la deuxième semaine consécutive.

Les Bleues, quant à elles, peuvent être fières de leurs résultats en finale de bronze de la Coupe du Monde de Rugby, puisqu'elles n'ont perdu qu'une seule fois, contre l'Australie lors de la Coupe du Monde de Rugby 2010.

La France a terminé troisième à six reprises jusqu'à présent, battant le Canada en barrage pour la troisième place lors de la Coupe du Monde de Rugby 2002 et de la Coupe du Monde de Rugby 2006.

Safi N'Diaye a participé à deux finales de bronze, qu'elle a remportées à chaque fois, et elle soutient ses coéquipières pour qu'elles se remettent de leur malaise en demi-finale contre le Canada le week-end prochain.

« Il va falloir qu’on digère et bien sûr qu’on va tout donner pour cette troisième place parce qu’on avait ce rêve d’aller en finale et on est tombées pas loin. Mais on va se relever », a déclaré N'Diaye.

« On va se parler dans les vestiaires, on va se parler pour qu’on aille chercher cette troisième place. On était venues ici pour chercher autre chose et je sais qu’on a un groupe qui va pouvoir le faire. »