Menées à la pause, les Black Ferns ont renversé le court de la rencontre pour battre la 25-24 en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021 dans un Eden Park en ébullition à Auckland. Un coup de pied manqué à quelques secondes de la fin de la rencontre empêche la France de réaliser un exploit historique. La Nouvelle-Zélande se qualifie pour la sixième fois consécutive pour la finale de la Coupe du Monde.

Les Françaises ont donné le ton dès les premières minutes de la rencontre. Avant même le coup d’envoi, une Marseillaise en rond a suivi le haka des Néo-Zélandaises. De quoi donner le frisson d’une rencontre qui allait être exemplaire.

Un match historique à plusieurs titres puisque cette dixième confrontation entre les deux équipes avait lieu pour la première fois en Nouvelle-Zélande. Jamais encore la France n’avait battu la Nouvelle-Zélande en Coupe du Monde de Rugby, même si elle était sur une série de quatre victoires consécutives contre les Black Ferns.

Dès l’entame, les Bleues campent dans le camp néo-zélandais ; la deuxième-ligne Madoussou Fall manque une occasion, mais Caroline Drouin débloque le compteur avec une pénalité à la 6e (0-3). Un en-avant des tricolores dans le camp adverse les empêche d’aller plus loin et les Black Ferns lancent les premiers assauts, sans pour autant concrétiser.

Le premier quart temps est âprement disputé et il faut attendre la 22e pour que le score évolue en faveur de la France. Lancée plein axe, la numéro huit Romane Ménager, de retour après deux matchs sans jouer suite à un choc à la tête contre l’Angleterre en poule, fait parler sa puissance et marque. Drouin transforme (0-10). Les Françaises tiennent le bon bout.

Mais plusieurs fautes pénalisent la France et la Nouvelle-Zélande passe ses premiers points avant la demi-heure de jeu. Les Black Ferns accélèrent et multiplient les tentatives. Ce n’est qu’à la 34e que leur premier essai est marqué grâce à Stacey Fluhler.

Les Bleues repartent de plus belle et parviennent à creuser l’écart juste avant la pause par Gabrielle Vernier qui se jette au pied des poteaux (10-17).

Finalement, rien d’exceptionnel que cette avance à la pause puisque la France a été en tête ou à égalité à la mi-temps lors de chacun de ses cinq derniers matchs. En fait, la Nouvelle-Zélande n'a plus mené à la mi-temps depuis leur dernière rencontre en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby 2010.

La remontée des Black Ferns

De quoi satisfaire l’entraîneur tricolore Thomas Darracq : « Sur les intentions, c'est très bien. Maintenant il faut un peu plus de maîtrise, il faut à la fois jouer mais maîtriser aussi le tempo. Il y a des moments où on a voulu aller un peu trop vite, notamment sur certains jeux au pied. On a le temps, on fait vraiment une très bonne première mi-temps défensivement, on est très bien en place. Il faut continuer dans cet état d'esprit tout en maintenant la tête froide pour pas surjouer parce qu'on est vraiment dans le match. »

Au retour des vestiaires, les Black Ferns ont compris le message. Il va falloir tout donner et tout tenter. A la 44e, sur un coup de pied à suivre de l’arrière Renee Holmes, l’ailière Ruby Tui, contrée par Emile Boulard, mais pas assez, parvient à mettre la main sur le ballon. Holmes ne concrétise pas entre les perches et les Bleues conservent une maigre avance (15-17). Holmes ne passera pas non plus la pénalité trois minutes plus tard.

Pour autant, l’offensive noire est lancée et c’est la trois-quarts centre Theresa Fitzpatrick qui marque à droite des poteaux avant l’heure de jeu, permettant à la Nouvelle-Zélande de passer devant au score pour la première fois (22-17). Le retard s’accumule pour la France avec une nouvelle pénalité à la 62e (25-17).

La réponse française ne se fait pas attendre. Suite à une percussion de la vétérane Safi N’Diaye (90 sélections), tout juste rentrée en jeu, et un bon relais de Gabrielle Vernier et de Pauline Bourdon, Romane Ménager se lance une fois de plus, trois Néo-Zélandaises sur le dos, pour marquer au pied des poteaux. Une formalité pour Drouin qui revient à un point des NZ (25-24).

Le gros coup dur intervient à onze minutes de la fin de la rencontre. Coupable de ne pas avoir plaqué assez bas, Safi N’Diaye est expulsée pendant dix minutes. La France devra tenter de renverser le match avec seulement quatorze joueuses sur le terrain.

La défense tricolore est incroyable et parvient à gratter deux précieux ballons alors que le jeu se concentre dans leurs 22. Plus que jamais, les Bleues sont mortes de faim. Elles parviennent à remonter le terrain, perturbant complètement le jeu des Néo-Zélandaises surprises par tant d’assauts.

Un choc à la tête lors d’un plaquage sur Agathe Sochat envoie Santo Taumato sur le banc. Au même moment, Safi N’Diaye reprend sa place et c’est la France qui est en supériorité numérique.  La France prend la pénalité à 35 mètres. Avec une pression maximale sur les épaules, Caroline Drouin ajuste son coup de pied. Légèrement dévié sur la gauche, le ballon reste en jeu. La Nouvelle-Zélande reprend la possession et Kendra Cocksedge dégage en tribune. La France est passée à un rien d’une finale historique.