Quel que soit le résultat de la demi-finale de samedi 5 novembre contre l'Angleterre à l'Eden Park, la Coupe du Monde de Rugby 2021 sera le dernier tournoi d'Elissa Alarie sous le maillot du Canada. Et elle est bien décidée à se retirer sur une bonne note.

L'Angleterre est un adversaire de choix qu’elle connaît bien. Elissa se trouvait en effet en face lors du match le plus important de sa brillante carrière, la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2014.

Elle avait débuté son seul et unique test à la mêlée ce jour-là à Paris, en remplacement de Stéphanie Bernier, blessée. Les 16 points d'Emily Scarratt avaient permis à l'Angleterre de s'imposer 21-9 et de remporter sa deuxième Coupe du Monde de Rugby.

Elissa est l'une des quatre joueuses du Canada encore en activité à avoir vécu cette finale de la Coupe du Monde de Rugby 2014, tandis qu'Emily Scarratt est l'une des quatre joueuses de l'équipe d'Angleterre.

Mais, de retour avec son maillot plus habituel d'arrière, Alarie ne sera pas animée par la vengeance lorsqu'elle se présentera à l'Eden Park samedi.

« Je ne l'ai pas vraiment envisagé de cette façon », dit-elle à World Rugby. « Je pense que 2014 avait sa propre histoire, et peut-être que nous étions juste un peu trop heureuses d'arriver en finale.

« Ce qui est vraiment différent cette année, c'est que notre objectif a été de la gagner, et nous ne sommes pas uniquement heureuses d'être en demi-finale.

« Ça fait partie de notre objectif, donc nous y allons déterminées et prêtes à nous battre. On a trop hâte d'être au jour J. »

Après avoir aidé le Canada à terminer à la cinquième place de la Coupe du Monde de Rugby 2017 en Irlande, Alarie a mis en veilleuse toute idée de retraite lorsqu'elle a appris que le prochain tournoi se jouerait en Nouvelle-Zélande.

« Je me suis dit, eh, il n'y a pas moyen que je rate ça ! », se souvient-elle.

« J'AI TELLEMENT APPRIS »

Le tournoi a été à la hauteur de ses attentes - « l'excitation est tellement palpable » - et Alarie est reconnaissante envers sa famille, qui s'est rendue en Nouvelle-Zélande et a passé son temps entre les matchs à visiter le pays dans un camping-car de location.

Cette semaine, elle a donné des conseils à ses jeunes coéquipières sur la façon de gérer l'excitation de jouer une demi-finale devant un public immense à l'Eden Park.

C'est le progrès qu'elle a constaté chez ces joueuses et la culture qui s'est instaurée au sein de l'équipe, au fil des huit matchs gagnés, qui contribuent à motiver Alarie avant la rencontre avec l'Angleterre.

Lorsque le Canada a repris le rugby international après la pandémie en novembre dernier, il a subi une défaite 51-12 contre l'Angleterre au Twickenham Stoop. Mais Elissa Alarie affirme que la différence entre l'équipe d'alors et celle d'aujourd'hui, c'est « le jour et la nuit ».

« Les progrès que cette équipe a fait depuis sont incroyables, je peux l’avoué à titre personnel, je joue au rugby depuis 20 ans et pourtant j'ai tellement appris au cours des six derniers mois », explique Alarie.

« Le sentiment d'appartenance que nous avons avec cette équipe et le parcours incroyable que nous avons eu au cours des six à huit derniers mois, être capable d'arriver en finale et de la gagner serait juste une chose extraordinaire à vivre avec l'équipe. »

Alarie s'attend à une lutte intense à l'avant lorsque les équipes se rencontreront à Auckland, et ça se ressent dans la sélection de l'équipe, l'entraîneur Kevin Rouet ayant à nouveau opté pour une répartition sept avants contre une arrière sur le banc des remplaçantes.

L'Angleterre a remporté les sept précédentes confrontations entre ces deux équipes en Coupe du Monde de Rugby, y compris deux demi-finales et la finale il y a huit ans.

L'ailière des Red Roses Claudia MacDonald est de retour dans le XV de départ après une blessure, ce qui laisse Abby Dow au poste de numéro 14, tandis que Hannah Botterman a été choisie comme pilier.

« J'ai vraiment hâte d'y être. Ce sont deux grandes nations du rugby qui se disputent cette place en finale, et nous savons que nous aurons droit à un bon match », assure la capitaine de l'Angleterre Sarah Hunter, autre rescapée de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2014.

« Mais nous nous concentrons sur nous-mêmes, sur le jeu que nous voulons produire et sur la façon dont nous voulons montrer à quel point nous sommes capables d’y arriver. Avec un peu de chance, les conditions ne seront pas trop humides pour que nous puissions jouer comme nous le voulons, ce qui devrait être un match passionnant. »

LES BLACK FERNS ET LA « PRESSION PRIVILÉGIÉE »

Les joueuses néo-zélandaises profitent du soutien et de la pression qu'elles reçoivent à l'approche de la deuxième demi-finale contre la France à l'Eden Park.

Les Black Ferns arrivent à la rencontre de samedi sur une série de 10 matchs gagnés et ont jusqu'à présent joué dans des stades pleins à craquer à Auckland et Whangārei.

Le directeur du rugby Wayne Smith a encouragé ses joueuses à profiter de l'occasion à l'Eden Park. « L'ambiance n'est pas aussi tendue que lorsque les garçons jouent », remarque-t-il, « ce n'est que joie pure et excitation de pouvoir y aller et s'amuser. »

« Nous adorons ça », ajoute Theresa Fitzpatrick, qui a décrit le fait de jouer une demi-finale à domicile comme une « pression privilégiée ».

« Nous adorons le battage médiatique qui entoure notre équipe. C'est probablement quelque chose qui nous a manqué dans le passé et c'est vraiment génial pour les Black Ferns de susciter un tel engouement.

« Le soutien dont nous bénéficions est irréel et nous pouvons vraiment sentir l'amour des spectateurs et le soutien de nos familles. C'est quelque chose dont on essaye de s'imprégner et de s'habituer en même temps. »

Wayne Smith a effectué un seul changement de titulaire pour le match contre la France : Renee Holmes revient au poste d'arrière et Ruby Tui glisse sur l'aile droite, tandis que Portia Woodman occupe l'aile gauche.

Ce changement a été effectué pour contrer l'une des forces de la France, Smith ayant déclaré que les Bleues « ont probablement le meilleur jeu au pied du tournoi ».

Thomas Darracq, le sélectionneur de l'équipe de France, a quant à lui rappelé Romane Ménager au poste de numéro 8 après qu'elle se soit remise d'un choc à la tête subi contre l'Angleterre. Charlotte Escudero prend place au poste de troisième-ligne côté ouvert, tandis que Marjorie Mayans est reléguée sur le banc.

Ménager sera donc alignée en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021 aux côtés de sa sœur jumelle, l'ailière Marine.

« Si on nous avait dit quand on était petites qu'on jouerait ensemble en équipe de France, ça aurait été incroyable, confie Romane.

« Mais en plus jouer une Coupe du monde ensemble, c'est monstrueux et une demi-finale de Coupe du monde, je ne sais pas si on a jamais osé en rêver. Ça va être un moment très émouvant et nous serons très fières de pouvoir en parler plus tard ensemble. »

Neuf des quinze titulaires ont également débuté la rencontre la plus récente entre les deux équipes, une victoire 29-7 de la France en novembre dernier. Cinq des titulaires des Black Ferns avaient débuté à Castres.