Une place à la Coupe du Monde de Rugby 2023 n'était pas la seule qualification proposée dans le sud de la France ce mois-ci, car un groupe de médecins a reçu une formation pour devenir Médecins du Jour du Match (MDM) pendant la Rugby Africa Cup 2022.

Six professionnels de santé africains, originaires de Côte d'Ivoire, de Madagascar, du Sénégal, de Tunisie, d'Ouganda et du Zimbabwe, ont été invités au tournoi pour en savoir plus sur le rôle d'un MDM.

Les sessions de formation, qui font partie du plan à long terme de World Rugby pour élever les normes de santé des joueurs sur le continent, proposent un mélange de théorie et de pratique.

La Rugby Africa Cup de cette année, qui s'est déroulée à Aix-en-Provence et à Marseille et qui était également qualificative pour la Coupe du Monde de Rugby 2023, était la première édition où les organisateurs avaient accès à des MDM ainsi qu'à la technologie vidéo utilisée pour les protocoles commotion (HIA).

Chacun des six médecins qui se sont rendus en France étaient des formateurs médicaux expérimentés qui avaient déjà suivi une formation de niveau 2 concernant les soins immédiats au rugby (ICIR).

La formation a commencé par une discussion sur les commotions cérébrales au cours de laquelle les participants ont pu évoquer leurs propres expériences sur le protocole Reconnaître et Faire sortir le joueur du terrain qui est utilisé lorsque le protocole HIA n'est pas applicable. Ils ont ensuite pu passer à l'analyse vidéo et à l'utilisation de l'application CSx de gestion des commotions cérébrales.

Ensuite, pendant deux jours de matchs de la Rugby Africa Cup, les participants ont acquis une expérience pratique en travaillant aux côtés des MDM et des médecins chargés de l'HIA qui avaient été spécifiquement détachés pour le tournoi par la Fédération Française de Rugby (FFR). Ils ont ainsi eu l'occasion de pratiquer les IHA 1 et 2 en temps réel.

« C'est toujours bien d'apprendre des choses en classe, mais c'est surtout le travail pratique qui compte », explique Isabel Grondin, responsable de la formation médicale à World Rugby.

« Cette formation a été un grand succès et a été appréciée par les deux parties. Elle a été très appréciée par les apprenants mais aussi par les formateurs qui étaient aussi les MDM... Nous avons beaucoup de chance que la FFR ait été très coopérative pour nous aider à réaliser ce processus.

« Tout s’est très bien passé et c’était très formateur pour les apprenants parce qu'ils avaient là la possibilité d'observer et de faire, que ce soit dans le stade avec l'iPad pour pouvoir faire défiler la vidéo en arrière et en avant immédiatement ou avec la technologie vidéo dans la salle réservée à l'HIA. »

REHAUSSER LES NORMES

Elvis Tano, médecin ivoirien qui siège également au comité exécutif de Rugby Afrique, a indiqué qu'il avait participé au stage « pour mettre mon expérience au service de tous et pour en apprendre davantage en tant que formateur ».

« La rigueur qu'implique ce rôle est importante et je soutiens cette démarche », ajoute-t-il. « J'aime contribuer à ma manière à diminuer le risque de complications liées aux commotions cérébrales. »

« Les joueurs d'Afrique et du monde entier méritent d'avoir des médecins experts qui connaissent les dernières avancées de la science, de la recherche et les méthodes de travail les plus efficaces pour rendre le rugby, notamment amateur, sûr et accessible à tous », souligne un autre participant, le Dr Imed Mrabet.

« En tant que médecin féru de rugby, je veux être performant dans le rôle du MDM pour garantir une excellente prévention des commotions secondaires sur le terrain. »

Les participants ont l'espoir de transmettre chez eux ce qu'ils ont appris, ce qui permettra à la prochaine édition de la Rugby Africa Cup de se jouer avec des protocoles de santé des joueurs améliorés.

« Si le rugby africain veut se développer et s'affirmer sur la scène internationale, il doit se rapprocher des normes européennes ou de celles de l'hémisphère sud en ce qui concerne la santé du joueur », affirme Didier Sirieix, qui a aidé à dispenser la formation du MDM.

« Dans l'ensemble, la semaine a été excellente, et je suis prêt à continuer à aider le développement des Médecins de Jour de Match du rugby en Afrique lors de leurs prochaines compétitions. »

Superviser la sécurité le jour du match

La plupart des supporters ne connaissent pas le rôle d'un Médecin du Jour du Match, mais comme le fait remarquer Isabel Grondin, il s'agit d'une des personnes les plus importantes dans le stade le jour de la rencontre.

Le médecin du jour du match arrive sur le lieu de la rencontre bien avant tout le monde et est en contact avec toute une série de personnes, y compris le staff médical des équipes qui jouent et le commissaire du match.

« Les gens ne réalisent pas qu'ils arrivent au stade deux heures à l'avance », dit-elle.

« Ils s'assurent que le stade et le terrain sont sans danger, que tout est prêt pour s'occuper des athlètes, que nous avons les dispositifs de soins d'urgence appropriés en place, qu'il y a un responsable des soins immédiats sur le terrain, assisté d'une équipe d’évacuation prête à intervenir en cas de besoin.

« Le Médecin du Jour du Match travaille aussi directement lors d'un briefing avec les médecins de l'équipe, les kinésithérapeutes, ceux qui sont formés aux soins immédiats au rugby et qui vont entrer sur le terrain pendant le match. »

Après le succès de cette formation de trois jours dans le sud de la France, Isabel Grondin espère que des initiatives semblables seront mises en place dans le monde entier lorsque le besoin s'en fera sentir.

« Il va continuer à y avoir une multiplication de ces formations dans le monde entier », assure-t-elle. « Le format que nous avons appliqué [en France], qui consistait à mettre immédiatement en pratique la composante théorique du premier jour sur des matchs internationaux les deuxième et troisième jour, a été très bien accueilli par les formateurs et les participants.

« Ce format est appelé à se reproduire. Nous voulons organiser d'autres formations de Médecin du Jour du Match dans le monde entier pour continuer à donner la priorité à la santé des joueurs. »