Lorsque le tirage au sort du tournoi de la Bingham Cup 2022 aura lieu le 13 août, cela marquera la fin de cinq ans de démarches pour faire venir les championnats du monde des clubs de rugby gay et inclusif à Ottawa.

Les préparatifs pour organiser la 10e édition du tournoi bisannuel dans la ville canadienne ont commencé dès 2017, lorsque les membres des Wolves d'Ottawa ont présenté une candidature qui a obtenu les droits d'organisation un an plus tard.

À l'origine, le tournoi devait se jouer en 2020, mais le déclenchement de la pandémie de Covid-19 a obligé à mettre ces projets en attente pendant deux ans.

Depuis, les organisateurs ont observé nerveusement le Canada émerger de ce que le président de la Bingham Cup 2022, Jean-François Laberge, décrit comme un « hiver sans fin » et l'attente est énorme pour un tournoi qui aura lieu dans moins de deux mois maintenant.

« On commence à tous être en plein dedans », explique Jean-François Laberge à World Rugby. « Nous n'avons pas eu ce niveau d'excitation depuis que nous avons annoncé que nous avions gagné l’organisation de la Bingham Cup en 2018. »

Sans surprise cependant, il y a eu des moments au cours des deux dernières années où Laberge et son comité d'organisation se sont demandé si la Bingham Cup viendrait un jour en Ontario.

« Lorsque vous dirigez une organisation et que vous organisez un tournoi unique comme celui-ci qui est entièrement géré par des bénévoles, et que tout le monde en ressent les effets dans sa vie personnelle et professionnelle.... Vous devez donner une tournure forte et positive à tout », ajoute-t-il.

« Il y avait tellement d'incertitude que nous avons eu des discussions difficiles sur la question de savoir si nous allions avoir cet événement.

« C'est une chose de [l'organiser], mais est-ce que les gens vont pouvoir venir ? Parce que les gens ne pouvaient même pas venir dans le pays à l'époque.

« Il y a donc eu des discussions, mais elles ont été menées en privé. Comme au rugby, peu importe le score, nous avons décidé de jouer jusqu'au coup de sifflet final.

« Nous sommes allés de l'avant et, au bout du compte, les choses se sont arrangées et maintenant nous avons beaucoup de gens que nous devons préparer à accueillir dans deux mois. »

UN HÉRITAGE À LAISSER

Laberge et ses organisateurs prévoient de faire bien plus que d'accueillir les équipes et leurs joueurs à Ottawa en août.

Ils espèrent que la Bingham Cup 2022 sera le tournoi le plus écoresponsable et le plus inclusif de son histoire, avec la tenue de conférences sur l'homophobie et la transphobie, tandis que des matchs d'exhibition de rugby fauteuil sont également prévus.

« La beauté de la Bingham Cup est qu'il s'agit de la réunion de famille bisannuelle du mouvement international de rugby gay », indique Jean-François Laberge.

« Chaque Bingham Cup, peu importe sa taille, son budget, sa fréquentation, sera toujours un succès. C'est l'occasion pour la ville ou le pays hôte de montrer à tous les amateurs de rugby ce qu'ils savent faire.

« Nous avons hâte de montrer ce qu'est le Canada et de nous appuyer sur l'héritage des précédentes éditions.

« En restant fidèles aux valeurs canadiennes, nous voulons que chacun apporte son authenticité ici. Et nous essayons d'en faire le tournoi de rugby le plus inclusif qui ait jamais été organisé. »

Dans cette optique, les organisateurs se sont engagés à rénover un terrain multisports dans un quartier défavorisé de la ville, qui sera connu sous le nom de Mark Bingham Field.

Mark Bingham, à la mémoire duquel le tournoi inclusif est organisé tous les deux ans depuis 2002, était un joueur de rugby et un héros du 11 septembre 2001. Il faisait partie des passagers qui se sont défendus contre les pirates de l'air à bord du vol 93 de United Airlines. Cette bravoure témoignait de sa détermination personnelle à relever tous les défis que lui posait la vie, notamment celui de faire son coming out en tant qu'homosexuel à une époque où les attitudes prédominantes à l'égard de la sexualité dans les sports de contact et dans de nombreux secteurs de la société auraient rendu un tel choix très difficile, voire impossible, pour beaucoup.

Ce geste est d'autant plus poignant que la 10e édition de la Bingham Cup sera la première à être jouée depuis le décès de sa mère Alice Hoagland, qui était une grande supportrice du tournoi et du rugby inclusif.

Après sa mort, une collecte de fonds a été mise en place en son nom et les recettes de cette collecte seront utilisées pour fournir aux futurs hôtes de la Bingham Cup des fonds essentiels au démarrage.

« Nous essayons de prendre un négatif et de le transformer en positif pour nous assurer que l'héritage de la Mark Bingham Cup continue », explique Laberge.

« Je serai mort, et ce terrain portera toujours son nom. Cela signifie donc que des milliers de jeunes athlètes, lorsqu'ils fouleront ce terrain et verront la plaque, apprendront l'existence de l'IGR, le mouvement international de rugby gay, et l'héritage de Mark Bingham en matière de sport, d'inclusion et de diversité. Ce sont des choses très importantes. »

« LA MEILLEURE BINGHAM À CE JOUR »

Jean-François Laberge estime que les participants et les spectateurs peuvent s'attendre à un « véritable tournoi de classe mondiale » à Ottawa au mois d'août. « Il y aura cette grande ambiance internationale », dit-il.

Le président sortant de l'International Gay Rugby, Karl Ainscough-Gates, a travaillé avec Laberge au cours de son mandat de deux ans et il est convaincu que la Bingham Cup 2022 en sera une dont on se souviendra longtemps.

« Jean-François Laberge et son équipe ont travaillé sans relâche pour s'assurer que ce tournoi aille de l'avant et se déroule avec succès », affirme-t-il.

« Ce que la Bingham Cup a fait, c'est vraiment offrir un tournoi qui répond aux besoins de tous.

« J'ai des entretiens réguliers avec Jean-François pour m'assurer qu'au niveau de l'organisation, ce sera vraiment la meilleure Bingham Cup jamais organisée.

« Nous avons eu des tournois extraordinaires par le passé, mais je pense que le Canada, un nouveau pays pour nous, nous n'avons jamais eu de Bingham Cup là-bas, ce sera vraiment quelque chose de spécial. Je suis très optimiste à ce sujet. »

Jamie Levchuk, directeur général intérimaire de Rugby Canada, ajoute : « Pour les fans de rugby à travers le Canada, l'Amérique du Nord et au-delà, l'attente va bientôt prendre fin pour la Bingham Cup 2022 à Ottawa - la capitale de notre nation - et tout le monde à Rugby Canada souhaite aux équipes, aux organisateurs, aux bénévoles et aux fans le meilleur pour ce qui promet d'être un tournoi dont la famille mondiale du rugby pourra être fière en août prochain. »

Pour en savoir plus sur Bingham 2022, visitez www.binghamcup.com.

Pour en savoir plus sur la diversité et l'inclusion dans le rugby, visitez www.world.rugby/RugbyForAll.