Acee San Juan est une « fanatique de rugby » assumée. Depuis qu'elle a découvert le rugby en jouant au touch à l'université, cette jeune Philippine a rarement été vue sans un ballon ovale entre les mains.

Devenue fan presque instantanément, San Juan s'est lancée dans sa nouvelle passion en passant de joueuse locale à internationale, entraîneure, arbitre, éducatrice puis responsable du développement.

En mai 2022, elle a été promue au poste de directrice générale du développement, de la compétition, de la formation et de l'éducation au sein de la Fédération philippine de rugby (PRFU), reprenant ainsi certaines des fonctions précédemment occupées par son collègue Jake Letts.

Les premières semaines ont été bien remplies pour San Juan, qui pense que son expérience des dix dernières années lui sera très utile pour aider la PRFU à faire face à l'impact de la pandémie.

« On dirait que j'ai gravi tous les échelons », confie San Juan à World Rugby.

« J'utilise ces expériences dans mon poste maintenant et je sais que c'est précieux. Je sais ce que l'on ressent en tant que spectateur, officiel de match, etc. Donc, c'est ce que j'apporte maintenant dans mon poste. »

DONNER DES CHANCES À TOUS

Sa connaissance des différents rouages du rugby est peut-être parfaite pour son travail à la PRFU, mais elle reconnaît qu'elle peut perdre beaucoup de temps à regarder les matchs.

« Je suis un peu une fanatique du rugby », ajoute-t-elle. « D'abord, je regarde un match en tant que spectatrice, puis en tant que joueuse, puis en tant qu'arbitre, puis en tant qu'entraîneure.

« Je peux regarder un même match au moins quatre fois en portant des casquettes différentes. Je veux voir le point de vue de chaque fonction. »

Le plus grand défi auquel San Juan doit faire face à l'aube de sa carrière de directrice générale de la PRFU est sans doute de ramener les chiffres de la participation aux niveaux pré-pandémiques.

Le rugby de compétition a repris aux Philippines depuis le mois de mars, mais San Juan admet que le Covid-19 a eu un impact sur le jeu à tous les niveaux, en particulier chez les jeunes et les écoliers.

« Comme nous nous remettons tout juste de la pandémie, nous voulons vraiment réengager notre communauté de rugby », dit-elle.

« J'espère qu'à partir de là, nous formerons plus de gens, plus de participants, plus d'entraîneurs, plus d'officiels de match, et je pense qu'une fois que nous aurons une plus grande base, la qualité de nos compétitions s'en trouvera améliorée. Si nous avons de meilleurs entraîneurs, nous aurons plus de participants, plus de joueurs.

« Nous devons également veiller à ce qu'il y ait des opportunités pour tous. Les Philippines sont un archipel composé de différentes îles. Je pense que mon objectif principal est de m'assurer que toutes les régions disposent de ressources et de possibilités équitables. »

DES FEMMES AUTONOMES QUI S'ENTRAIDENT

Si San Juan a pu appréhender son travail avec confiance, c'est en grande partie grâce à l'aide et aux conseils que lui ont apportés deux amies et mentors importantes.

La présidente de la PRFU, Ada Milby, et la directrice générale de la Fédération laotienne de rugby, Viengsamai Souksavanh, ont toutes deux aidé San Juan dans son parcours pour devenir une dirigeante.

« Cela m'a aidé à devenir qui je suis maintenant », explique-t-elle.

« Avoir ces personnes autour de moi et aussi les filles de Grassroots to Global. Ce sont toutes des femmes émancipées et nous nous aidons les unes les autres, nous nous forgeons mutuellement et nous nous assurons que nous avons le bon soutien.

« Quand j'ai vu [Milby et Souksavanh] occuper des postes de direction, je me suis dit que si elles pouvaient y arriver, pourquoi pas moi ?

« Ce ne devrait pas être une question de sexe. Tant que vous avez la crédibilité, que vous avez les techniques pour le faire, je pense que le genre ne devrait pas être un problème.

« Je pense que leur présence m'a donné plus de confiance, car si elles peuvent réussir, je peux aussi y arriver. »

Bien qu'elle n'en soit qu'au début de sa carrière de dirigeante, San Juan est consciente qu'il lui incombe d'aider d'autres femmes à suivre ses traces.

Un outil qu'elle peut utiliser pour ce faire est Grassroots to Global, un programme de ChildFund Rugby qui cherche à travailler avec les fédérations pour fournir aux femmes leaders des communautés la capacité de provoquer le changement.

« C'est vraiment important parce que cela donne une plateforme à nos jeunes dirigeantes pour entrer en contact les unes avec les autres, construire un réseau et développer des idées, élaborer des plans d'action et créer des activités qui permettront aux clubs d'accroître la participation féminine en leur sein », affirme-t-elle.

« Lorsque j'ai commencé à jouer au rugby il y a plus de 10 ans, il n'y avait pas d'officiels de match féminins. J'avais une femme comme entraîneur, mais elle venait d'Australie.

« C'était difficile de savoir qu'il n'y avait personne à qui nous pouvions vraiment nous identifier, nous étions vraiment un petit groupe de filles.

« Et au bout d'un moment, on a commencé à voir des entraîneures, des arbitres, des femmes à des postes administratifs, et cela nous facilite la tâche de savoir que nous avons un soutien. Nous savons qu'il y a des gens qui peuvent s'identifier à nous. »