Le président de l'International Gay Rugby (IGR), Karl Ainscough-Gates, va connaître la fin d'une époque à plus d'un titre lorsque la Bingham Cup aura lieu à Ottawa au mois d'août.

Il avait prévu de commencer son mandat de président de l'IGR dans la ville canadienne en 2020, mais le tournoi inclusif a dû être reporté deux fois en raison de l'impact de la pandémie de Covid-19 toujours en cours.

Le fait qu'Ottawa puisse enfin accueillir la Bingham Cup alors que le Britannique arrive à la fin de son mandat de deux ans est une raison de se réjouir, mais l'occasion revêt également une signification supplémentaire car il s'agira de son dernier tournoi en tant que joueur.

Cela fait maintenant 16 ans que Karl Ainscough-Gates s'est laissé convaincre de participer à l'entraînement des Newcastle Ravens après avoir lu un prospectus lors d'une soirée étudiante et il reconnaît qu'il « sera probablement assez ému pour ce dernier match ».

« J'ai constaté qu'à l'approche de la trentaine, il était un peu plus difficile de se remettre des coups et je pense qu'il est temps pour moi de raccrocher les crampons et de m'occuper un peu plus de l'accompagnement », explique Ainscough-Gates à World Rugby.

« Ça n'a pas été facile [de prendre la décision de prendre sa retraite]. Le rugby a occupé une grande place dans ma vie, la quantité de joie et d'expériences à travers le monde que j'ai eues ont été incroyables et cela a vraiment été très enrichissant.

« Mais je pense qu'il y a un moment où il faut savoir s’arrêter et se dire, je ne suis pas à la hauteur des gars qui ont 20 ou 25 ans, ou qui courent sur le terrain de la même façon.

« C'est vrai, vous pouvez vous cacher derrière la technique dans une certaine mesure, mais les coups deviennent un peu plus durs. J'envisage de fonder une famille et d'autres choses, et tout cela a été pris en considération lorsque j'ai pris la décision de raccrocher les crampons cette saison. »

RESPIRER UN PEU

Au moment de l’entretien, Karl Ainscough-Gates est assis sur le siège passager alors qu'il se rend avec son mari sur la côte sud-ouest de l'Angleterre pour une pause bien méritée.

« Il est là à rire parce qu'il sait que je vais verser une larme ou deux », sourit-il. « Il le fera probablement aussi, pour être honnête. Je ne sais pas si ce seront des larmes de bonheur ou de tristesse pour moi ! »

Karl tient à rester impliqué dans son club actuel, Manchester Village Spartans, mais il va prendre quelques mois pour décider à quoi il va consacrer son énergie.

« Je me suis beaucoup investi dans le rugby gay international et dans mes clubs ces dernières années. Je vais juste prendre un peu de repos pendant quelques mois et ensuite, à partir de là, je vais probablement trouver la meilleure façon d’être utile », ajoute-t-il.

« Je n'ai jamais été entraîneur auparavant. Il se peut qu'un autre rôle au sein du comité me convienne mieux, mais je pense que du point de vue de l'International Gay Rugby, je serai toujours là pour apporter mon soutien, conseiller et faire du bénévolat sur des projets spécifiques.

« Mais je pense que ce que je veux vraiment faire, c'est essayer de m'impliquer au niveau du club et de faire en sorte que les gens s’investissent dans le rugby comme je l'ai fait il y a 16 ans, parce que c'était la nature accueillante des gens que nous avons rencontrés à cette époque.

« Je dis nous parce que mon partenaire était là à l'époque, et nous nous sommes fait des amis pour la vie aux Newcastle Ravens et dans toute la famille IGR. »

« VRAIMENT QUELQUE CHOSE DE SPÉCIAL »

Au début de son mandat de deux ans en tant que président,Karl  Ainscough-Gates espérait pouvoir contribuer à soutenir la croissance durable de l’IGR et de ses clubs membres.

Il est heureux qu'après avoir traversé le pire de la pandémie, les neuf derniers mois lui aient permis, ainsi qu'à l'organisation, de se concentrer sur les questions relatives au terrain tout en poursuivant leur engagement collaboratif avec World Rugby, lequel inclut des appels réguliers de planification et de communication, sur la base du protocole d'accord signé en 2015.

En plus de la Bingham Cup 2022, l’IGR a travaillé ardemment pour s'assurer que l'Union Cup, un tournoi pour les équipes de clubs inclusives en Europe, et le North American Championship reviennent à un niveau plus fort que jamais.

Cette saison, au Royaume-Uni, l’IGR a parrainé un championnat national, réparti en divisions nord et sud, qui s'est conclue par une grande finale à Leeds récemment.

« Être capable de rassembler ce genre de choses, qui ont été le point culminant d'années de travail pour faire fonctionner les ligues et différentes choses, a été vraiment essentiel. Donc, si nous pouvions essayer de reproduire cela ailleurs, ce serait génial », affirme Ainscough-Gates.

« Le comité exécutif a vraiment été très occupé cette année. Il n'y a pas que moi, il y a moi et mes six autres administrateurs, les représentants régionaux et tous les groupes de travail et autres. Cela a donc été un mandat fantastique et présider l'International Gay Rugby dans sa 20e année a été quelque chose de vraiment spécial. »

Il pourra verser une larme en quittant son mandat de joueur et de président de l'IGR, mais Karl Ainscough-Gates est certain que l'organisation a un brillant avenir devant elle.

Il souligne l'augmentation du nombre d'équipes féminines parmi les membres de l'IGR, ainsi que l'évolution vers le rugby mixte et le touch rugby, comme autant de signes des progrès qu'elle continue de réaliser.

« On peut regarder en arrière et se dire "Je n'ai pas pu faire ça, ça n'a pas vraiment marché comme je voulais", mais c'est la vie », souligne-t-il. « Je suis tellement fier du travail que nous avons fait pour faire de l'International Gay Rugby un espace plus inclusif pour tous.

« Je pense que les gens peuvent se dire, bon c'est l'International Gay Rugby, ça doit être inclusif de toute façon. Mais il faut y travailler, il faut travailler à promouvoir l'inclusion et la diversité au sein des organisations et nous, en tant qu'organisation, nous sommes maintenant une référence pour le travail que nous faisons en matière de diversité et d'inclusion. »

Alors qu'il approche de la fin de sa carrière de joueur, quel conseil Karl Ainscough-Gates donnerait-il à quelqu'un qui envisagerait de commencer son propre parcours dans le rugby ?

« Il est toujours difficile de faire ce premier pas, de nouer des contacts ou de s'asseoir dans la voiture sur le parking et de prendre la décision d'aller à cette première séance d'entraînement », répond-il.

« Il faut juste faire ce saut dans l'inconnu. Il y a des gens extraordinaires, et vous nouerez des amitiés pour la vie. »

Pour en savoir plus sur l'IGR, son travail et ses clubs membres, consultez le site www.igrugby.org.