Lorsque Dan Lyle est entré pour la première fois dans un stage de préparation des US Eagles en 1993, ce surdoué ne pouvait que rêver que la Coupe du Monde de Rugby vienne un jour en Amérique.

Le jeudi 12 mai, ce rêve est finalement devenu réalité lorsque la candidature d'USA Rugby pour organiser les tournois masculin et féminin en 2031 et 2033, respectivement, a été approuvée par le Conseil de World Rugby.

« Sans vouloir paraître trop cliché, c'est un game-changer pour nous en Amérique. De plus, cela ouvre également une voie importante pour le sport en général », assure l'international aux 45 sélections.

« C'est quelque chose qui n'arrivera qu'une seule fois par génération ou du moins une seule fois dans ma vie, j'imagine.

« C'est merveilleux parce que je pense que ça veut enfin dire que le rugby (en Amérique) peut être un sport qui possède un environnement compétitif, c'est-à-dire qu'il a une saison que tout le monde connaît et peut reconnaître. Ça sera indispensable pour construire un héritage durable qui ne consiste pas seulement à mettre des équipes compétitives sur le terrain, mais un marché qui continue à se développer. »

LES COUPES DU MONDE DE FOOTBALL ONT MONTRÉ CE QUI ÉTAIT POSSIBLE

Dan Lyle estime que les Coupes du Monde de Rugby 2031 et 2033 peuvent apporter à l'Amérique ce que l'organisation des Coupes du Monde masculine de 1994 et féminine de 1999 a apporté au football.

« 1994 a été une Coupe du monde de football record en termes de fréquentation dans les stades, malgré un grand scepticisme quant à savoir qui assisterait à tous ces matchs de différentes nationalités. Mais aussi on se demandait aussi comment réussir une Coupe du monde dans un pays si grand tel que les États-Unis.

« Le Brésil par exemple a joué dans trois ou quatre villes différentes et a fini par l'emporter, tandis que les États-Unis, qui n'avaient jamais joué à ce niveau auparavant, se sont qualifiés pour les quarts de finale.

« Et tout porte à croire que cette situation peut se reproduire. Ça a permis de mettre en place une structure professionnelle pérenne et des niveaux de participation soutenus entre les générations. »

En tant que fils d'un général deux étoiles et ayant lui-même fait ses études militaires, Lyle a toujours été extrêmement fier de son pays et a eu l'honneur de porter la bannière étoilée au plus haut niveau.

Originaire de Louisville, il a participé à la plus grande compétition de rugby en 1999 et 2003, ainsi qu'au rugby à sept. Aujourd'hui, cet homme de 41 ans est impatient d'accueillir les meilleures équipes du monde aux États-Unis.

« En raison de la diversité de l'Amérique et de toutes les nationalités présentes ici, c’est à dire pas seulement une ou deux, chaque match peut être en quelque sorte un match à domicile pour les équipes qui jouent. Je pense que ce sera un environnement très accueillant », dit-il.

« La société pour laquelle je travaille gère un grand nombre des sites de la candidature et nous sommes très enthousiastes à l'idée de ce qui sera par essence une décennie de sport avec les LA Games de 2028 et les Coupes du Monde de Rugby de 2031 et 2033. »

LES USA PEUVENT ÊTRE DES CHALLENGERS

Lors de la Coupe du Monde de Rugby 2019, le Japon avait fait mentir les pronostics qui ne misaient pas grand-chose sur un pays peu compétitif capable de se qualifier pour les quarts de finale.

Les États-Unis sont actuellement plus bas dans le classement mondial masculin World Rugby présenté par Capgemini que les Brave Blossoms ne l'étaient lors de ce tournoi. Mais avec huit ans pour progresser, Dan Lyle est plus que confiant que les Eagles laisseront une impression positive sur le terrain comme en dehors.

« Dans mes premières années de rugby international contre le Japon, je me souviens d'un match où nous les avions battus de 70 points.

« Une structure solide, un calendrier fiable, une approche professionnelle... il a été prouvé que c'est possible. Mais cela ne se fait pas sans retrousser les manches et sans beaucoup de travail. »

Historiquement, l'Amérique a connu beaucoup plus de succès sur le terrain lors des Coupes du Monde de Rugby féminines, remportant le tournoi inaugural en 1991 et parvenant en finale des deux tournois suivants avant une autre demi-finale tant attendue en 2017.

Lyle pense que le tournoi de 2033 propulsera le rugby féminin dans une autre stratosphère.

« Si le potentiel est très élevé pour le rugby masculin, il est astronomique pour le rugby féminin en Amérique », dit-il.

« C'est presque un rêve que d'avoir un objectif aussi ambitieux pour le rugby féminin, car nous sommes très attachés au sport féminin ici. Il pourrait même éclipser celui des hommes en termes de croissance et de valeur à long terme. »

En attendant, Lyle ne tarit pas d'éloges sur la nouvelle méthode adoptée par World Rugby concernant le processus de candidature et l'accord de partenariat qui permet à l'instance dirigeante de travailler en collaboration avec les fédérations nationales et les gouvernements pour organiser des tournois réussis.

« Je pense que la structure et l'approche de World Rugby pour mettre ce schéma en place - plutôt que les gens dépensent des millions de dollars en essayant de candidater les uns contre les autres - va rassembler les gens plus rapidement et plus efficacement et changer le paysage du sport. »