Le rugby japonais va entrer dans une nouvelle ère lorsque la toute première saison de la NTT Japan Rugby League One débutera ce week-end.

La League One est désormais l'étape la plus prestigieuse pour les joueurs et les fans de rugby au Japon, prenant le relais de la Top League, qui a conclu sa 18e et dernière saison l'année dernière.

Dans le sillage de la tendance récente qui a amené de nombreux joueurs de renom dans le pays hôte de la Coupe du Monde de Rugby 2019, la plupart des équipes de League One sont désireuses de recruter des joueurs de haut niveau pour élever le niveau de qualité sur le terrain.

Toyota Verblitz est l'une des équipes qui a procédé à des recrutements notables. L'équipe a en effet engagé Pieter-Steph Du Toit, le flanker des Springboks, et Patrick Tuipulotu, le deuxième-ligne des All Blacks, tandis que le deuxième-ligne japonais Kazuki Himeno fait son retour dans l'équipe après avoir joué en Super Rugby avec les Highlanders la saison dernière.

Du Toit a participé à cinq matchs de la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon et a aidé l'Afrique du Sud à remporter la Webb Ellis Cup pour la troisième fois. Plus tard au cours de l'année, il a été couronné Joueur World Rugby de l'Année.

Le natif du Cap, âgé de 29 ans, a choisi de jouer au Japon à partir de la saison 2022, après une carrière réussie avec les Sharks et les Stormers en Super Rugby. Du Toit, qui compte 58 sélections avec les Springboks, apprécie un type de rugby différent au Japon.

« Je trouve que le rugby au Japon est un jeu très rapide et très technique », explique-t-il. « En Afrique du Sud, le rugby est un jeu plus lent et plus physique.

« J'aime jouer différemment et j'apprécie aussi la façon dont ils appréhendent le jeu. »

Son nouveau coéquipier Tuipulotu ajoute : « J'ai joué en Super Rugby pendant huit à neuf ans et je me suis dit qu'il était temps de me lancer un nouveau défi. »

LES GRANDS NOMS ARRIVENT, LES ATTENTES SE FONT PLUS GRANDES

L'arrière des All Blacks, Damian McKenzie, a rejoint le Tokyo Suntory Sungoliath avec la ferme intention de développer son jeu grâce à son expérience au Japon et de gagner une place dans l'équipe néo-zélandaise de la Coupe du Monde de Rugby 2023. McKenzie avait dû renoncer à la Coupe du Monde de Rugby 2019 en raison d'une blessure.

Ils sont rejoints sur la liste des nouveaux arrivants dans la ligue par l'ailier australien Marika Koroibete auprès des Saitama Panasonic Wild Knights, le deuxième-ligne du Pays de Galles Cory Hill aux Yokohama Cannon Eagles, et le troisième-ligne écossais Blair Cowan chez Ricoh Black Rams Tokyo.

L'ancien entraîneur de l'Australie et entraîneur de l'année 2015 de World Rugby, Michael Cheika, aidera NEC Green Rockets Tokatsu à établir les fondations de l'équipe en tant que directeur du rugby. Tokatsu a réussi à faire signer l'ancien demi de mêlée japonais Fumiaki Tanaka par les Eagles et le deuxième-ligne des Wakes Jake Ball par les Scarlets.

Par ailleurs, l'ancien deuxième-ligne du Japon Luke Thompson, qui avait raccroché les crampons après avoir contribué à la qualification du Japon pour les quarts de finale de la Coupe du Monde de Rugby 2019, a surpris le monde du rugby japonais avec un retour inattendu.

L'ancien joueur de Kintetsu, âgé de 40 ans, a rejoint le NTT Communications Shining Arcs Tokyo-Bay Urayasu avant cette saison.

Son nouveau coéquipier aux Arcs, l'ailier australien Israel Folau et le demi d'ouverture des Springboks Elton Jantjies, qui a signé avec les NTT Docomo Red Hurricanes Osaka, sont également de retour après avoir joué en Top League.

Le troisième-ligne aile de Kubota et du Japon, Peter Labuschagne, se réjouit de l'arrivée de ces nouveaux venus dans la ligue et pense qu'ils peuvent contribuer à une meilleure qualité de jeu sur le terrain.

« Il y a beaucoup d'étrangers mais aussi beaucoup de talents locaux qui vont arriver », indique Labuschagne.

« Chaque équipe sera d'un très bon niveau et le niveau de compétition sera très élevé. C'est pourquoi j'ai hâte d'y être. Cela nous donne l'occasion de progresser et de voir comment nous pouvons nous améliorer. C'est vraiment excitant. »

Malheureusement, certaines équipes ont été touchées par la pandémie de Covid-19.

Les Wild Knights n'ont pas pu aligner une équipe pour le match d'ouverture, prévu le 7 janvier, après que neuf de leurs joueurs aient été testés positifs au Covid-19.

Le match d'ouverture contre Spears a dû être annulé, ce qui a permis à Spears de gagner cinq points contre zéro pour Saitama.

D'autres équipes ont connu un retard dans l'arrivée de certains joueurs étrangers en raison des restrictions de voyage imposées par le gouvernement japonais. Les équipes doivent faire preuve de force collective pour surmonter les difficultés.

Augmentation du nombre de matchs

En League One, les fans auront plus d'occasions de voir des matchs car le nombre de rencontres pour chaque équipe sera plus important qu'en Top League.

En Division 1 (D1), un total de 12 équipes sera divisé en deux conférences A et B et jouera dans un système de matchs aller-retour au sein de chaque conférence, en plus d'un système à la ronde avec les équipes de l'autre conférence.

Les quatre premières équipes à la fin de la saison régulière passeront au tournoi de barrage pour désigner les champions, tandis que le classement des quatre équipes inférieures sera décidé à la fin de la phase régulière.

Les barrages de relégation-promotion entre les divisions auront également lieu à la fin de la saison.

Ainsi, les équipes de D1 auront au moins 16 matchs en saison régulière, ce qui est plus que les Wild Knights, champions de la saison dernière, qui ont disputé 11 matchs.

En D2 et D3, chaque équipe aura 12 matchs à jouer. Six équipes dans chacune des deux divisions joueront entre elles, ainsi que des matchs de classement.

Il est également prévu d'organiser des matchs transfrontaliers pour les meilleurs dans les saisons à venir.

Le talonneur japonais Atsushi Sakate des Wild Knights explique : « Je suis content de jouer beaucoup de matchs et d'avoir plus d'occasions de jouer. Avec l'augmentation du nombre de matchs, les fans pourront apprécier davantage le rugby. »

La ligue devrait jouer un rôle important en aidant les joueurs japonais à perfectionner leur rugby en vue de la Coupe du Monde de Rugby 2023.

Dans la perspective de la Coupe du Monde de Rugby 2019, les joueurs du Japon avaient joué pour les Sunwolves et développé leur jeu grâce à l'expérience du Super Rugby.

Cependant, cette expérience n'est plus possible depuis que l'équipe japonaise a été retirée du Super Rugby à la fin de l'année 2020. Il est désormais espéré que la League One contribuera à combler ce vide.

L'arrière du Japon et des Kobelco Kobe Steelers, Ryohei Yamanaka, affirme : « Il est important de jouer à un niveau plus élevé car ça nous permettrait de nous rapprocher des performances de l'équipe nationale du Japon. »

SE CONNECTER AUX COMMUNAUTÉS LOCALES

Les noms des équipes constituent un autre changement entre la Top League et la League One. Chaque équipe est tenue de préciser son stade et sa zone d'activité et doit mettre en avant sa localité dans son nom.

La ligue encourage en effet ses équipes à avoir des liens plus forts avec les communautés locales afin de construire une base solide dans la région.

De nombreuses équipes associent encore leur nom à celui de leur entreprise et de leur région, mais Shizuoka BlueRevs est différent. Ils ont changé leur nom de Yamaha Motor Jubilo, sans avoir le nom de l'entreprise dans le but de créer une familiarité avec la population locale.

De leur côté, les Saitama Wild Knights ont construit leur club-house et leur terrain d'entraînement dans le Kumagaya Sports Culture Park lorsqu'ils se sont installés dans la ville où a été organisée la Coupe du Monde de Rugby 2019.

Cela donne l'occasion aux habitants de la région d'assister à une séance d'entraînement tout en se promenant dans le parc.

Sakate, des Wild Knights, remarque : « Comme notre terrain d'entraînement est situé dans le parc, nous espérons que davantage de personnes viendront assister à notre séance. Cela nous donnerait un élan supplémentaire.

« Ce serait bien si nous pouvions donner à quelqu'un une chance de s'intéresser au rugby. »

La League One va également introduire un format de jeu à domicile et à l'extérieur, qu'ils appellent « hôte et visiteur ». Chaque équipe est désormais responsable de l'organisation de son match à domicile pour générer des revenus ; une nouveauté pour les équipes de la ligue.

Le directeur général de Tokyo Suntory Sungoliath, Kiyonori Tanaka, précise : « Nous n'avions pas pensé à faire des bénéfices, et c'est ce que nous devons changer. »

En introduisant ces changements et ces initiatives, la ligue vise à attirer plus de fans vers le rugby et à le rendre compétitif au plus haut niveau à l'avenir.

Genichi Tamatsuka, président de League One, ajoute : « Nous aimerions avoir autant de fans que possible dans les stades. De nombreux supporters ont trouvé le rugby intéressant lors de la Coupe du Monde de Rugby en 2019 et nous espérons accroître ce potentiel. »

Le troisième-ligne du Japon et du Toshiba Brave Lupus Tokyo, Michael Leitch, pense que les fans seront la clé du succès de la nouvelle ligue.

« J'espère que c'est la ligue pour les fans. Il est important de voir à quel point nos supporters peuvent apprécier le rugby et de réduire la distance entre les supporters et les joueurs », note l'ex-capitaine japonais.

L'ancien capitaine écossais Greig Laidlaw, qui va vivre sa deuxième saison avec les Shining Arcs, exprime une pensée similaire.

« C'est une entreprise de divertissement, et si vous pouvez avoir des techniques de haut niveau en tant que joueur de rugby, les gens peuvent venir et apprécier le jeu », dit-il.

« Avec la façon dont le rugby se pratique au Japon, c'est vraiment une bonne chose et c'est une façon positive de pratiquer ce sport. Les équipes jouent vite et marquent beaucoup de points, ce qui permet aux supporters de venir et d'assister à de nombreux essais marqués. C'est vraiment un plaisir pour les joueurs. »

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