La dernière quinzaine à Dubaï a donné un aperçu de l'avenir de l'équipe féminine de rugby à sept du Canada, puisque huit joueuses ont participé pour la première fois aux HSBC World Rugby Women's Sevens Series lors des deux tournois.

Cinq de ces joueuses - Renee Gonzalez, Nakisa Levale, Fancy Bermudez Chavez, Chloe Daniels et Krissy Scurfield - sont membres de la Maple Leaf Academy (MLA) de Rugby Canada.

« Nous sommes très fiers de cela et nous sommes très fiers d'elles. Je pense que c'est un excellent exemple de la façon dont la MLA peut accompagner les joueuses individuellement ainsi que les programmes nationaux seniors », affirme Kelly Russell, entraîneure de la MLA et ancienne internationale canadienne à la fois à 7 et à XV.

Le Canada n'a pas remporté de médaille dans l'un ou l'autre des tournois, mais Kelly Russell s'attend à des résultats plus tard.

« Pour nous, les deux prochaines années seront consacrées à la construction. C'est une nouvelle équipe avec des joueuses de la MLA, des joueuses seniors qui reviennent et des joueuses du XV qui arrivent, et elles apprennent toutes à se connaître au fur et à mesure. »

AU COUDE À COUDE

Douze des meilleures jeunes espoirs du pays ont été choisies parmi 75 candidates pour rejoindre la MLA, qui en est maintenant à sa deuxième saison complète.

Basé au Al Charron High Performance Centre sur l'île de Vancouver, le groupe de l'AML s'entraîne aux côtés de l'équipe nationale senior et il est clair que les deux programmes se complètent bien.

« C'est un environnement d'entraînement quotidien qui dure environ huit mois par an et qui donne aux joueuses l'occasion de se perfectionner dans de nombreux domaines, en termes de développement du rugby mais aussi en dehors du terrain, en matière de santé mentale, de gestion du Covid, de gestion émotionnelle, etc.

« Nous avons la chance que ce programme se déroule parallèlement à celui des seniors, ce qui nous donne l'occasion de participer à leur formation.

« C'est une source d'inspiration pour les joueuses de se retrouver aux côtés de seniors de classe mondiale qui ont participé aux World Series et aux Coupes du Monde de Rugby et qu'elles admirent depuis un certain temps.

« C'est un environnement assez cool pour elles. Nous partageons les mêmes équipements et elles peuvent voir à quel point il faut travailler dur pour devenir une sportive d'élite. »

Un rugby plus accessible

Lorsque Kelly Russell a commencé à pratiquer ce sport à l'âge de 14 ans, les possibilités de jouer dépendaient essentiellement de l'endroit où l'on vivait. Et à Toronto, elle a eu la chance d'être relativement bien desservie par le rugby féminin, même à la fin des années 90.

Mais tout le monde n'a pas eu cette chance et un nombre incalculable de prétendantes ont manqué d'occasions de pratiquer ce sport. Aujourd'hui, avec la MLA et d'autres initiatives dès le début des parcours des joueuses, elles ne seront pas si nombreuses à passer à travers les mailles du filet.

« Le rugby était encore un sport très masculin et peu d'équipes proposaient des programmes pour les femmes, mais heureusement, je me suis impliquée très tôt dans les Nomads de Toronto », dit-elle.

« De nos jours, les jeunes ont accès au rugby bien plus tôt que nous : il y a le Rookie Rugby, les clubs proposent du rugby pour les 7 à 12 ans et il y a une multitude de programmes par catégorie d'âge. Tout a un peu souffert pendant le Covid, mais l'accès au rugby est toujours possible. »

Cela fait maintenant quatre ans que Kelly Russell a mis un terme à une carrière de joueuse qui l'a vue mener le Canada à la finale de la Coupe du Monde de Rugby à XV en 2014, ainsi qu'à une médaille à la Coupe du Monde de Rugby à Sept 2013 puis aux Jeux Olympiques de Rio 2016.

Elle a été désignée Joueuse de l'Année dans l'équipe féminine à XV du Canada en 2013 et a été nommée pour le titre de Joueuse World Rugby de l'Année en 2014, année où sa coéquipière Magali Harvey l'a remporté.

L'ancien entraîneur de l'équipe nationale féminine du Canada, François Ratier, a salué Kelly Russell, qui a eu 35 ans cette semaine, comme « l'une de nos meilleures joueuses » lorsqu'elle a annoncé sa retraite en novembre 2017. Elle s'efforce maintenant d'être la meilleure version d'elle-même en tant qu'entraîneure.

Russell a assuré l'intérim de l'équipe féminine senior de rugby à sept lors des tournois Fast Four à Vancouver et Edmonton en septembre et affirme qu'elle apprend constamment.

« Pour moi, qui ne me suis pas lancée dans l'entraînement il y a très longtemps, je suis toujours en train d'apprendre et de progresser.

« Le staff de la MLA est extraordinaire et c'est un environnement idéal pour moi et pour les jeunes joueuses.

« Prendre en charge une équipe en tournée dans le cadre de l'expérience Fast Four a également été une autre étape de mon développement. »

COMBLER L'ÉCART

Kelly a pris sa retraite avec 53 sélections à son actif, ce qui la place en troisième position sur la liste, derrière Gill Florence (66) et Maria Gallo (55). Très bientôt, elle ne sera plus que quatrième, derrière sa sœur Laura.

Laura, joueuse de première ligne, a remporté sa 50e sélection contre l'Angleterre en novembre et n'est plus qu'à quatre matchs de dépasser sa sœur aînée.

Cette reconnaissance est une bonne nouvelle pour l'ancienne troisième-ligne, car elle estime qu'il s'agit d'un effet secondaire de la croissance du rugby féminin dans le monde.

Avec de plus en plus d'opportunités de jouer au rugby au niveau international offertes par World Rugby par le biais de tournois tels que les Pacific Four Series et la WXV, qui débutera en 2023, Russell s'attend à de nombreuses joueuses à 50 ou 100 sélections, dans les années à venir.

« C'est phénoménal que Gillian Florence, qui jouait peut-être un ou deux matchs par an à l'époque (1994-2011), se maintienne encore au sommet, mais il y a beaucoup de filles qui arrivent dans la trentaine et la quarantaine et qui approchent la barre des 50 caps. Cela montre la longévité que l'on peut avoir dans le rugby de nos jours, avec le nombre de matchs qui sont joués.

« C'est un jeu (le rugby féminin) dans lequel les gens veulent s'impliquer et un sport que les gens veulent regarder, comme nous l'avons vu avec 29 000 personnes qui ont regardé le match des Barbarians et beaucoup plus en ligne et à la télévision. C'est fantastique, il faut que ça se sache. »

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