Le Dr Araba Chintoh est persuadée que World Rugby a « les bonnes personnes dans la salle » après la première réunion du Groupe de pilotage sur la santé des joueuses.

Il a été confirmé au début du mois de novembre que World Rugby avait créé le Groupe de pilotage qui se concentrera exclusivement sur l'avancement des actions et des interventions en matière de santé des joueuses élaborées spécifiquement pour le rugby féminin à tous les niveaux.

Araba Chintoh, qui a été nommée présidente, a convoqué la première réunion du groupe lors de la Conférence de la Commission Médicale de World Rugby à Londres le mois dernier et affirme qu'elle a été motivée par le temps passé ensemble.

Le groupe est composé de 13 membres, qui apportent une richesse en termes d'expertise médicale, d’aspects juridiques, de recherche et de pratique. Bien que toutes les participantes n'aient pas pu être présentes en présentiel, Araba Chintoh espère organiser des réunions individuelles avec chacune d'entre elles avant qu’elles ne se réunissent à nouveau en février.

« Nous avons un large panel de personnes [avec] différents profils qui sont dans le groupe et donc, en tant que présidente, c'était agréable d'en faire partie », explique Araba Chintoh à World Rugby.

« L'une des choses que je réussis généralement à faire, c'est de réunir les bonnes personnes et cela m'a en quelque sorte confirmé que nous avons réuni les bonnes personnes dans la salle pour aborder certaines de ces questions importantes.

« Et quand je dis cela, je ne suis même pas sûre que nous sachions quels sont les problèmes importants. En revanche, je pense que nous avons les bonnes personnes dans la pièce pour les résoudre.

« De ce point de vue, je pense que tout s'est bien passé. Dans l'ensemble, j'étais assez contente. World Rugby a soutenu la mise en place de ce projet, et c'est énorme.

« Beaucoup d'entre nous, les femmes et peut-être même les hommes, même s'ils ne le savent pas, ont grandi à une époque où les femmes se battaient pour survivre et où elles étaient largement ignorées.

« On ne leur interdisait pas d'être dans une pièce, mais on ne leur prêtait aucune attention et on ne faisait aucun effort pour elles. Je pense que c'est tout à fait significatif que World Rugby soutienne ce groupe et l'ait constitué. »

Étudier les données

Araba Chintoh était fière de s'être vu offrir l'opportunité de diriger le Groupe de pilotage par son mentor de la Bourse World Rugby pour dirigeantes, Mark Harrington, mais a admis qu'elle avait la responsabilité de ne pas « tout gâcher ».

La recherche sur la santé des joueurs s'est traditionnellement concentrée presque exclusivement sur les joueurs masculins. Cependant, World Rugby a présenté au début de cette année un plan d'action ambitieux en six points pour devenir le sport le plus progressiste dans ce domaine.

Les premiers résultats démontrent que les femmes subissent certaines blessures d'une manière différente de celle des hommes et Araba Chintoh affirme que « à l'heure actuelle, en 2021, nous disposons de suffisamment d'informations et de suffisamment de connaissances pour nous pencher davantage sur la question ».

« Nous savons toutes ces choses sur les blessures, que nous avons prises chez les hommes parce que c'est là que se trouvaient les données », dit-elle encore.

« Certaines de ces données sont peut-être les mêmes. Par exemple, les femmes ont le même taux de luxation de l'épaule et le même mécanisme de blessure que les hommes.

« Mais certaines de ces données peuvent être différentes - les femmes ne subissent ainsi pas les commotions cérébrales de la même manière que les hommes - et si c'est le cas, peut-être devons-nous alors faire le tour de la question et nous demander : Est-ce que nous devons changer les règles pour protéger les femmes de la même manière que nous avons changé les règles pour protéger les hommes ?

« Mettons-nous en œuvre des stratégies d'exercice différentes ? Mettons-nous en place des modes d'entraînement différents afin de protéger les deux groupes de la manière dont ils en ont besoin ?

« Je pense que cela répond à l'objectif primordial de World Rugby, qui est la santé des joueurs. »

Renouer avec le rugby

Araba Chintoh était l'un des 12 bénéficiaires de la toute première Bourse World Rugby pour les dirigeantes en 2018, une mission qui lui a permis de se reconnecter avec le sport qu'elle aime.

Bien qu'elle ait connu une carrière de dix ans dans le domaine du rugby, au cours de laquelle elle a représenté le Canada à la Coupe du Monde de Rugby 2002, Chintoh n'était pas très investie dans ce sport avant d'être acceptée dans le programme de leadership.

« C’est un peu comme un acte d'amour. C’est-à-dire que nous consacrons notre temps, dans de nombreux pays, notre argent, nous mettons nos études de côté, nous nous engageons et puis nous nous éloignons », raconte la psychiatre consultante.

« Ce que World Rugby a fait avec ces bourses de leadership a permis à de nombreuses femmes de revenir dans le rugby dans un environnement qui n'est pas seulement celui de l'entraînement.

« Ainsi, pour moi, d'une manière ou d'une autre, ces connaissances médicales que j'ai en tant que médecin, les connaissances en matière de recherche que j'ai acquises au cours des années où j'ai fait mon doctorat, me permettent de disposer maintenant d'un ensemble de techniques que je suis en mesure d'appliquer au sport que j'ai aimé, le sport qui m'a tant apporté.

« J'éprouve un grand sentiment de fierté et lorsque j'appelle mes anciennes camarades, qui savaient que je n'allais jamais réussir en tant qu'entraîneur, je me sens vraiment fière de leur dire : "Les filles, je travaille toujours dans le rugby !"

« Je ne suis pas assez naïve pour penser que je suis sur le point de changer le monde, mais je suis vraiment fière d'avoir une technique et d'être capable de l'appliquer à quelque chose qui m'a tant apporté. »

Le fait de faire partie du programme de bourses n'a pas seulement permis à Araba Chintoh d'accéder aux organes de décision et aux comités, mais il lui a aussi donné accès à une communauté de femmes leaders à travers le monde, dans laquelle elle peut puiser pour obtenir aide et soutien.

« Nous avons constitué ce groupe de femmes maintenant, [depuis] les quatre années où nous avons obtenu la bourse », précise Chintoh.

« Nous nous réunissons tous les trimestres, par le biais d'appels Zoom à cause de la pandémie, et nous partageons nos expériences, nos projets personnels et ce qui se passe dans le monde - nous sommes littéralement aux quatre coins du monde.

« Cette communauté m'a confortée dans l'idée que si j'aide à prendre une décision sur un sujet, elle aura un impact sur mon amie en Iran, mon amie au Laos ou mon amie en Autriche. »

Elle ajoute : « La bourse, je pense, m'a aidée à la fois en termes de communauté avec laquelle partager, mais aussi en termes d’outils et de moyens pour diriger. »

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