Les supporters anglais étaient déjà prêts à arriver au Twickenham Stoop dimanche dans une ambiance jubilatoire au vu des récents résultats, mais la confirmation que deux des joueuses les plus populaires de l'équipe remporteront leur 50e sélection contre le Canada devrait garantir une atmosphère de fête dans le sud-ouest de Londres.

Poppy Cleall, capitaine des Red Roses lors de leur victoire record 56-15 sur les Black Ferns le week-end dernier, devrait à nouveau mener l'équipe aux côtés d'Abbie Ward, les avants atteignant le cap des 50 sélections.

À un moment où la concurrence pour les places dans l'équipe d'Angleterre est plus intense que jamais, cette étape témoigne du travail acharné, du dévouement et des capacités des deux joueuses.

« Lorsque j'ai fait mes débuts en Angleterre [contre l'Écosse en 2016], je ne pensais pas que j'arriverais à 50 sélections », explique Poppy Cleall à World Rugby.

« C'est incroyable maintenant de regarder en arrière, avec tous les souvenirs et les années qui se sont écoulées entre la première et celle-ci.

« Je suis vraiment fière de ce que j'ai accompli et c'est un honneur de pouvoir disputer mon 50e match avec cette équipe contre le Canada.

« Ce sera un grand moment et un autre coché sur la liste, je pense. C'est un moment de grande fierté. »

Abbie Ward ajoute : « Chaque fois que nous avons un match, chaque fois qu'il y a une sélection, mon objectif numéro un est de participer à n'importe quel prix.

« Ma première sélection a été une réussite extraordinaire, mais depuis, à chaque sélection, j'ai tellement envie de figurer sur la feuille de match que je ne la considère jamais comme acquise.

« C'est incroyable que j'en aie 50, mais que ce soit ma 50e, ma 40e ou ma 30e, j'ai juste envie d'être sur cette feuille et d'y aller. »

Des hauts et des bas

Abbie Ward a dû surmonter un certain nombre de blessures avant d’arriver à sa 50e sélection. La première, une déchirure du ligament croisé antérieur en 2014, a retardé ses débuts en équipe nationale, qui ont finalement eu lieu lors d'une défaite 13-0 contre le Pays de Galles lors du Tournoi des Six Nations féminin un an plus tard.

La plus récente, une blessure à la hanche, l'a obligée à passer la majeure partie de l'année 2020 en tribune. « Il m'a fallu environ un an pour revenir et c'était pendant que nous étions en plein Covid, si bien que nous n'avions pas accès à tous les équipements que nous avons normalement. C'était vraiment difficile », reconnaît-elle.

Poppy Cleall a fait son entrée sur la scène internationale un an après Abbie, en remplaçant la capitaine Sarah Hunter à 15 minutes de la victoire 32-0 des Six Nations contre l'Écosse, au cours de laquelle La Toya Mason a obtenu sa 50e sélection.

« Je me souviens que j'étais assise là et que je me disais : "Wow, c'est cool - 50 sélections, woah !" », se souvient Poppy.

« Je trouve ça marrant que j'ai fait mes débuts alors que quelqu'un obtenait sa 50e, et ce que je pensais était que je n'y arriverais jamais et pourtant, j'y suis! »

Poppy Cleall est devenue l'une des avants les plus redoutées du rugby et sera encouragée par une grande partie de sa famille dimanche, dont sa grand-mère qui assistera à son tout premier match.

Et, alors qu'elle se prépare à vivre une expérience qu'elle considérait autrefois comme impossible, Poppy admet que le fait de le faire aux côtés d’Abbie Ward rendra ce moment encore plus spécial.

« C'est une étape importante de votre carrière dont vous pouvez être très fière. Jouer 50 fois pour son pays montre qu'il y a eu beaucoup de travail et de dévouement », dit-elle.

« Parfois, on ne se rend pas forcément compte, parce qu'il y a une trentaine de personnes dans une équipe, qu'on se concentre trop sur son propre parcours. Vous ne donnez pas nécessairement assez de crédit aux autres personnes que vous connaissez et ne célébrez pas autant leurs succès.

« Donc, ce week-end, je pense que c'est bien que nous puissions célébrer ensemble et vraiment reconnaître ses réalisations aussi. »

Chez elle, loin de la maison

Le mari d’Abbie Ward, Dave, entraîneur des Bristol Bears Women, sera au Stoop dimanche, un terrain qui a une signification particulière pour les deux en tant qu'anciennes joueuses des Harlequins.

« J'adore le Stoop », explique-t-elle. « J'aime les fans là-bas, ils me soutiennent tellement. Vous savez, quand je jouais aux Quins pendant quatre ans, je pense qu'ils sont parmi les meilleurs fans du coin, et même en y retournant en tant que joueuse de Bristol, ils m'ont toujours soutenue.

« J'aime y aller, j'aime y jouer et l'héritage et l'histoire de ce club, de ce terrain et de cette pelouse.

« J'ai toujours un bon souvenir de chaque match que j'ai joué là-bas, que ce soit en club ou avec l'équipe d'Angleterre. Certains des matchs que nous avons disputés restent vraiment gravés dans ma mémoire, alors ce serait formidable d'y aller pour un 50e..

« C'est un endroit où, même si ce n'est plus mon club, je me sens toujours un peu comme chez moi. »

Poppy Cleall et Abbie Ward espèrent créer d'autres souvenirs heureux dimanche et aider l'Angleterre à maintenir son mois de novembre parfait contre le Canada.

Les victoires record consécutives contre les Black Ferns ont naturellement suscité des espoirs chez les fans des Red Roses, mais les deux joueuses ne prennent pas au sérieux les pronostics selon lesquels elles sont désormais favorites pour remporter la Coupe du Monde de Rugby 2021 en Nouvelle-Zélande.

« Dylan Hartley a eu une remarque très juste. Il a dit : '12 mois, c'est long en termes de rugby' », rappelle Cleall. « Chaque équipe a des choses à travailler et 12 mois, c'est long pour le faire.

« Je ne pense pas que nous partons en tant que favorites - pas du tout. Je pense que lorsque vous êtes championnes en titre et que vous avez une Coupe du Monde à domicile, c’est vous qui êtes favorite. »

Les fans de l'Angleterre peuvent être assurés, cependant, qu'à un an de la finale de la Coupe du Monde de Rugby 2021, Cleall, Ward et leurs partenaires des Red Roses feront tout ce qui est en leur pouvoir pour détrôner les hôtes en tant que championnes.

« Pour moi, aller en Nouvelle-Zélande, leur enlever la Coupe du monde dans leur propre jardin, je pense qu'il n'y a rien de mieux ! », sourit Abbie Ward.

(Photos: The RFU collection via Getty Images)