Lorsqu'une déchirure du ligament croisé antérieur a mis fin aux espoirs de Meaghan Howat de représenter le Canada à la Coupe du Monde de Rugby 2010, elle s'est convaincue que travailler dans le sport était ce qu'il y avait de mieux après la pratique de celui-ci.

Meaghan Howat a excellé au rugby et au hockey pendant ses études à l'Université de Guelph, où elle a été nommée athlète féminine de l'année en 2007.

Elle a ensuite représenté le Canada en rugby à XV, s'alignant au poste de demie d’ouverture lors de la défaite 25-3 du Pays de Galles à Taff's Well en novembre 2007. Mais à la suite de sa blessure au genou, elle est arrivée à la conclusion déchirante qu'elle avait peu de chances de réaliser son ambition de participer à la Coupe du Monde de Rugby 2010 en Angleterre.

Au lieu de cela, elle a repris ses études et s'est inscrite à l'université de Notre Dame, où elle a obtenu en 2011 une maîtrise en administration des affaires, avec des compétences en finance et en marketing.

Cette décision s'est avérée payante l'année suivante lorsque Rugby Canada a nommé Meaghan Howat à la tête de son programme national féminin. Bien qu'âgée de seulement 28 ans, elle émettait des réserves quant à l'acceptation d'une telle mission.

« Je me suis mise en contact avec quelques personnes que je connaissais dans l'organisation et tout s'est très bien passé », explique Meaghan Howat à World Rugby.

« Je me souviens avoir dit à Mike Chu à l'époque, que je n'étais pas certaine que ce rôle soit vraiment pour moi... parce que les Jeux olympiques étaient si proches, et que je sais à quel point cette était importante.

« Et il m'a dit : "Viens essayer et nous travaillerons avec toi". Et, honnêtement, après ma première tournée à Dubaï, j'ai vraiment aimé ce poste. J'ai adoré travailler avec les athlètes. »

« HONORÉE ET EXCITÉE »

Meaghan Howat plaisante en disant que « le reste appartient à l'histoire » et elle a raison. Ayant travaillé brièvement dans le domaine de la finance après avoir obtenu son diplôme, elle savait que c'était là qu'elle voulait être.

« Une fois que j'ai commencé avec Rugby Canada, il n'y avait pas de retour en arrière possible », explique Meaghan.

Après quatre ans dans cette fonction, qui ont culminé avec une médaille de bronze aux Jeux olympiques de Rio 2016, elle a été promue à la tête des opérations sevens de Rugby Canada, supervisant les programmes masculins et féminins.

Meaghan Howat a quitté Rugby Canada à la fin de l'année 2018. « J'avais l'impression d'avoir fait beaucoup de choses et je voulais avoir plus d'opportunités pour évoluer », dit-elle.

« C'était triste. J'aimais les athlètes avec qui je travaillais, j'aimais travailler avec mon staff. »

Howat est retournée à l'Université de Guelph pour devenir responsable des services aux sportifs et, jusqu'en mai, elle a conservé une place au conseil d'administration de Rugby Canada en tant que représentante des joueuses.

Son objectif à long terme est de devenir directrice générale de Rugby Canada et cette ambition lui a permis de continuer à rechercher des opportunités de développement professionnel.

C'est la raison pour laquelle elle a commencé un doctorat à Guelph en 2020, et ça a été également le facteur déterminant derrière sa décision de postuler pour la bourse de leadership exécutif féminin de World Rugby.

Meaghan Howat a été acceptée dans le programme à la deuxième tentative en mars et n'a pas laissé le léger détail d'être enceinte à ce moment-là l'empêcher d'en tirer le meilleur parti.

« J'étais très honorée et très excitée », raconte-t-elle.

« Évidemment, mon objectif à long terme est de continuer à monter en grade à Rugby Canada ou dans d'autres métiers du rugby, alors pouvoir bénéficier de cette bourse et savoir que Katie [Sadleir] a estimé que je la méritais, c'était vraiment un sentiment formidable. »

DEVENIR MAMAN

Le premier enfant de Meaghan, son fils Bowen, est arrivé le 21 avril, ce qui signifie qu'elle a dû faire une pause de trois mois après le premier appel avec son mentor Robbie McRobbie, pour se concentrer sur son rôle de mère.

Depuis, elle a identifié des lacunes dans son parcours professionnel qu'elle a l'intention de combler et elle devra faire face à un emploi du temps peu enviable au cours des prochains mois alors qu'elle tentera de jongler avec la bourse d'études, la maternité, son cours de doctorat et un nouveau mandat à l'Association canadienne des joueurs de rugby.

« Je dirais que Rugby Canada m'a aidé à me familiariser avec cet environnement où l'on travaille dur tout le temps et où l'on voyage beaucoup, ce qui fait que l'on s'adapte au manque de sommeil lors des changements d'horaires.

« Honnêtement, ça a été génial. Je pense qu'un très bon conseil m'a été donné par Annabel [Kehoe], une autre boursière de cette année, qui m'a dit de me donner trois mois pour réaliser que je ne pourrai plus rien faire.

« Il s'agit simplement de se ménager. J'ai appris que l'on ne peut pas vraiment recevoir plus d'un appel par jour à ce stade, surtout si l'on est seul à la maison. »

L'un des facteurs majeurs dans la décision de Meaghan de postuler pour la bourse d'études en premier lieu était l'opportunité d'apprendre au contact de tout un réseau de femmes leaders à travers le monde.

« C'est extrêmement important. Je pense que l'une des meilleures facettes de la bourse d'études est la possibilité d'apprendre. Chaque fédération de rugby a ses propres défis et les femmes qui y sont impliquées peuvent vous apprendre beaucoup de choses », assure-t-elle.

« À chaque fois que vous entendez parler de la façon dont elles ont relevé un défi, comment elles l'ont surmonté, quel a été leur processus, cela aide chacune d'entre nous à les gérer quand nous y sommes confrontés.

« [Indépendamment du fait que] vous l'abordez de manière très différente, en fonction de votre état et de votre situation au sein de la fédération, le fait d'apprendre et de partager avec chacune d'entre elles est primordial.

« Je pense qu'il y a aussi la partie soutien, c'est-à-dire que chaque fois qu'il y a un succès pour les femmes, qu'elles aient réussi à entrer dans leur conseil d'administration ou qu'elles siègent un jour au Conseil de World Rugby, ce genre de choses, c'est une grande avancée et c'est génial de voir les femmes soutenir d'autres femmes. »

Meaghan Howat a de grandes ambitions pour sa propre carrière, mais en fin de compte, elle espère être en mesure d'utiliser les compétences qu'elle apprend et le réseau qu'elle construit pour aider les joueuses au Canada à tirer le meilleur parti de leur temps sur le terrain.

« J'espère pouvoir transformer notre organisation en quelque chose qui permettra aux sportives de partir en ayant vécu une expérience vraiment positive », dit-elle.

« Que ce soit parce que nous avons créé un soutien beaucoup plus important en matière de santé mentale, que nous avons créé une meilleure structure de haute performance autour de nos athlètes. C'est mon objectif numéro un. »

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