Gabriel Lee veut souhaiterait mettre à profit sa notoriété pour contribuer à la formation de la nouvelle génération d'arbitres en Asie, mais ne se sent pas encore tout à fait prête à raccrocher son sifflet.

Gabriel Lee, qui a arbitré la finale féminine de la Coupe du Monde de Rugby à Sept 2009, s'est mise en retrait de la scène internationale il y a quatre ans pour se marier et fonder une famille.

Elle est aujourd'hui l'heureuse maman d'Else, trois ans, et de Rudolf, 20 mois, et a repris son travail à plein temps au service de l'immigration de Hongkong.

L'officielle de matchs des Jeux olympiques de Rio 2016 a également repris son travail d'arbitre, après avoir été nommée au comité de sélection et de nomination d'Asia Rugby, ce qui, elle l'admet, a été une surprise.

« Ce sera bien parce que je suis la seule femme dans ce panel. Alors, j'apprécie de pouvoir faire entendre ma voix d'un point de vue féminin », indique Gabriel Lee à World Rugby.

PAS ENCORE À LA RETRAITE

Gabriel a arbitré deux tournois de RWC Sevens, la Coupe du Monde de Rugby 2010, Rio 2016 et a également pris en charge un test masculin entre le Kirghizistan et la Mongolie en 2009.

Elle a également travaillé en tant qu'arbitre assistante pour plusieurs autres matchs internationaux masculins et espère que son expérience sur le terrain aidera à convaincre ses collègues du panel que les femmes méritent de pouvoir évoluer à ce niveau.

« À l'époque où je [travaillais avec] World Rugby, j'ai travaillé avec des arbitres beaucoup plus jeunes que moi et cela ne veut pas dire que mon expérience est supérieure à la leur », ajoute Gabriel.

« Mais en Asie, j'ai probablement plus d'expérience qu'eux et ce sera bien que cela se sache, parce que maintenant vous pouvez voir, dans le monde entier, que cela ne gêne pas qu'une femme arbitre un match d'hommes. 

« Pendant très longtemps en Asie, il était difficile pour les arbitres de le faire, car ils craignaient que nous ne soyons pas suffisamment préparées, que ce soit physiquement ou mentalement, pour jouer au rugby.

« Il serait intéressant de montrer que j'ai eu l'occasion d'arbitrer un match de rugby masculin en Asie. »

Gabriel souhaite aider la prochaine génération d'arbitres féminins à atteindre les sommets, mais elle tient également à souligner qu'elle n'a jamais annoncé officiellement sa retraite.

Citant l'exemple de Nicky Inwood, qui avait 44 ans lorsqu'elle a arbitré la Coupe du Monde de Rugby 2014, Lee dit avoir bon espoir que ses enfants puissent un jour la voir arbitrer un match international.

« J'espère pouvoir viser le XV parce que le sevens, ça peut être plus un défi physique étant donné mon âge », reconnaît la quadragénaire.

« Mais le XV, ça peut être possible d'y arriver. Je ne cherche pas vraiment à forcer les choses, mais j'essaie de faire de mon mieux pour être un modèle pour mes enfants.

« Même si je viens d'avoir un bébé, maman peut toujours revenir pour arbitrer des matchs. C'est ce que j'espère, donc j'essaie de faire de mon mieux et nous verrons si une occasion se présente. »

DES SOUVENIRS HISTORIQUES

Le moment dont Gabriel est le plus fière sur un terrain de rugby reste la victoire 15-10 de l'Australie sur la Nouvelle-Zélande lors de la finale de la RWC Sevens 2009 à Dubaï, qu'elle a arbitrée quatre ans seulement après avoir tenu un sifflet pour la première fois.

Ayant été initiée au rugby à l'âge de 15 ans à l'école, Lee a été encouragée par son club à participer à une formation de la Hong Kong Rugby Football Union (HKRFU) conçue pour dénicher des femmes arbitres en 2005.

Elle a accepté de s'y rendre principalement pour en apprendre davantage sur le rugby et ses règles, mais son plaisir d'arbitrer, associé à la prise de conscience que c'était son meilleur espoir de participer à une Coupe du Monde de Rugby, a fait que deux ans plus tard, elle a arrêté de jouer pour se concentrer sur l'arbitrage.

Deux ans après, Lee a dirigé les équipes au Sevens Stadium alors que la Nouvelle-Zélande et l'Australie disputaient la toute première finale féminine de la RWC Sevens.

« Pour être honnête, je pense que j'ai eu beaucoup de chance », confie Lee. « Mon entraîneur avait déjà autre chose en tête.

« Quand j'ai commencé à me concentrer sur l'arbitrage en 2007, il a vu qu'en 2009, nous avions la première Coupe du Monde de Rugby à Sept féminine.

« Il m'a donc vraiment poussée [mais] il ne me l'a pas dit, donc je n'ai pas vraiment eu de pression sur ce point, et il m'a envoyée sur quelques grands tournois internationaux à Dubaï et à Singapour, des tournois qui sont généralement réservés à nos meilleurs éléments.

« Il m'a envoyée à tous ces tournois et finalement, j'ai été sélectionnée pour participer à la première Coupe du Monde de Rugby à Sept féminine. »

Lee assure qu'elle s'est sentie « reconnaissante » d’avoir été retenue pour la finale sur la base de ses performances lors du tournoi, mais elle admet qu'elle était nerveuse avant le match décisif.

« J'ai eu l'impression que les projecteurs étaient braqués sur moi », sourit-elle aujourd’hui.

« Je n'ai pas le droit à l'erreur parce que je peux ruiner un match par mes décisions, donc je dois vraiment faire de mon mieux. Et, à cette époque, nous n'avions pas d'écran de contrôle, pas de TMO, donc tout reposait sur l'équipe des cinq.

« Ça dépendait vraiment de mon assistant dans l'en-but, de mes assistants sur le terrain, de la façon dont nous coopérions les uns avec les autres. C'était un match serré, en mort subite et celui qui marquait le point en or gagnait le match.

« Donc, jusqu'à mon coup de sifflet final et quand Paddy [O'Brien] est venu me serrer la main pour me féliciter, c'est le moment où j'ai pu me détendre. »

Il n'est pas étonnant que ces moments et l'esprit de camaraderie qui règne au sein d'une équipe d'officiels de match manquent à Gabriel.

C'est pourquoi elle n'a pas abandonné l'espoir de faire un retour sur le terrain du XV. Mais elle est également impatiente de mettre à profit son expérience pour aider les jeunes arbitres asiatiques à s'épanouir sur les plus grandes scènes.

« Je pense que je peux partager mon expérience du sevens et aider les jeunes à s'épanouir », affirme-t-elle.

« Ce serait bien si nous pouvions avoir quelques jeunes arbitres prêts en Asie et que World Rugby puisse les évaluer. Ensuite, ils pourront choisir de participer aux World Séries.

« C'est ce que nous voulons obtenir. Nous voulons toujours voir plus de visages asiatiques dans les Séries. »

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