Sara Cox a fait carrière en brisant les plafonds de verre du rugby, mais même elle a été surprise par l'ampleur de la réaction suscitée par son dernier exploit historique.

Depuis que Sara Cox s'est présentée au Stoop de Twickenham pour devenir la première femme à arbitrer un match de Premiership anglaise, son téléphone n'a pas cessé de sonner.

Brian O'Driscoll, intronisé au World Rugby Hall of Fame, Danielle Waterman, vainqueur de la Coupe du Monde de Rugby, et Danny Cipriani, demi d'ouverture de Bath, figurent parmi les personnes qui lui ont adressé leurs félicitations.

Des messages de soutien sont également arrivés par texto, par courriel et par les réseaux sociaux de la part de parents dont les enfants ont été inspirés par elle-même mais aussi par d'autres femmes arbitres telles que Joy Neville et Hollie Davidson.

« La réaction des gens qui ont envoyé des messages de soutien et des choses comme ça a été fantastique. Honnêtement, je ne m'y attendais pas et je ne pense pas que j'étais préparée à l'ampleur de la réaction qu'il y a eu », explique Sara Cox à World Rugby.

« J'ai reçu des courriels, des SMS, des messages sur les réseaux sociaux, et les gens ont interagi sur mon compte également. Les gens voulaient simplement me féliciter, me soutenir, me souhaiter bonne chance et, honnêtement, je n'aurais jamais pensé que ça aurait suscité autant de réactions. La portée de ce que je fais est de plus en plus grande à chaque fois, et je trouve ça génial. »

Profiter de tout

Sara Cox, qui est devenue en 2016 la première arbitre féminine professionnelle d'Angleterre, a été invitée par ses collègues de la Rugby Football Union à profiter du moment, à savoir apprécier sa performance d’arbitre sur le match entre les Harlequins et les Worcester Warriors le week-end dernier.

« Ce que l’on vit en ce moment dans le monde entier nous rappelle que l’on peut être privé de tellement de choses soudainement, quelle que soit la raison », poursuit Sara Cox. 

« Donc, si vous ne profitez pas de ces moments et si vous n'absorbez pas tout ce que vous pouvez, ces moments peuvent vous échapper et ne plus jamais se reproduire. 

« Et parmi les conseils que j'ai reçus de Wayne Barnes, Luke Pearce, Tom Foley, des gars avec qui je travaille tout le temps, ça a été de vivre le moment à fond et d'absorber ce qui se passait, d'en profiter au maximum, parce que ça ne se reproduira peut-être plus jamais. 

« Je pense que c'est aussi quelque chose que ma famille voulait vivre, qu'elle voulait partager ce moment avec moi. »

Sara a pu fêter l'événement avec sa famille après le match. Elle a d’ailleurs confié que ça avait un moment de grande fierté pour sa mère, qui l'avait aidée à gravir les échelons mais qui avait manqué ses débuts en Premiership en tant qu'arbitre assistante.

Samedi dernier, Sara Cox était également reconnaissante du soutien de ses arbitres assistants, Jack Makepeace et Rob Warburton, ainsi que de l'arbitre vidéo Stuart Terheege, qui, selon elle, l'ont aidée à relâcher la pression dans les moments qui ont précédé le coup d'envoi.

Bien que la joueuse de 31 ans insiste sur le fait qu'elle était pleinement concentrée sur l'exécution de son plan de jeu et qu'elle n'était qu'un « rouage dans une grande machinerie », sa performance durant le match a été largement saluée.

Le demi de mêlée des Harlequins Danny Care a notamment été l'un des nombreux joueurs à émettre des commentaires positifs au sujet de sa prestation. Sur le podcast BBC Radio 5Live Rugby Union Weekly, il a indiqué que « plus elle fera de matchs, meilleure sera la Premiership ».

« C'est incroyable de recevoir cela de quelqu'un comme Danny Care. Mais je dois vite me remettre au travail et m'assurer que je fais le job, de sorte que la prochaine fois qu'il me voit, je me sois améliorée sur certains points que je dois améliorer », précise Sara Cox. 

« Il serait dommage de refaire exactement le même match sans rien changer, alors que ce n'était pas tout à fait correct ou que certaines choses n'auraient jamais dû avoir lieu. 

« Je pense qu'il est nécessaire de prendre tout ça en compte, mais en même temps, je dois m'assurer que je suis clair dans ma tête sur la façon dont je dois progresser en tant qu'arbitre pour que ce genre de choses puisse encore se réaliser. »

Maintenir l'élan

Ce parcours se poursuivra dimanche, lorsque Sara Cox prendra en charge le match du championnat anglais entre les Cornish Pirates et Ealing Trailfinders.

Elle espère mettre en pratique les leçons apprises au Stoop lorsqu'elle se présentera au Mennaye Field et, du point de vue du rugby, elle est déterminée à ne pas mettre la charrue avant les bœufs.

En juillet, Sara a mis un terme à sa carrière d'arbitre internationale de rugby à sept après avoir arbitré le match de la médaille d'or féminine aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 entre la Nouvelle-Zélande et la France.

L'année prochaine pourrait être chargée avec la Coupe du Monde de Rugby 2021 qui se jouera en Nouvelle-Zélande, mais comme les désignations échappent à son contrôle, Sara se concentre pour le moment uniquement sur ses progrès plutôt que sur de nouveaux objectifs.

« En fait, nous passons par un processus de sélection tout comme le ferait n'importe quelle joueuse et je dois donc faire confiance aux personnes qui procèdent à cette sélection », dit-elle. 

« Ce que je dois faire, c'est me préparer de la meilleure façon possible pour me mettre en avant et me rendre prête et disponible. Ça ne sert à rien de viser quelque chose qui n'est peut-être même pas réaliste.

« J'adorerais participer à la RWC 2021, mais encore une fois, cela ne dépend pas de moi. Je veux continuer à acquérir de l'expérience et à développer mes compétences, devenir une meilleure arbitre et le rester. 

« Donc, ce qui se passe entre maintenant et le moment où ils nous communiqueront cette sélection, je veux continuer à me perfectionner et je veux poursuivre ce parcours et garder cet élan. »

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