A l'approche de son quarantième anniversaire, Zelda Freitag a décidé qu'il était temps pour elle de consacrer plus d'énergie à l'une de ses grandes passions, le rugby.

Enfant, en Afrique du Sud, Zelda Freitag était tombée amoureuse de ce sport en regardant les matchs provinciaux tout comme son père et son grand-père, mais les occasions de jouer ne se présentaient pas.

Son enthousiasme pour le rugby n'a cependant jamais faibli et, après avoir vu ses fils jouer, elle a commencé à chercher des moyens de s'impliquer elle aussi.

« Quand vous avez 40 ans, c'est presque comme si vous sentiez que vous deviez commencer à faire ce que vous aviez vraiment envie de faire de votre vie », explique Zelda Freitag à World Rugby.

« C'est à ce moment-là que j'ai décidé que c'était vraiment ce dans quoi je voulais m’investir. »

MAÎTRISER SES NERFS

Estimant qu'elle était trop âgée pour jouer ou arbitrer, Zelda Freitag a décidé que l'entraînement serait sa meilleure voie pour revenir au rugby.

Elle a commencé à se renseigner sur les règles du jeu, à assister à des séances d'entraînement, à parler aux personnes concernées et à passer autant de temps sur YouTube que son travail dans l'industrie du charbon et ses obligations familiales à Emalahleni le lui permettaient.

C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée au Witbank Rugby Club un mardi soir de 2018, après avoir planifié une séance de préparation physique pour plus de 50 joueurs seniors masculins.

Zelda admet qu'elle a été prise de vertige lorsqu'elle s'est adressée aux joueurs pour la première fois, et qu'elle a regardé avec une certaine crainte le sifflet sortir de sa bouche sans produire le moindre son, alors qu'elle tentait de signaler que l'entraînement avait commencé.

« Mes lèvres tremblantes et ma bouche sèche ont contribué à 100 % au moment le plus embarrassant de ma vie », rigole-t-elle aujourd’hui.

Cependant, avec le soutien de ses collègues du staff d'entraîneurs et des joueurs du club, Zelda a surmonté cette première appréhension et est désormais l'entraîneure principale de la troisième équipe de Witbank.

« Il y a encore des jours où je me sens extrêmement nerveuse à mesure que ma carrière dans le rugby et mon parcours progressent et que je suis confrontée à de nouveaux défis », reconnaît-elle.

« Mais la seule chose qui m'a aidée à surmonter ma nervosité, c'est d'être présente à chaque fois. A tous les entraînements, à tous les matchs à domicile.

« Lorsque je reçois un appel téléphonique d'un joueur, je suis toujours là, j’arrive. Je suis là pour eux, je fais en sorte de m'impliquer et cela m'aide vraiment.

« Mais, d'un point de vue personnel, je me motive et je me dis que j'ai fait les efforts nécessaires, que je me suis engagée envers les joueurs et le club. Mes intentions sont pures, je peux faire des erreurs.

« Au bout du compte, j'ai le droit d'être là au même titre que les autres, comme tous les autres entraîneurs. Je le fais, et je fournis les mêmes efforts et la même énergie pour être là.

« Donc, cela m'aide aussi dans mon propre état d'esprit, pour simplement aller vers moi-même et dire : "J'ai ma place là-bas, je dois être là et j'apporte de la valeur ajoutée". »

INSPIRER LES AUTRES

Zelda Freitag passera à l'étape suivante de son parcours d'entraîneure en novembre, lorsqu'elle commencera sa qualification de niveau 2. Elle a l'ambition de devenir une entraîneure à plein temps au niveau provincial.

Elle tient d’ailleurs à partager son histoire dans l'espoir d'encourager d'autres femmes à s'impliquer dans le rugby en dehors du terrain et sur le terrain. « Si je peux le faire, d'autres femmes peuvent le faire aussi », soutient-elle.

« Je suis prête à tout pour participer au renforcement de la présence des femmes dans le rugby, et j'entends par là l'administration, l'arbitrage, l'entraînement et le jeu.

« Pour moi, ce qui est important pour les femmes, c'est d'être soutenues par un réseau afin d'avoir quelqu'un à qui parler de leurs difficultés. Cela crée également une situation dans laquelle les femmes peuvent voir qu'il existe un soutien et des opportunités. »

Et Zelda d’ajouter : « Plus nous commencerons à communiquer et à promouvoir les opportunités qu'offre le rugby [mieux ce sera], parce qu'aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il y a beaucoup de femmes comme moi qui adorent le rugby et qui attendent les matchs avec impatience.

« Je pense donc que s'il y a un moyen pour les femmes de se lancer dans le rugby, cela changera la donne. »

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