La longue route vers Nairobi pourrait n'être qu'une brève escale dans le voyage de la Colombie vers la Nouvelle-Zélande, mais elle est cruciale. Las Tucanes joueront contre les Lionnes du Kenya mercredi 25 août au Nyayo National Stadium de Nairobi.

C'est la première fois que l'équipe féminine à XV de Colombie se déplace à l'étranger - le voyage vers la capitale kényane a fait escale à Panama et Istanbul avant d’arriver - et l'enjeu est énorme : le vainqueur de ce match unique participera au tournoi final de qualification qui déterminera la dernière équipe qualifiée pour la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui aura lieu en 2022.

Ce voyage historique apportera une grande expérience à une équipe qui a joué pour la première fois au rugby international en 2003, contre le Venezuela, et qui n'a rejoué à XV que deux fois, à chaque fois contre le Brésil en 2019, puis 2020. C’est la deuxième de ces deux rencontres, en 2020, qui leur a permis de décrocher ce billet pour jouer contre le Kenya la même année. Mais en raison de la pandémie de Covid-19, le match a dû être reporté à ce mois-ci.

L'entraîneur Raúl Vesga Mujica ne sait pas à quoi s'attendre.

« Nous avons une vague idée de ce que sera le Kenya, mais nous nous sommes préparés du mieux que nous pouvions », a-t-il déclaré. « Au vu du classement, nous pensons que c'est possible. » Le Kenya se trouve en effet actuellement à la 25e place mondiale et las Tucanes cinq places derrière.

Raúl Vesga Mujica reconnaît toutefois que « les Lionnes ont plus d'expérience que nous en ce qui concerne le jeu à XV, mais lors de notre préparation intense avant ce voyage, nous avons participé à quelques matchs de préparation avec des équipes masculines. »

Les Lionnes se trouvaient récemment à Stellenbosch pour jouer contre les Springboks féminines. Après avoir perdu 66-0 lors du premier test, elles ont tiré de nombreux enseignements pour le match retour, qu'elles n'ont perdu que 29-22, après avoir mené 22-17 à 10 minutes de la fin.

Une grosse préparation

Le soutien de World Rugby a permis à la Fédération colombienne de faire venir 32 joueuses de Cali, de Bucamaranga, de la côte et de Bogota à un stage de trois semaines à Medellin, au centre national du rugby.

« Cette phase nous a permis de travailler notre condition physique et de jouer des matchs contre des équipes de garçons U18. Nous avons ensuite sélectionné les 26 joueuses qui ont fait le voyage », explique Vesga Mujica, ancien entraîneur de l’équipe nationale masculine.

Au Kenya, il disposera d’une bonne matière grise du rugby à portée de main, avec l'ancien capitaine des Tucanes Sebastián Mejía Gil et les anciens internationaux Andrés Quintero, Solangie Delgado et Lisette Martínez comme entraîneurs adjoints.

« Depuis nos deux derniers matchs contre le Brésil, nous avons beaucoup évolué. Sebastián a introduit certaines des techniques utilisées par notre équipe professionnelle masculine ; son épouse Solangie, en tant qu'ancienne athlète olympique, comprend parfaitement le rugby féminin ; Andrés se concentre sur les schémas de jeu et Lisette a dirigé le programme à sept qui a conduit les filles aux Jeux olympiques de la jeunesse. »

Quatre d'entre elles ont joué à Buenos Aires il y a trois ans - Valentina Tapias, Laura Mejía Diosa, l’innarrêtable Leidy Soto et Valeria Muñoz - tandis que quatre athlètes olympiques à part entière ont participé à Rio 2016, à savoir l'ancienne membre du Conseil de World Rugby Alejandra Betancur, Isabel Romero, Camila Lopera et la capitaine de l'équipe Nicole Acevedo.

Avec des centres de formation régionaux disséminés dans tout le pays, le maillage a permis aux meilleures joueuses colombiennes - à l'exception de quelques blessées - de progresser à grands pas vers la Nouvelle-Zélande.

« Notre objectif », assure Vesga Mujica, « est d'être fidèle à notre plan de jeu et si nous y parvenons, nous serons en mesure de remporter le match. Pour cela, nous avons besoin de discipline. L'objectif de la Fédération est de participer à la Coupe du Monde de Rugby au-delà de 2021, mais si nous y parvenons dès maintenant, nous en serons très satisfaits.

« Le Kenya sera une équipe forte avec des joueuses rapides, comme nous l'avons vu à Tokyo. Notre plan de jeu tiendra compte de ce que nous avons vu d’elles. »

Autant ce sera la première fois que ces deux équipes s'affronteront, autant cela représente le troisième adversaire international pour la Colombie.

« Ce sera une grande opportunité pour acquérir de l'expérience à XV en dehors de la région. L'expérience nous fera grandir », conclut Vesga Mujica.

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