Deux semaines après que l'équipe masculine de rugby à sept ait remporté la toute première médaille olympique du pays, l'or à Rio 2016, les joueurs ont eu droit à un retour triomphal au pays.

Des milliers de fans se sont massés dans les rues en agitant des drapeaux alors que l'équipe se rendait depuis l'aéroport de Nadi jusqu’au Prince Charles Park, situé à environ neuf kilomètres de là.

Ils étaient encore plus nombreux à se presser dans le stade, où les joueurs et le staff des Fidji ont entamé un tour d'honneur inouï. « Nous savions que ça allait être fou », se souvient le capitaine Osea Kolinisau. « Mais on ne s’attendait pas à ce que ce soit aussi fou que ça ! »

Gareth Baber a regardé ces scènes de liesse depuis Hongkong, où il était entraîneur à l'époque. L'importance de ces célébrations n'a pas échappé à l'homme qui a un peu plus tard remplacé Ben Ryan comme entraîneur de l'équipe dans le sillage de leur succès olympique.

« Aux Fidji, il y a une énorme pression, c'est un quelque chose d’entendu », explique Gareth Baber. « On me l'a rappelé tous les jours au cours des cinq dernières années. Vous savez exactement ce qu'on attend de vous dans le pays.

« Même si vous participez au HSBC World Rugby Sevens Series et à d'autres compétitions, on attend toujours de vous que vous alliez au front et que vous gagnez l'or.

« Je sais pertinemment que c’est le but que je dois atteindre. Les joueurs en sont pleinement conscients aussi, ils ont grandi aux Fidji, ils savent exactement ce que les médias vont couvrir et où se porte l'attention. Et ils n’ont pas le droit de s’écarter de ce but. »

« Savoir où nous en sommes »

Bien que les Fidji n'aient disputé qu'un seul tournoi international compétitif au cours des 17 derniers mois, en raison des restrictions imposées par le Covid-19, les résultats récents laissent penser que Baber et les Fidji auront les ressources pour faire le job à Tokyo.

Le mois dernier, les champions olympiques ont affronté l'Australie, la Nouvelle-Zélande et une équipe représentative de l'Océanie lors de l'Oceania Sevens à Townsville, et ont remporté six matchs sur six.

« Le plus grand défi pour toutes nos équipes est de savoir où nous en sommes. Parce qu'en fin de compte, si vous jouez dans un championnat ou sur un circuit ou quoi que ce soit d'autre dans le sport, vous commencez à savoir exactement comment ça se passe, ce qu’il faut faire et vous prenez le rythme avec la façon dont vous jouez », explique le coach.

« En tant qu'entraîneur, vous êtes en mesure de réfléchir à la façon dont vous avez joué et de faire progresser le groupe, mais ce n'est pas toujours possible. Aux Fidji, nous n'avons pas eu de mécanisme type pour que les joueurs développent leur jeu et pour que nous développions notre culture. Nous avons donc dû faire beaucoup d'efforts dans ce domaine.

« Le tournoi d'Océanie nous a donné l'occasion d'examiner de près tous les aspects qui contribuent à la performance d'un point de vue individuel, mais aussi d'un point de vue collectif.

« Et, vous savez, nous étions peut-être robustes, nous étions peut-être forts, mais nous n'avons pas été excellents dans tous les matchs et il y a des aspects de notre jeu sur lesquels nous devons continuer à travailler.

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« Mais ce dont je me réjouis, c'est qu'au vu de notre forme physique et de l'intensité que nous avons apportée, de notre puissance, de notre niveau d'habileté, des aspects du jeu que nous nous sommes attachés à développer au cours des trois ou quatre derniers mois et de la qualité que nous voyons maintenant en eux, je suis heureux qu'ils se soient montrés à la hauteur dans le cadre de cette compétition internationale.

« Il y avait aussi de jeunes joueurs, dont c'était la première fois qu'ils étaient testés à ce niveau, et en fin de compte, cela vous donne une sorte de ligne directrice pour quand vous faites vos sélections. »

TRANSFORMER LA difficulté EN MOTIVATION

Les restrictions imposées par le Covid-19 aux Fidji aura eu pour conséquence que lorsque l'équipe rentrera chez elle à la fin de Tokyo 2020, elle aura été éloignée de ses amis et de sa famille pendant 19 semaines.

L'équipe a également dû subir une quarantaine de deux semaines avant l'Oceania Sevens, et a été confinée pendant plusieurs jours à Townsville après le tournoi.

Gareth Baber a tenté d'utiliser les difficultés liées à la pandémie comme source de motivation pour les Jeux olympiques, mais admet que cette période a été la plus difficile de sa carrière d'entraîneur.

« C'est probablement la chose la plus difficile que j'aie jamais faite », admet-il. « Quelle que soit la perception qu'on en a à l'étranger, l'attente et la concentration de ces garçons sont incroyables.

« Ce sont de jeunes gens qui n'ont pas joué au rugby professionnel pendant une longue période et on attend d'eux qu'ils aillent gagner pour leur pays.

« Intégrer le fait qu’ils ne peuvent pas retourner voir leur famille, et qu'en raison de la propagation du Covid aux Fidji, ils vont devoir quitter le pays sans avoir dit au revoir à leur famille a été particulièrement difficile.

« En tant que staff, vous devez pouvoir trouver les moyens de développer et d’accroître la résilience du groupe en fonction de tout ça. Il faut pouvoir utiliser ces événements de manière pertinente et objective en prenant en compte les sacrifices et la douleur que les joueurs endurent.

« Tout cela doit se transformer en motivation pour ce qu'ils doivent faire et pour atteindre le niveau qu'ils sont censés atteindre à la fin du mois de juillet. »

Tout simplement, célébrer

Les célébrations seront probablement plus discrètes si les Fidji rentrent au pays avec une nouvelle médaille d'or au début du mois d’août.

Mais, après une période difficile due à la pandémie, Gareth Baber estime qu'un succès olympique à Tokyo ne serait pas moins important qu'à Rio il y a cinq ans.

« Les choses sont difficiles là-bas en ce moment, et l'identité nationale, la fierté nationale est intrinsèquement liée à la capacité de surpasser leurs grands frères de Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Afrique du Sud, ces équipes auxquelles nous nous mesurons.

« Dans ce format, le rugby à sept, nous avons montré à maintes reprises que nous pouvions rivaliser. Et comme je l'ai dit, c'est une source de fierté nationale. Il est tellement lié à la culture fidjienne, à l'histoire et à la tradition du rugby à sept dans le monde entier. J'ai connu les victoires sur le circuit mondial, dans des tournois internationaux, mais je n'ai jamais participé aux Jeux olympiques.

« Et pour le pays, j’aimerais simplement qu'il y ait une grande fête. Je pense que les joueurs et le staff des Fidji le méritent. Je sais qu'on ne va pas nous donner la victoire, mais ce sera un énorme soulagement pour le pays si on y parvient. »

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