Les joueuses de Papouasie-Nouvelle-Guinée arriveront à Monaco en juin avec l’intention d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire des Jeux olympiques du pays.

Depuis ses débuts olympiques en 1976, un an après son indépendance, la nation insulaire du Pacifique a envoyé des équipes à tous les Jeux d'été, à l'exception de Moscou en 1980. Pour autant, ce serait la toute première fois qu’elle participerait à un sport d’équipe.

La seule discipline en équipe à laquelle la Papouasie-Nouvelle-Guinée ait participé, c’était le relais 4x400m masculin, dans lequel elle a concouru à la fois à Barcelone en 1992 et à Atlanta en 1996.

Cependant, les choses seraient différentes à Tokyo 2020 si la PNG obtenait l’une des deux places restantes pour le tournoi féminin de rugby à 7 qui seront attribuées à l’issue du tournoi de qualification olympique qui se déroulera à Monaco du 19 au 20 juin.

« Ce serait vraiment important pour nous, non seulement pour le sport féminin, mais pour le pays dans son ensemble », soutient la capitaine de PNG Kymlie Rapilla à World Rugby.

« Pour la première fois, on aura la possibilité de concourir pour un sport d’équipe et en plus avec une équipe féminine. Ce serait quelque chose d’énorme pour nous, pour le rugby en PNG et pour le sport en PNG. »

Une préparation compliquée

La Papouasie Nouvelle Guinée est l'une des trois équipes féminines parmi les têtes de série pour le repêchage et concourra aux côtés du Kazakhstan, de la Jamaïque et de la Tunisie lors de la phase de poule à Monaco.

La préparation de l'équipe, cependant, a été gravement affectée par les restrictions imposées par le Covid-19. L'entraîneur Paul Tietjens a ainsi passé la pandémie chez lui dans la baie de l'Abondance en Nouvelle-Zélande.

Tietjens, qui n’est autre que le fils de l'entraîneur Gordon Tietjens, légende du Sevens et membre du World Rugby Hall of Fame, est régulièrement resté en contact avec l'équipe via Zoom, WhatsApp et par e-mail. Mais il n’a plus entraîné ses filles en présentiel depuis février 2020.

Kymlie Rapilla et ses coéquipiers, quant à elles, n'ont pu reprendre l'entraînement que récemment alors que le pays sort d’une période de confinement.

« Ça rend les choses extrêmement difficiles », reconnait Paul Tietjens. « C’est impossible de pousser les filles au maximum, de leur transmettre les consignes de vive voix, de discuter avec elles et d’échanger avec votre staff lorsque vous n’êtes pas là-bas avec tout le monde à Port Moresby.

« Mais en même temps, je suis convaincu qu’elles travaillent bien sous la direction de mon staff là-bas. Ça reste quand même compliqué parce que nous n'avons pas pu jouer de tournois ou de matchs de préparation au cours des 12 derniers mois.

« Je sais que les filles ont joué en club de manière sporadique, mais à part ça, ce qu'elles peuvent faire est très limité, à part s'entraîner dans leur groupe de 18 que nous avons basée à Port Moresby pour le moment. »

« Ça a vraiment été difficile, mais on y est arrivé », soupire Kymlie Rapilla. « Nos préparateurs physiques sont basés ici en PNG. Ils sont venus nous aider pendant notre entraînement, sur le terrain et en salle de sport.

« Paul Tietjens suit nos entraînements et nous le tenons toujours au courant. »

Poursuivre le rêve olympique

Actuellement, l'équipe s'entraîne régulièrement à raison de deux fois par jour les lundis, mercredis et vendredis, afin de s'assurer que les joueuses arriveront à Monaco dans les meilleures conditions possibles.

Mais en raison des restrictions liées à la crise sanitaire et des mesures de quarantaine, il est peu probable que Tietjens s'associe à ses joueuses avant leur arrivée en Europe.

Il est fort à parier qu’elles soient même obligées de commencer leur préparation elles-mêmes dans la Principauté. Pour cela, Paul Tietjens a pu faire appel aux conseils d’un expert pour savoir comment aborder au mieux ce moment avant le tournoi.

« J'ai eu de grandes discussions avec Gordon », raconte Tietjens junior. « J'ai évidemment parlé des défis auxquels nous serons confrontés, en particulier avec les restrictions, de ne pas pouvoir s'entraîner, de la nécessité de voyager et jouer dans des tournois internationaux pour se confronter au plus haut niveau.

« Mais fondamentalement, quand nous arriverons à Monaco, nous devrons d'abord nous assurer que les filles soient physiquement et mentalement prêtes à commencer à s'entraîner car le vol aura été très long et il faudra gérer le décalage horaire.

« Nous aurons besoin, disons, d’environ trois bonnes journées d'entraînement de qualité en tant qu'équipe pour nous remettre à niveau et pour revoir nos plans de jeu avant d’envisager la suite.

« Il m’a donné quelques bons conseils car il a déjà vécu des situations similaires. Si nous pouvons nous retrouver dans de bonnes conditions à Monaco et caler trois ou quatre bonnes séances d’entraînement avant de commencer, c'est tout ce que le staff demande. »

Compte tenu des événements des 15 derniers mois, quelle serait l'ampleur de la réussite pour la PNG de réserver sa place à Tokyo 2020 ?

« Ce serait absolument génial non seulement pour le rugby en Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi pour la nation dans son ensemble », insiste Paul Tietjens.

« Ce serait une première et cela créerait évidemment un marqueur dans l’histoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ça voudrait dire beaucoup et même plus que ça puisque nous avons traversé des moments difficiles et des circonstances difficiles. »

Pour la capitaine, une qualification à Tokyo « serait énorme, ce serait un rêve qui se réalise. La plupart des filles de cette équipe sont toutes assez jeunes.

« C’est le rêve de tout le monde de concourir au niveau olympique, donc ce serait vraiment bien pour nous. »

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