L'entraîneur du Kenya, Paul Odera, entend se baser sur un ensemble de valeurs fondamentales qui, espère-t-il, aideront l'équipe à se qualifier pour sa première Coupe du Monde de Rugby.

En avril 2021, Paul Odera a fait le premier pas sur la longue route qui pourrait conduire les Simbas en France en nommant un groupe élargi de 102 hommes avec un objectif : réussir la qualification pour la RWC 2023 qui se jouera en juillet 2021.

Les restrictions imposées par le Covid-19 obligent les joueurs à se rencontrer d’abord de manière virtuelle. Mais une fois que le groupe sera amené à 50, puis 30 joueurs, un stage de préparation sera organisé au mois de juin à Stellenbosch, en Afrique du Sud.

Paul Odera a établi une feuille de route précise et ambitieuse qu’il a partagée avec les joueurs dans le but, dit-il, de « transformer notre pays et le rugby par le leadership et notre identité ; d’inspirer la fierté et l’amour du peuple kényan ».

L'ancien entraîneur des U20 du Kenya a également soumis à l'équipe un ensemble de valeurs fondamentales - protection, respect, honnêteté, persévérance, leadership et esprit conquérant - qui, selon lui, peut aider les Simbas dans leur quête pour se qualifier pour France 2023.

« Participer à la Coupe du Monde de Rugby en France va au-delà du rugby pour nous », confie Paul Odera à World Rugby.

« Dans notre esprit, il s'agit de rassembler le pays, d’unir toutes les sensibilités et les ethnies, toutes les tribus, de rassembler ces groupes sociaux disparates et pour que le pays commence à croire en ses hommes.

« Ce qui me motive, c'est ma passion et cette passion, c'est ce que j'essaie d’inculquer à mes joueurs, à mon staff, au sein de la Kenya Rugby Union en tant qu'organisation. C’est ce qui va nous permettre de faire évoluer ce pays grâce au rugby. Nous allons réussir sur le terrain et nous allons réussir en dehors du terrain. »

Eviter les peaux de banane

Les Simbas devraient accueillir le Sénégal et la Zambie à Nairobi en juillet prochain dans la poule B du deuxième tour des qualifications africaines pour la RWC 2023.

Le Kenya a déjà remporté ses deux précédentes rencontres avec le Sénégal, et sa seule défaite face à la Zambie remonte à 41 ans.

Cependant, les Simbas n'ont plus disputé de test-match depuis leur victoire en Victoria Cup contre le Zimbabwe en septembre 2019. De plus, le championnat national a été suspendu en mars en raison de la pandémie.

Et, bien que deux des trois équipes poursuivront leur route pour un troisième tour, Paul Odera ne cache pas qu'un manque d'entraînement et de préparation physique pourraient coûter cher à ses joueurs.

« Ces deux équipes, ce sont vraiment des peaux de banane », relève-t-il. « La plupart des joueurs de l'équipe zambienne est dans l'armée et donc, lorsqu’ils se trouvent en caserne, ils ont de quoi s’entraîner. Le Sénégal quant à lui sélectionne parfois des joueurs francophones, des joueurs qui jouent en France, en deuxième ou troisième division ; je ne sais pas s’il y en a dans l’élite. Mais ils sont nombreux à partir jouer en Europe. 

« Nous, on n’a pas la chance de s’entraîner, donc, oui, généralement, ce sont des équipes que nous battons confortablement, mais là ça m’inquiète de savoir qu’on sera moins bien préparés qu’eux. »

L’inspiration des U20

Le Kenya n’a jamais été aussi proche de se qualifier à une Coupe du Monde de Rugby qu’il y a trois ans lorsque l’équipe a participé au tournoi de repêchage de la RWC 2019 à Marseille en tant que Afrique 2.

Une expérience sur laquelle le staff veut se baser pour progresser, les Simbas ayant perdu chacun de leurs trois matchs contre le Canada, Hongkong et l’Allemagne.

Odera sait à quel point il est difficile de sortir du repêchage, d’où son ambition d’éviter d’être obligé d’y repasser pour se qualifier pour France 2023, en sortant du processus de qualification en tant que Afrique 1.

Profitant de la victoire des U20 du Kenya contre la Namibie pour se qualifier pour le World Rugby U20 Trophy 2019, Odera pense que les Simbas peuvent faire de même s'ils s’améliorent dans certains secteurs de jeu comme la touche, le jeu au pied et les plaquages.

« Lorsque nous avons battu la Namibie avec les moins de 20 ans, nous sommes passés de 38% à 43/44% en termes de précision », explique Paul Odera.

« Ça montre qu’il y a du potentiel au Kenya, que même avec un taux de précision de 44/45%, on est capable de battre une équipe comme la Namibie qui affiche entre 70 et 75%!

« Donc, franchement nous avons des chances de nous qualifier si on parvient à monter de 38% à 50%. 

« Il n’y aurait pas de mots pour décrire ce que j’éprouverais si on arrivait à se qualifier pour France 2023. Mais ma plus grande fierté serait que le monde porte un regard positif sur le Kenya et c’est le rugby qui peut y parvenir. »

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