L'ancienne Black Fern Vania Wolfgramm s’attache à dénicher les talents et à développer les compétences de la prochaine génération d'entraîneures, d'officielles de match et d'administratrices grâce au programme Ako Wāhine.

En tant que responsable du Développement du rugby féminin à New Zealand Rugby, Vania Wolfgramm a comme ambition de donner plus de moyens aux femmes pour qu’elles s’investissent encore plus dans le rugby amateur à travers le pays, qu'elles bénéficient ou non déjà d’une expérience dans le rugby.

Pour cela, elle a suivi le programme de formation World Rugby Educator et l'a adapté pour qu’il s’adresse spécifiquement aux femmes.

En octobre 2020, 16 d’entre elles se sont inscrites à la première session d’Ako Wāhine. Et début avril, les mêmes ont été invitées à un retour à laquelle ont également participé la directrice générale de World Rugby en charge du rugby féminin, Katie Sadleir, et la directrice du tournoi de la Coupe du Monde de Rugby 2021, Michelle Hooper.

Des plans sont déjà en place pour poursuivre le déploiement du programme, avec trois sessions d’Ako Wāhine en région qui coïncideront avec la Farah Palmer Cup de cette année.

« Nous avons pris le même concept et nous l'avons modelé pour qu’il s’adresse spécifiquement aux femmes », explique Vania Wolfgramm à World Rugby.

« Selon moi, il ne fallait pas que ça s’adresse uniquement aux entraîneures. J'ai suivi des cours très spécifiques réservés aux entraîneurs dans le rugby féminin, mais je pense que nous devons vraiment développer ce type d’opportunités en l’étendant à différentes missions que pourraient remplir les femmes, ce qui n’est pas vraiment le cas aujourd’hui.

« C’est pourquoi il faut prendre en compte les entraîneures, mais aussi les administratrices, les managers et les arbitres. Pour cela, nous avons considéré les choses de manière plus large et nous avons invité plus de monde travaillant dans d’autres domaines à participer.

« Si nous prenons un peu de recul, je pense qu’il faut se dire que si nous parvenons à ouvrir la porte aux femmes et qu'elles réussissent, et que ces environnements sont mis en place pour elles, alors elles seront plus à l’aise pour s’exprimer devant les autres et alors nous serions en mesure de leur proposer une formation de perfectionnement autour de leurs nouvelles missions. »

Gagner en confiance

Sur les 16 femmes qui ont suivi la formation Ako Wāhine Rugby Educator en octobre, trois ont déjà poursuivi dans une carrière dans l'administration ; l’une d’entre elles a d’ailleurs été nommée au conseil d'administration de North Harbour Rugby.

Vania Wolfgramm souligne également l’investissement des participantes qui ont utilisé cette formation pour renforcer leur confiance en elles, ont surmonté leur nervosité et leur anxiété pour arriver à un point où elles se sentent maintenant suffisamment à l'aise pour s’exprimer devant les autres.

« Nous avons eu l'ancien entraîneur des Waikato Women, Wayne Maxwell », se souvient Vania Wolfgramm. « Il est venu pour livrer ses remarques et ses réflexions, juste pour confirmer ce besoin.

« Il a évoqué quelques femmes qui participaient au programme et qui, en octobre, ne se sentaient pas capables de parler en public. A ce moment-là, on ne pouvait simplement pas les amener à poser des questions ; c’était trop difficile.

« Et six mois plus tard, leurs remarques et leurs questions étaient tout simplement excellentes. Certaines ont su vaincre leur timidité. »

Le programme « Tight Five »

Constatant que certaines femmes se sentaient encore intimidées en pénétrant dans ce qui reste un monde dominé par les hommes, Vania Wolfgramm a également travaillé sur un projet qui, espère-t-elle, mettra les joueuses, les entraîneures et les éducatrices plus à l'aise.

Le programme Tight Five (relatif aux considérations féminines) est une sorte de check-list que les formatrices et d'autres peuvent utiliser pour s'assurer que toutes les personnes inscrites à une session ou qui travaillant pour une organisation se sentent à l'aise. Cela implique peut-être d’arriver ensemble, d’utiliser des toilettes réservées et propres…

« D'un point de vue féminin, j'essayais de faire comprendre à nos équipes, ou de les amener à réfléchir au fait que dans le cas où on organise un atelier auquel se pointent quatre filles, qui se retrouvent un peu seules dans une salle où il y a vingt mecs, a-t-on pensé à comment vont réagir X, Y ou Z ?

« Je me rends compte que certaines des choses que je trouve tout à fait normales ou très simples ne font pas tilt dans l’esprit de certains hommes. C’est un fait. Alors, j'ai juste proposé un brainstorming en commun, je suis allée consulter tout le monde, hommes et femmes, autour de ces sujets-là. »

Vania Wolfgramm et son équipe mettent actuellement la touche finale à la campagne, qui, espère-t-elle, deviendra une extension des formations à l'avenir.

« Nous sommes les gardiennes du rugby féminin et nous voulons faire les choses dans l’ordre. Si ça tient au moins cinq ans, alors ce sera déjà bien. »

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