L’Angleterre a remporté un troisième titre consécutif au Tournoi des Six Nations féminin après une victoire acharnée contre la France au Twickenham Stoop samedi 24 avril.

La victoire a donné aux Red Roses le droit de distancer les Bleues - pendant au moins six jours - et de rester devant la Nouvelle-Zélande au classement mondial féminin World Rugby.

Mais quelles autres leçons avons-nous apprises au cours de ces trois semaines palpitantes ?

L'ANGLETERRE SE BONIFIE SUR LA ROUTE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE

L'équipe d'Angleterre qui se rendra à la Coupe du Monde de Rugby 2021 en Nouvelle-Zélande pourrait bien être un peu différente de celle qui aurait concouru cette année.

Lors de la préparation de la finale du Six Nations contre la France, l’entraîneur Simon Middleton avait salué la performance de sa deuxième et troisième-ligne, en choisissant Poppy Cleall en numéro huit devant la capitaine Sarah Hunter.

Cleall a effectivement produit l'une des meilleures performances du Tournoi, marquant un essai à chacune de ses deux titularisations - y compris lors de la finale - tout en étant présente sur des passes décisives, et les ballons qu’elle a plus portés (41) que toute autre joueuse.

Il se peut que Middleton repositionne Sarah Hunter en deuxième-ligne afin de l’intégrer au pack. Et avec Cath O'Donnell, Abbie Ward, Zoe Aldcroft, Harriett Millar-Mills et Morwenna Talling, la mêlée devrait finalement gagner en puissance.

La concurrence pour les places est un ingrédient essentiel pour toute équipe qui réussit, et c'est également une évidence pour l'Angleterre en dehors de la mêlée.

Avec Leanne Riley en numéro 9, brillante remplaçante de Natasha Hunt (blessée sur ce Tournoi), avec Zoe Harrison, Megan Jones et Lagi Tuima au centre du terrain, mais aussi entre Helena Rowland et Emily Scarratt, Middleton dispose désormais d’une multitude d’options à expérimenter dans l’année qui vient.

Les 3 « B » des Bleues

Quiconque est capable de laisser sur le banc la Joueuse World Rugby de la Décennie Jessy Trémoulière doit être une bonne joueuse. Et Émilie Boulard a prouvé qu’elle l’était ce mois-ci.

Elle s’est littéralement révélée sur son premier Tournoi, débutant chacune de ses trois sélections à l’arrière et marquant un essai dans chacun de ses deux premiers matchs, contre le Pays de Galles et contre l’Irlande.

Mais c'est la menace que représentait Émilie Boulard avec ses deux autres coéquipières plus expérimentées de la ligne de trois-quarts, Cyrielle Banet et Caroline Boujard, qui a vraiment retenu toute l’attention.

Cyrielle Banet a décroché un doublé lors de la défaite de l’Irlande 15-56 et a terminé le Tournoi après avoir parcouru 218 mètres ballon en main, alors qu'elle n'a disputé que deux des trois matchs de son équipe.

Pendant ce temps, Caroline Boujard a réussi un triplé lors de la victoire du week-end d’ouverture contre le Pays de Galles et a enchaîné avec un doublé contre l’Irlande à Dublin. Elle termine meilleure marqueuse d’essais du Tournoi et remporte une nomination pour le Prix de la meilleure joueuse du Tournoi 2021.

On peut être déçu que le trio, empêché d’avancer plus de 169 mètres à elles trois par la défense anglaise, n’ait pas plus brillé au Twickenham Stoop.

Mais la bonne nouvelle est que les trois « B » - Boulard, Boujard, Banet – devraient encore pouvoir se régaler contre l’Angleterre à Lille vendredi 30 avril.

L'IRLANDE POSE UN MARQUEUR SUR LA ROUTE DE LA RWC 2021

La dernière équipe de la zone Europe à se qualifier directement pour la Nouvelle-Zélande en 2021 restant à confirmer, il y avait une chance pour que les équipes en lice puisse marquer psychologiquement les esprits en ce mois d’avril.

L’Italie l’a bien compris le 17 avril lorsque l’équipe d’Andrea Di Giandomenico s’est rendue à Glasgow et a remporté une victoire de 41 à 20 contre l’Écosse.

La capitaine des Azzurre, Manuela Furlan, a ouvert la voie avec un triplé, tandis que Beatrice Rigoni en a ajouté deux, puis un chacun pour Ilaria Arrighetti et Vittoria Ostuni Minuzzi.

Après que leur match pour la troisième place contre l'Irlande ait été déplacé de Parme à Dublin, c’était peut-être trop demandé de réitérer l’exploit, surtout à l’extérieur, sept jours plus tard.

C’est pourtant ce que l’Irlande a fait avec le doublé d'Amee-Leigh Murphy Crowe, lors de la victoire des Irlandaises 25-5 à Energia Park.

Adam Griggs espère bien voir son équipe continuer sur sa lancée sur la route de la Nouvelle-Zélande.

WILKINS, NEUMANN ET LEWIS DONNENT À ABRAHAMS UNE RAISON D'ESPérer

Les défis auxquels est confronté le rugby féminin au Pays de Galles ont été mis en évidence au début du mois d’avril, dès le début du Tournoi des Six Nations féminin, en encaissant 98 points – sans en marquer aucun ! - en deux matchs, contre la France et l’Irlande.

Le nouvel entraîneur Warren Abrahams ne sera pas en mesure de régler tout seul tous les dysfonctionnements, mais il faut reconnaître que la performance de son équipe au Scotstoun lors de la dernière journée a commencé à donner des signes d’espoir pour la suite.

Le Pays de Galles a en effet mené sur l'Écosse 6-5 après 26 minutes de jeu, et malgré le retour des Écossaises juste avant la pause, les Galloises ont refusé de baisser les bras et ont dominé leurs adversaires en seconde période.

Parmi elles, Lisa Neumann a concrétisé quelques minutes après la reprise, avant que Caitlin Lewis ajoute un deuxième essai, habilement transformé par Robyn Wilkins à la fin de la rencontre.

Certes il était trop tard pour éviter la défaite 27-20, mais cela a donné aux Galloises et au staff quelque chose sur quoi bâtir, et une raison de se réjouir à la fin d'une campagne difficile.

« Ce fut un début difficile, mais je pense que la chose la plus importante pour moi et pour le staff est que nous avons appris des leçons incroyables » a confié Warren Abrahams.

« Les filles ont beaucoup de conviction et ont joué avec passion et fierté. Quel que soit le tableau final, il y a de bonnes choses que nous pouvons garder pour acquises. »

Le succès d’un tournoi autonome

L’une des conséquences du report forcé du Tournoi pour cause de pandémie, obligeant à jouer en avril plutôt qu’en février et mars, a été de rendre le Tournoi des Six Nations féminin plus visible.

En l’absence de tests masculins joués en même temps, il y a eu plus de d’espaces de diffusion dédiés aux femmes. En France, la rencontre finale était diffusée sur la chaîne première de France Télévisions (France 2).

Au Royaume-Uni, la finale du Tournoi entre l’Angleterre et la France a été diffusée sur BBC Two. C’était alors la première fois qu’un match féminin des Six Nations était diffusé sur cette chaîne.

L’audience a enregistré une pointe à 600 000 personnes, soit trois fois le nombre qui avait regardé les deux premiers matchs des Red Roses - ou les demi-finales de la Premiership anglaise masculine de la saison dernière.

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